Sécurité routière : une mobilisation d’utilité publique
À l’occasion de la semaine de la sécurité routière au travail, focus sur l’engagement du Département Guadeloupe et de l’association Pédagogie routière Outre-Mer (PROM). Ensemble, ils multiplient les actions communes pour endiguer la spirale des accidents de la route.
- Article en partenariat
- Territoire
Sécurité routière : une mobilisation d’utilité publique
À l’occasion de la semaine de la sécurité routière au travail, focus sur l’engagement du Département Guadeloupe et de l’association Pédagogie routière Outre-Mer (PROM). Ensemble, ils multiplient les actions communes pour endiguer la spirale des accidents de la route.
- Article en partenariat
- Territoire
La sécurité routière n’est pas une compétence directe du Département Guadeloupe. Pourquoi la collectivité a-t-elle décidé de s’impliquer aussi fortement sur ce sujet ?
Jean-Philippe Courtois, premier vice-président du Conseil départemental : Le Département Guadeloupe s’est résolument engagé dans la lutte contre l’insécurité routière. Face aux 54 décès enregistrés en 2024 – chiffre particulièrement dramatique – il est devenu impératif de renforcer nos actions de prévention.
Sous l’impulsion du président Guy Losbar, toutes les équipes départementales ont été mobilisées afin de sensibiliser la population et provoquer une véritable prise de conscience collective. Contrairement aux idées reçues, les accidents de la route touchent toutes les générations et pas seulement les jeunes. Il est essentiel de rappeler à chaque usager, automobilistes, piétons, cyclistes, motards, qu’il peut être en danger s’il ne respecte pas les règles de sécurité.
Pourquoi avoir choisi de vous investir auprès de l’association Pédagogie routière Outre-mer ?
J-P. C. : Le Département s’est tourné vers cette association pour la qualité et l’impact de son travail de terrain. Reconnue pour son expérience, sa capacité à toucher tous les publics et la diversité de ses actions, elle correspond pleinement à la volonté de la collectivité d’agir de manière ciblée et efficace, notamment auprès des jeunes et des familles.
Ce partenariat, officialisé fin 2024, prolonge trois années d’actions communes. Il permet d’agir au cœur des événements grand public, comme dernièrement lors du Karukera One love festival, avec des dispositifs marquants tels que le simulateur de tonneaux, une première en Guadeloupe.
Quelles sont vos actions en commun avec le Département ?
Hendry Mombrun, président de l’association Pédagogie routière Outre-mer : Le Département soutient les Foulées de la Pédagogie routière adultes et enfants, qui mêlent sport, sensibilisation et éducation à la sécurité routière dès le plus jeune âge. Nous collaborons aussi sur des actions liées à la lutte contre la récidive avec le ministère de la Justice avec une approche concrète et adaptée aux réalités locales. Enfin, la collectivité nous accompagne dans la communication ciblée sur des problématiques de sécurité routière clairement définies.
« Il est essentiel de rappeler à chaque usager, automobilistes, piétons, cyclistes, motards, qu’il peut être en danger s’il ne respecte pas les règles de sécurité »
Vous êtes confrontés au terrain au quotidien. Quelles réalités vous motivent à agir ?
H. M. : Au quotidien, ce sont les drames humains qui nous motivent : des vies fauchées trop tôt, des familles endeuillées, et souvent une forme de résignation face à la fatalité. En Guadeloupe, nous faisons face à des enjeux spécifiques : insécurité routière, difficultés d’accès à la mobilité, mais aussi un manque de sensibilisation ciblée. Ce qui nous pousse à agir, c’est la conviction que chacun peut être acteur du changement, à condition d’être bien accompagné.
La campagne Sam, « Celui qui conduit, c’est celui qui ne boit pas », est bien connue au niveau national. Comment se décline l’opération localement ?
J-P. C. : Nous avons lancé la campagne Sam avec une identité locale forte, pour encourager celui qui choisit de ne pas boire et ramener ses proches en sécurité. La démarche s’appuie sur une charte, la distribution de kits d’alcoolémie lors des événements, l’usage d’éthylotests et une large diffusion de messages via l’affichage, les médias et les réseaux sociaux.
L’enjeu est de créer un réflexe collectif, en particulier chez les jeunes, pour faire de la sobriété au volant une norme sociale. Les organisateurs de soirées intègrent désormais des solutions de transport ou diffusent des messages de prévention.
Des chiffres inquiétants
En 2024, la Guadeloupe a comptabilisé 54 morts suite à des accidents de la route (+35 % par rapport à 2023) et 756 blessés, dont 235 graves. La mortalité routière est trois fois supérieure à celle de l’Hexagone (Source : sécurité routière Guadeloupe).
Agir ensemble pour une route plus sûre
Créée en novembre 2023, l’association Pédagogie routière Outre-mer œuvre pour une meilleure prévention des risques routiers via des actions sportives, pédagogiques et citoyennes. Dès son premier événement, Les Foulées de la pédagogie routière, organisées en avril 2024, elle a su rassembler partenaires institutionnels, entreprises et citoyens autour d’une cause commune.
L’association développe aujourd’hui des projets innovants comme le travail d’intérêt général (TIG) à visée pédagogique pour les auteurs d’infractions, la sensibilisation dès le plus jeune âge ou encore des campagnes locales sur des enjeux majeurs comme les airbags défectueux (Takata) ou l’alcool au volant. Forte de ses 38 membres, l’association continue d’avancer et appelle toutes les forces vives à se joindre à elle, car la sécurité routière est l’affaire de tous.
Prochains événements :
Foulées de la pédagogie routière le 18 mai 2025 (course/marche de 5 km sur Jarry/Baie-Mahault) et l’édition Ti Moun le 4 juillet 2025.
Selon vous, qu’est-ce qui doit changer en priorité dans les comportements des usagers sur la route ?
H. M. : Avant tout, renforcer la prise de conscience des risques. Beaucoup de comportements à l’origine des accidents – comme l’usage du téléphone au volant, le non-respect des règles et la consommation excessive d’alcool – relèvent de mauvaises habitudes plus que de véritables transgressions.
Ce que nous prônons, c’est une conduite plus responsable, tournée vers le respect de l’autre et la vigilance partagée. Cela passe par l’éducation, mais aussi par une action continue auprès de tous les publics.
« Ce que nous prônons, c’est une conduite plus responsable, tournée vers le respect de l’autre et la vigilance partagée »
Accident de trajet, fatigue, pressions des délais… La route fait aussi partie du quotidien professionnel. Est-ce que les entreprises prennent suffisamment en compte cet enjeu ?
H. M. : C’est un sujet en progression, mais trop souvent sous-estimé. La route est un lieu de travail pour de nombreux salariés, et les risques sont bien réels. De plus en plus d’entreprises prennent conscience de leur responsabilité, notamment à travers des démarches de prévention ou des plans de mobilité.
De notre côté, nous accompagnons ce mouvement avec des solutions concrètes de covoiturage via l’application Karos afin de contribuer à la décongestion routière, ou encore la mise en place d’ateliers sur l’entretien des pneumatiques avec Bamy Pneus. L’enjeu est autant humain qu’économique.
Quels sont, selon vous, les défis majeurs à relever dans les années à venir ?
J-P. C. : Pour réduire durablement les accidents, il est essentiel de renforcer les campagnes de sensibilisation, notamment dès l’école primaire, afin d’ancrer les bons réflexes chez les plus jeunes. Autre enjeu majeur : améliorer les transports collectifs, surtout en soirée et le week-end pour limiter la dépendance à la voiture. Une réflexion est en cours pour élargir les réseaux, surtout vers le Sud et le Nord Basse-Terre, en combinant acteurs publics et privés.