L’objectif du plan de refondation de la CTM est double : traiter l’urgence et penser l’avenir de manière innovante.
Passé la surprise et l’urgence de la crise Covid-19, avec ses exigences et ses investissements propres (notamment en termes d’équipements de protection), place au second volet de l’intervention de la CTM.
Tout aussi décisif et capital, le plan de refondation veut se donner les moyens de concrétiser la relance, poser les outils et les moyens pour sauvegarder l’économie d’aujourd’hui et préparer celle de demain.
Le président de la Collectivité de Martinique ne s’en cache pas, « la crise a confirmé la fragilité de notre système et la nécessité de revoir notre modèle. »
« La production linéaire (« produire, consommer, jeter »), un système de formation défaillant, la fragilité des petites entreprises ont atteint leurs limites. »
Réflexions et négociations en cours
Dans ce contexte inédit, il a souhaité initier « la négociation la plus large possible ». Le 4 août dernier, les acteurs économiques ont notamment été reçus pour dévoiler leurs travaux sur le comment du rebond de l’économie martiniquaise, et apporter leur contribution sur l’étendue et les exigences d’un plan territorial exceptionnel.
Très attentif aux idées et réflexions avancées ce jour-là, le président de la Collectivité s’est dit prêt à retenir les projets « dont la faisabilité technique et financière est immédiatement certaine ».
Suivra, au cours des prochains mois et avec le début de la nouvelle période de programmation des fonds européens, « une ample consultation pour définir ce plan avec les élus et les Martiniquais », explique Alfred Marie-Jeanne.
Ce sera le 3ème volet de l’action de la CTM, le « plan de reconstruction » (2021-2027) pour une économie solide et agile, résiliente et réinventée.
Investissements et accompagnements du plan de refondation
Pour l’heure, la CTM est en train de budgétiser plus de 200 millions d’euros. A quoi s’ajouteraient 107 millions d’euros de l’Etat et 128 millions de l’UE. Au total, il est envisagé plus de 500 millions pour la phase de refondation 2020-2021, et réussir à mettre en place « les premiers soubassements de l’architecture du nouveau modèle économique et social souhaité pour la Martinique », explique le président Marie-Jeanne.
Ce sont bien des investissements lourds dans un premier temps qui feront repartir la machine et freineront les effets de la crise. « Au premier titre desquels ceux de la commande publique qui ne doivent pas faiblir », avec d’une part la poursuite des travaux d’équipement, d’aménagement de routes et de confortement parasismique, et d’autre part la mise en route de projet d’envergure de transition énergétique et écologique.
Vient ensuite l’accompagnement de la restructuration du tissu économique. La CTM peut pour cela s’appuyer sur les dispositifs déjà en place, tels que l’accompagnement à la trésorerie.
« À côté de quoi, nous allons mettre en place un dispositif d’audit pour l’analyse des besoins des entreprises et pour les accompagner dans leur mutation face aux nouvelles exigences du marché. Cela passera par des plans de financement pour leur faire acquérir, par exemple, des outils de transformation numérique, et les rendre plus agiles, plus résilientes en somme », cite le président Marie-Jeanne.
Repenser l’attractivité touristique
Même approche pour le tourisme. C’est la filière la plus impactée et celle qui doit le plus se réinventer. « À ce niveau, nous allons stimuler sa mutation et travailler au repositionnement de la destination Martinique.
La CTM financera au cours des prochains mois un appel à candidature pour les entreprises qui voudront bénéficier de l’expertise d’un cabinet d’audit. Celui-ci (en cours de sélection) aura pour mission de donner des perspectives aux entreprises, d’analyser leurs besoins, leurs points forts et leurs points faibles, de travailler sur un positionnement réfléchi, rentable et durable.
Ce qui devra déboucher concrètement sur des dispositifs de formation, de montées en compétence, de requalification d’employés, de manager, de chef d’entreprise même. Le modèle est à réinventer, c’est sans doute « l’un des plus gros enjeux ».
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Challenger la formation
La bataille de l’emploi (maintien et création) pourra dans l’immédiat s’appuyer sur les dispositifs classiques d’accompagnement par l’État. La CTM s’emploiera elle à déployer une ingénierie de formation élaborée pour être capable d’avoir, filière par filière, une approche globale de la question de l’emploi, des besoins en compétences du marché.
Ce qui consiste, par exemple en matière d’Economie Bleue, à s’intéresser aussi bien aux activités nautiques de pêche, qu’à la logistique portuaire, à l’énergie marine, au démantèlement des bateaux etc.
Cette réflexion veut définir des outils et des cadres pédagogiques « depuis le primaire jusqu’à l’enseignement supérieur » pour préparer la société et les forces vives du territoire.
« La sévérité de la crise actuelle a pour effet d’accélérer ces dispositifs en cours et d’exiger de tout mettre en cohérence de manière claire, rapide et forte », encourage le président de la Collectivité.
Recréer une dynamique de société
La crise n’épargne aucune strate de la société martiniquaise, et le plan de refondation veut répondre à tous les niveaux, dont celui de la cohésion sociale.
« C’est par le soutien et l’engagement auprès d’événements sportifs et culturels nombreux et divers que nous veillerons à consolider le lien entre les gens, ce lien qui nous unit, qui fait société » défend le président du Conseil Exécutif.
Par cet accompagnement budgétaire, la société tout entière continue de vivre et s’enrichir, tout en permettant aux artistes de maintenir leurs activités. À l’échelle des populations comme des entreprises, des filières, de l’emploi, du tourisme, l’approche du Conseil Exécutif repose sur la création de la bonne dynamique.
L’objectif étant pour la CTM et pour son président que « pendant cette période absolument exceptionnelle, nous continuions à créer de l’emploi, à créer de la ressource et à regarder l’avenir ».