Le Cesece Guyane a été saisi par la Collectivité Territoriale de Guyane au début de la crise sanitaire afin de se prononcer sur la mise en place d’un Fonds d’urgence économique des territoires de Guyane (FUETG). Dossier réalisé par Marthe Panelle-Karam, déléguée du Cesece guyane.

L’économie guyanaise en péril

Les membres du Cesece ont reconnu la probité de la création de ce Fonds, mais demandent surtout que la Collectivité Territoriale puisse déjà penser à la création d’un Fonds de relance afin de soutenir l’activité économique sur l’ensemble du territoire.

Le Conseil estime que la crise sanitaire que nous traversons est en train de se transformer en une crise économique d’une ampleur dont nous ne pouvons que craindre les conséquences dans notre société et pour tout le territoire de la Guyane.

La disparition de milliers de petites entreprises conduirait à une situation désespérante. Au-delà de la situation individuelle de ces milliers de salariés et de chefs d’entreprise, les conséquences sur l’économie tout entière seraient nombreuses : leur disparition entrainerait une explosion des recours aux aides sociales tout en privant l’État et la CTG des ressources budgétaires qu’elles auraient pu dégager.

Pire encore, le redressement judiciaire d’ampleur de celles-ci fera peser un risque de défaillance en cascade sur de nombreuses autres entreprises tant le recours au crédit inter-entreprises est la règle en Guyane, au détriment du recours au financement bancaire. 

Réunion sur le Fonds d'urgence économique des territoires de Guyane - CESECE

Un fonds d’urgence économique des territoires de Guyane

La réaction des pouvoirs publics a été massive et rapide : surseoir le paiement des cotisations sociales et fiscales, report des échéances d’emprunt, des loyers, des factures d’eau, d’électricité, recours à l’activité partielle avec un renforcement indispensable du dispositif.

Mais la pierre angulaire du sauvetage de l’économie repose sur le Prêt Garanti par l’État (PGE) distribué par les banques aux entreprises. Toutefois cette aide pourrait-t-elle être mobilisée par les entreprises locales compte-tenu des efforts effectués suite aux événements de mars 2017.

Du fait de la composition très diversifiée du Cesece Guyane qui est en prise directe avec le monde entrepreneurial, nous pouvons constater que pour les entreprises en bonne santé, l’impact économique de la crise devrait pouvoir être absorbé.

En effet, grâce à leur capacité historique à dégager des cash-flows positifs suffisants certaines ne rencontreront aucune difficulté pour obtenir ces prêts. 

Malheureusement il n’en est pas de même pour les PME/TPE qui n’ont pas la culture du financement bancaire. Leur financement reposant sur le crédit fournisseur et leur niveau de résultat ne leur laisse que peu de marge de manœuvre au remboursement d’un crédit. 

Le Cesece Guyane considère qu’il faut sauver les entreprises qui, par ricochet, vont maintenir les emplois de nos concitoyens.

Il sera essentiel de permettre au plus grand nombre d’entrepreneurs d’accéder aux aides de l’État pour payer les salaires, les cotisations des mutuelles de santé et de prévoyance qui couvrent les salariés contre les frais de santé (les arrêts maladie et autres aléas de la vie), payer les fournisseurs et assurer une rémunération digne aux dirigeants d’entreprise qui constituent le tissu économique de notre pays. 

La proposition du CESECE

Nous préconisons d’allouer automatiquement, à travers un guichet dédié (le Fonds d’Urgence Économique) aux entreprises ayant essuyé un refus de la banque ou sur la base d’une attestation d’un expert-comptable, un montant de PGE équivalent à trois mois de charges incluant la rémunération du chef d’entreprise, dans la limite d’un plafond de 20.000 €. Ce crédit serait remboursable dans les mêmes conditions que le PGE. 

Même en imaginant un taux de défaillance de 30% de ces avances, l’impact pour les pouvoirs publics représenterait une perte supportable, sans communes mesures avec les conséquences qui résulteraient de la disparition de milliers de PME/TPE.

Pour un redémarrage rapide de l’économie guyanaise et pour ne pas s’enfoncer dans une crise sociale trop violente, il faudra sauver le maximum d’entreprises. 

Anticiper les défauts de remboursement

Malgré tout, le conseil s’interroge sur la capacité de remboursement des entreprises de ce Fonds d’Urgence, car il s’agit d’un prêt de la Collectivité avec un remboursement différé et non d’une subvention.

Comment une petite entreprise ayant subi un arrêt brutal de son activité́ pendant 2 mois, donc une perte définitive de son chiffre d’affaires, pourrait-elle dans 24 mois commencer à rembourser alors que la faiblesse du tissu économique et du marché ne pourra pas compenser cette charge nouvelle et supplémentaire ? La clientèle, les fournisseurs sont dans cette même situation. 

Soutenir le tissu associatif

Les conseillers proposent que les associations puissent prétendre au dispositif notamment les associations de l’aide sociale à l’enfance et de la petite enfance.

Ils soulignent l’impérieuse nécessité d’intégrer dans le dispositif le tissu associatif dans son ensemble qui participe et développe un secteur lié à une activité économique qui est génératrice d’emplois et se trouve actuellement totalement à l’arrêt.

Ils souhaitent insister sur les difficultés de redémarrage que rencontrera le monde associatif à la reprise des activités. 

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Au-delà du fonds d’urgence

Aussi, ce Fonds de la Collectivité donne un espoir utile à nos entreprises leur permettant de se maintenir, mais que se passera-t-il après la crise ? Comment se comportera le marché ? Y aurait-il assez d’activités économiques pour leur permettre de survivre ? La commande publique pourrait-elle redynamiser tous les secteurs d’activités ?

Les conseillers pensent qu’il serait donc primordial de préparer un autre Fonds adapté pour agir résolument pour la relance de notre économie.

Cette crise sanitaire du Covid-19 peut nous permettre de repenser le modèle économique, un partage du marché plus équitable et l’obtention de plus de moyens pour la Collectivité Territoriale de Guyane pour la mise en place de nouveaux plans visant à mieux accompagner.

Les territoires sont en première ligne et mettent en œuvre des initiatives concrètes, innovantes et ambitieuses pour s’adapter et rebondir. Comment faire face de manière structurelle aux risques majeurs, qu’ils soient climatiques, énergétiques, alimentaires ou sanitaires ?

La “résilience“ est au cœur de la réponse avec cet échelon local, espace charnière pour trouver une réponse adaptée et localisée.

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