Cela fait quatre ans qu’ils régatent ensemble en canot traditionnel. Mais Stephen Radjouki et Hugo Thelier sont liés par une amitié de plus de quinze ans, née sur les bancs de la compétition en planche à voile.

Cette année, avec le club de voile Cataraïbe, ils organisent le Championnat de Guadeloupe de Voile Tradtionnelle.

Rencontre avec deux jeunes qui ont le vent en poupe.

Propos recueillis par Alice Colmerauer

Comment a changé le milieu de la voile traditionnelle ces dernières années ?

Hugo Thelier

Hugo : Nous l’avons fait évoluer à notre échelle. Nous avons cru au projet de la Classe qui émanait de l’ensemble des patrons (capitaines des équipages de canots de voile traditionnelle).

Ainsi a été créée l’association de Classe des Canots Saintois de Voile Traditionnelle le 1er mai 2017.

Les patrons voulaient reprendre en main la destinée de la voile traditionnelle qui historiquement était menée par le CGVT.

Quels sont les objectifs de la Classe ?

Stephen Radjouki

Stephen : C’est de faire respecter la réglementation sportive et d’augmenter l’attractivité pour le public.

La Classe travaille aussi à la reconnaissance du canot saintois en tant que navire du patrimoine, ce qui démultipliera par la suite le rayonnement de la voile traditionnelle au-delà de nos frontières maritimes.

Il y a-t-il toujours, comme autrefois, un canot par commune ?

Canot de voile traditionnelle de Guadeloupe

Hugo : Nous avons grand besoin du soutien des communes pour organiser les régates, et la plupart d’entre elles s’impliquent en ce sens en nous mettant à disposition des infrastructures.

Mais peu d’entre elles sont engagées dans le fonctionnement d’un bateau en particulier. « An tan lontan », chaque commune était rassemblée autour d’un canot.

Stephen : L’appartenance d’un canot à une commune permettait à la population de s’approprier un canot. Cela serait une bonne chose d’y revenir un jour.

Quel nouveau virage souhaitez-vous pour le milieu de la voile traditionnelle ?

Stephen : Nous souhaitons attirer le public pour donner des vocations à des jeunes. Nous entendons souvent les élus dire « il n’y a pas assez d’Antillais portés vers la voile » mais en réalité il y a un manque d’infrastructures pour faire naître ces vocations !

Avec les « bébés canots saintois » (canots saintois de taille réduite, adaptés au débutants) nous souhaitons attirer plus de jeunes vers la pratique de la voile. 

Hugo : Il y a parmi les coureurs quelques jeunes comme Josias Philibert (le plus jeune patron, du haut de ses quinze ans). Il y a aussi un bateau mis en place par l’UAG Fouillole, avec de jeunes universitaires à son bord.

Jonas Astorga est un autre jeune patron, de notre génération, qui a fini deuxième du dernier Traditour (tour de Guadeloupe avec escales) avec son équipage.

C’est une grande fierté pour nous que pour ce dernier Traditour ce sont deux jeunes équipages qui constituent le podium ! Le milieu de la voile traditionnelle se rajeunit… mais cela prend du temps.

Quelles sont vos ambitions ?

Hugo : L’organisation du Championnat nous a été confiée par la Classe pour un an. Ainsi cette année nous organisons deux manches du Challenge Apiyé ainsi que le Championnat qui se déroulera les 18 et 19 mai.

L’année prochaine, nous souhaitons progresser en fidélisant nos partenaires pour faire grandir ces manifestations. La voile traditionnelle en Guadeloupe commence à être connue.

Elle n’a pas encore assez de résonance comme peut l’avoir la pratique de la yole en Martinique. Mais nous nous y attelons car elle a un réel potentiel.