Face au péril du Covid-19, Guyane Développement Innovation (GDI), l’agence de développement économique et d’innovation, s’implique avec ses propres armes : le Numlab.

« Une commande de plus de 3000 visières anti projection, dont 1000 ferme ». Le bon de commande de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) conforte Franck Roubaud et ses équipes dans leur choix.

Depuis 15 jours, ils produisent en continu ce type de visière couvrante au sein du « Numlab », le FabLab de GDI. La démarche a été conçue « comme un vrai projet, avec maîtrise des coûts, du matériel, des échéances de production et de livraison, la logistique des commandes, etc. », détaille le directeur de GDI.

Le 27 mars, le choix est fait de se concentrer sur un modèle de visières anti projection « parce ce que ce sont des équipements robustes, ergonomiques, faciles d’utilisation et peu coûteux ». Le 31 mars, le premier prototype est prêt, produit par une de leurs imprimantes 3D. « Ça s’est fait assez rapidement », commente le directeur.

« Dès le lendemain, le Président de la CTG est venu au Numlab, il a immédiatement salué l’initiative et validé le produit final »


Cet article est extrait du premier numéro du magazine « Everyday We Act for Good | Les territoires se mobilisent ». Cliquez ici pour le lire gratuitement ou poursuivez votre lecture.


Prix coûtant

Aux besoins de la CTG, s’ajoutent ceux des personnels de santé, de la police, de la gendarmerie, des sociétés de gardiennage, soit environ 6000 pièces à fabriquer… Aussi, au sein de GDI, alors que tout le monde est en télétravail, il a fallu se réorganiser.

« On produit une visière par heure et par imprimante, la chaîne de production fonctionne 7 jours sur 7, de 8h à 23h et mobilise 5 personnes qui se relaient par tranche de cinq heures », décrit le directeur.

Les commandes elles, sont centralisées et traitées par l’équipe « gestion des commandes » en télétravail. Chacun s’est impliqué sur la base du volontariat.

« Je pense que nous étions tous contents de participer concrètement et d’apporter un soutien au territoire », analyse Franck Roubaud.

Chaque visière revient d’ailleurs à deux ou trois euros pièce, soit le coût des matières premières utilisées. Aucun coût de production ne devrait être rajouté, en tout cas pour les catégories jugées prioritaires, « ça fait partie de la contribution à l’effort national ».

Et aussi 3000 masques « barrières »

Au sein de la pépinière de GDI qui héberge et accompagne 15 à 20 start-up, l’entreprise « Ile de Roses » se lance elle dans la confection de masques. La jeune entreprise qui a pour objectif premier l’accompagnement de créateurs dans le milieu de la couture, produit 80 à 120 masques par jour.
Un modèle validé, « composé de 3-4 couches de tissu, avec élastiques ou lanières et sans couture centrale », décrit Franck Roubaud, et la CTG en a d’ores et déjà commandé plusieurs centaines de pièces.

6 imprimantes 3D de plus

Pour faire face au « succès » des visières, le Numlab, dont le rôle est de donner accès aux hautes technologies à tout le monde, « grand public, étudiants, chefs d’entreprises, porteurs de projet… » attend la livraison de 6 imprimantes supplémentaires, dont 2 financées par la Fondation EDF et exonérées, à titre exceptionnel, de taxation d’octroi de mer grâce à la contribution de la CTG.

Ces 6 modèles s’ajoutent aux 4 que possède déjà GDI et aux 2 autres imprimantes 3D qui ont été prêtées pour l’occasion par l’IUT de Kourou.

Une mobilisation générale qui inclut des lycées, collèges, GuyaClic’, mais également des particuliers sur Kourou, Iracoubo et Roura, « qui disposent de leur propre matériel d’impression 3D et participent à l’effort de production ».

Le Numlab, un outil grand public

A la faveur de cette initiative concrète, la perception du grand public sur le rôle de GDI, ses outils, ses ressources va sans doute être modifiée. Jusqu’à présent, le commun des mortels ne se rendait pas compte de lintérêt de l’impression 3D au sein du Numlab.

« Cette crise Covid-19 aura sans doute un effet bénéfique », imagine le directeur, au sens où elle va attirer l’attention du grand public, soit « les Guyanaises et Guyanais pour lesquels précisément GDI a été conçu ».

Ainsi tout le monde va pouvoir toucher du doigt le fait que « la seule limite de l’impression 3D, c’est l’imagination créatrice ».

GDI
Pôle Universitaire de Guyane
Campus de Troubiran
97325 CAYENNE Cedex
contact@ardi-gdi.fr
www.ardi-gdi.fr