De la Caraïbe aux couloirs de l’UNESCO, la montagne Pelée et les Pitons du Nord sont dans tous les esprits.

Propos recueillis par Mathieu Rached

La Martinique est en passe de changer de stature en faisant valoir la richesse de son patrimoine auprès de l’UNESCO. La montagne Pelée et les Pitons du Nord sont candidats à la très célèbre liste du Patrimoine Mondial de l’humanité, un club fermé qui ne compte aujourd’hui que 1092 biens dont seulement 4 sites naturels en France. Louis Boutrin, porteur du projet en sa qualité de président du Parc Naturel de Martinique a réuni les Etats de la Caraïbe pour une session de travail. Rencontre en coulisses. 

Quels étaient l’objet et la portée de cette réunion le 25 septembre dernier ?

Louis Boutrin : Nous avons reçu les représentants de la Jamaïque, de la Réunion et des pays de l’Organisation de Etats de la Caraïbe Orientale – OECO (Dominique, Sainte-Lucie, Montserrat, Saint Kitts & Nevis, Grenade, Saint-Vincent et les Grenadines, Antigua, Iles Vierges Britanniques) ; l’occasion de leur présenter notre projet de candidature au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, de bénéficier de leur expérience et aussi, pour certaines îles, de s’inspirer de cette démarche de labellisation internationale.

Ils ont aussi apporté leur soutien à candidature de la Martinique

Absolument ! Avec le classement au Patrimoine Mondial de l’humanité de la montagne Pelée et des Pitons du Nord, c’est plus largement le rayonnement de la Caraïbe qui est en jeu, ce qui mobilise et enthousiasme nos voisins et partenaires. Ils l’ont d’ailleurs traduit par une déclaration commune de leurs ministres de l’Environnement à Montserrat, le 11 Juillet 2018.  

En quoi le site en question est-il
« exceptionnel et universel » ? 

(sourire) La Martinique est la seule zone naturelle des Antilles à présenter une continuité écologique intacte de forêts de 0 à 1400m… C’est-à-dire des espaces naturels d’une exceptionnelle qualité de préservation. La Martinique présente également le niveau d’endémisme le plus élevé des petites Antilles. De telle sorte que les forêts de la montagne Pelée et des Pitons du nord constituent l’une « des 100 zones naturelles irremplaçables du monde » selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

Quel serait l’impact du label UNESCO pour la Martinique ? 

L’intérêt de cette inscription ne se limite pas à une visibilité internationale prestigieuse capable de susciter une augmentation considérable de la fréquentation touristique. Elle augure des perspectives essentielles de préservation, de gestion et de mise en valeur de nos patrimoines culturels et environnementaux, dans une dynamique d’ensemble pour tout un territoire.

Certaines voix émettent des craintes vis-à-vis d’un label qui risquerait de figer les choses et « mettre sous cloche » la zone concernée ? 

Rassurons-les. On ne mettra ni la Martinique, ni la montagne Pelée ni les Pitons sous cloche. (Sourire) Sachez que les zones en question sont déjà encadrées par des mesures de protection règlementaires sur les espaces protégés. Le label Unesco délimiterait simplement trois zones d’interventions avec des développements propres : le cœur du bien, la zone tampon qui compte dix-huit communes qui nous suivent dans notre projet, et le cadre distant qui englobe une portion de l’île d’où on peut voir le « bien ». L’idée de ce label est clairement de protéger en valorisant ce bien naturel universel, patrimoine de tous les Martiniquais et demain peut-être du monde entier.

C’est la dernière ligne droite pour convaincre la France de présenter le dossier de la Martinique à l’UNESCO en Février 2019, quel est votre état d’esprit ? 

Nous avons comme atout que la candidature martiniquaise ait été retenue sur deux critères (géologique et biodiversité) au lieu d’un seul. Nos équipes travaillent sans relâche et notre dossier de huit cents pages est prêt, nous sommes confiants. A l’approche du dépôt du dossier de la Martinique au niveau national, il est également important pour le Parc Naturel de Martinique d’impliquer la population à cette démarche qui s’inscrit pleinement dans le cadre du développement de notre territoire.  En attendant la décision finale en juillet 2020, j’invite tous les Ultramarins à être acteurs, mais aussi ambassadeurs de cette candidature et à se mobiliser autour du hashtag #MartiniqueMerveilleduMonde.