Investissement durable. Après dix années de fléaux sanitaires et environnementaux, la question a de quoi interloquer. Pourtant, les sargasses, algues brunes envahissantes, dessinent sur nos côtes de nouvelles opportunités. Nous sommes allés à la rencontre de ces initiatives. 

Il aura fallu environ une dizaine d’années pour entrevoir des pistes viables et de réels projets construits pour endiguer le risque environnemental des échouages des sargasses aux Antilles-Guyane.

Si le phénomène ne date pas d’hier (les premiers témoignages remontent aux années 1950), la dernière décennie a observé un pic conséquent de la prolifération de ces algues dû à à la hausse des températures, qui a elle-même opéré une modification des courants océaniques et conduit aux vagues invasives auxquelles nous continuons d’assister.

La communauté scientifique a encore alerté en juillet et août 2020, sur le déplacement d’une ceinture atlantique de 8,850 kilomètres carrés, observée depuis l’espace.

Si l’ancien premier ministre Edouard Philippe avait décrété, la nécessité d’une « résolution politique » à ce désastre sanitaire à la suite du sommet international organisé en Guadeloupe, il avait également souligné l’importance de “trouver des solutions de long terme”. C’est chose faite !

Plusieurs entreprises innovantes tirent aujourd’hui leur épingle du jeu du Mexique à la Floride en passant par Saint-Barthélemy et la Bretagne.  

Des habitations construites à partir de briques à sargasses 

L’idée a de quoi faire sourire. Pourtant, Omar Vázquez, entrepreneur mexicain construit depuis bientôt trois ans des habitations à partir de sargasses.

Résidant non loin de la Plage de Carmen, à Cancún, le quarantenaire dont la famille avait été très touchée par les différentes invasions côtières a mis au point une technique de construction en transformant les algues séchées en véritables briques 60% sargasses et matières organiques.

Et demain, un complexe hôtelier ? Omar Vázquez assure qu’il débute les premiers échanges avec un groupe qui projetterait de s’équiper d’une station balnéaire. Restez connectés.  

Du plastique à partir des microalgues  

Utiliser des sargasses pour faire des matériaux biocompostables sous forme de poudre, c’est le pari de Rémy Luca, fondateur d’Algopack.

Face à la hausse des échouages, l’entreprise bretonne souhaite proposer une solution à la hauteur d’un enjeu de consommation en réduisant la dépendance au plastique de manière vertueuse et responsable.

Experts sur la collecte d’algues, les équipes d’ingénieurs travaillent aujourd’hui sur les meilleurs moyens pour diminuer les coûts logistiques et écologiques liés au transport. 

L’ouverture d’une fabrique de pâte à papiers 100% sargasses pour 2021

L’annonce nous a été faite par le fondateur du Sargasses Project, Pierre-Antoine Guibout. « Après plusieurs mois de travail et le concours d’investisseurs publics et privés, la première fabrique de pâte à papiers verra le jour en 2021. C’est une excellente nouvelle. » explique-t-il.

« Nous avons réussi à transformer un fléau environnemental en solution écologique et économique en faveur du développement et de l’autonomie des petites Antilles »

À partir des algues brunes ramassées en mer, l’équipe du Sargasses Project réalisera à partir de l’année prochaine une pâte à papier 100% biodégradable et 100% compostable dont le produit fini ressemblera à une feuille de papier résistante.

« Notre objectif est de fournir les premiers emballages et packaging durables pour la Caraïbe. », souligne Pierre-Antoine Guibout.

« Nous remercions tous les partenaires qui soutiennent le projet depuis le début à Saint-Barthélemy. Le CEVA, le centre d’étude et de valorisation des algues, situé à Pleubian (Côtes-d’Armor) a toujours été très bienveillant. C’est aussi grâce à eux que nous sommes labellisés French Tech depuis la rentrée 2020.»

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