Martinique Digitale, moteur de la structuration de la filière numérique locale 

Créée il y a tout juste un an, l’association Martinique Digitale fédère et représente l’écosystème numérique du territoire. Rencontre avec Eric Belrose, son président.  – Photo Jean-Albert Coopmann

Martinique Digitale est la fédération des acteurs de la filière du numérique de la Martinique. Pour tous ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’association ?

Eric Belrose : Martinique Digitale est une association mais avant tout un écosystème global qui fédère à la fois des associations, des start-up et de grandes entreprises du numérique. Mais aussi, des partenaires comme la Chambre des métiers, la Chambre de Commerce ou encore la Collectivité territoriale de la Martinique.

« Notre objectif : structurer et consolider la filière numérique locale. Pour cela, notre rôle est de créer des synergies, favoriser les rencontres, créer des passerelles de coopération entre les acteurs. »

C’est un rôle à la fois d’intermédiation qui a pour but d’accompagner le foisonnement de cet écosystème, mais aussi faciliter son épanouissement en Martinique. Également une fonction stratégique car nous devons faire rayonner notre savoir-faire et nos spécificités à l’international. 

Cela engage de nombreux chantiers sur plusieurs mois et années. La crise géo-sanitaire actuelle rend-t-elle prioritaire les questions liées au numérique ? 

Tous les membres de la Fédération étaient évidemment d’ores et déjà sensibilisés aux défis qui nous attendaient, mais il est vrai que la période actuelle accélère les prises de conscience des acteurs privés et publics, qui voient, dans la structuration de la filière, un outil au service de la performance de la Martinique.

Quand l’activité a repris, nous avons été sollicités pour présider le groupe de travail « numérique et innovation » dans le cadre de la formalisation du plan de relance de la Chambre de commerce, qui a lui-même été repris pour compléter une partie du plan de relance territoriale.

Il est clair que les acteurs économiques sont désormais conscients qu’avec 2400 entreprises numériques implantées ici, rapportant à l’île environ 9 % de son PIB, il ne s’agit plus simplement de connaitre ce chiffre, il faut les accompagner et donc, nous fédérer. 

Vous nous disiez qu’améliorer la maturité autour du digital est essentiel. Quel état des lieux faites-vous du secteur numérique de la Martinique ? 

Nous avons un potentiel inouï et des entreprises qui innovent, mais le secteur n’en est qu’à ses balbutiements. La raison à cela n’est pas un manque de performance. C’est surtout lié à une dissémination des forces géographiques et un éparpillement des compétences.

« Les entreprises ne se connaissent pas et n’arrivent encore que très peu à créer des dynamiques entre elles car aucun outil n’a été proposé pour faciliter ces collaborations. »

À cela s’ajoute, une difficulté de parler d’une seule et même voix auprès des institutions. Comme je le disais précédemment, nous souhaitons pouvoir nouer des liens solides, créer des partenariats pérennes et pouvoir solliciter de façon régulière les acteurs comme la CCI, la Chambre des métiers, le MEDEF et la CTM et leur apporter des réponses construites collectivement. 

L’union fait la force. C’est votre credo. Au moment où l’on parle, vous travaillez main dans la main avec Martinique Tech, Clusir, Open it et Up and Space. Quels sont vos objectifs ? 

C’est la dimension fédératrice du projet qui explique cette dynamique. Pendant le confinement, nous avons proposé des contenus liés aux usages numériques sur notre groupe Facebook. Il y a eu des vidéos pédagogiques et des webinaires thématiques adressés à la fois au grand public comme aux adhérents. Mais nous voulons aller plus loin.

Aujourd’hui les grandes priorités sont au nombre de trois :

• La première consiste à cartographier les acteurs, recenser les actions et réaliser une plateforme digitale pour informer sur les métiers et les compétences présents chez nous.

C’est important que les Martiniquais se rendent compte des talents présents ici. Nous travaillons donc sur un annuaire pour la filière.

• Ensuite, notre mission sera la stabilisation de la filière locale.

Il faudra identifier les besoins des uns et des autres, trouver des solutions collectives sur le plan macroéconomique et s’organiser pour piloter des appels à projets et générer des manifestations d’intérêts. L’idée est réellement qu’à terme, on puisse déployer en local et répondre également en local aux défis qui sont les nôtres.

• Enfin, notre priorité sera également de porter avec tous les acteurs travaillant déjà en ce sens, le label French Tech Martinique pour exporter notre territoire et ses innovations au-delà de notre île.