Réforme du bac, continuité pédagogique en ligne, choix de l’enseignement supérieur… 2021 est une année particulière. Comment choisir sa voie et son orientation professionnelle quand le monde est incertain ? Entretien avec Émilie Jacob, conseillère au CIDJ, Centre d’information et de documentation jeunesse. 

L’orientation professionnelle n’est jamais un choix aisé. À quel point la crise Covid vient-elle compliquer la prise de décision des lycéens ? 

Émilie Jacob : Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la crise Covid n’est pas toujours source de complications et il existe autant de réactions que d’élèves face au contexte de crise. Pour autant, nous observons deux cas de figures assez fréquents :

  • Il y a les élèves dont le projet professionnel était déjà assez mature. Le contexte de crise a peu d’incidences directes pour eux
  • Et il y a les élèves plus indécis qui ne se projetaient pas encore dans le post-bac. Pour ceux qui n’ont pas encore identifié leurs centres d’intérêts, qui connaissent peu ou mal l’enseignement supérieur, la prise de décision est plus compliquée et la crise ajoute une forme d’anxiété ou de stress car tous les moyens normalement mis en œuvre pour les aider n’ont pas pu être déployés.

« Je prends l’exemple des journées Portes Ouvertes qui étaient de véritables mines d’informations : elles n’ont pas lieu en physique cette année. »

Les alternatives en ligne ont été proposées mais elles limitent le contact direct, enlèvent l’immersion et le sentiment de découverte des métiers.

Elles ont le mérite de rendre quelquefois plus facile l’accès pour des personnes géographiquement éloignées, mais elles rendent moins palpables les réalités professionnelles. 

Au CIDJ, vous proposez aussi un accompagnement par “centres d’intérêts”. Est-ce que cette entrée par thématiques plaît aux jeunes ? Et quels sont les retours ?  

Il y a, en effet, différentes façons de présenter des parcours aux jeunes. On peut partir sur une classification par métiers, ce qui revient à présenter les postes et fiches de poste en montrant le spectre de compétences nécessaires pour y accéder.

Comment devenir acheteur, comment devenir magistrat, comment devenir trafic manager ? Ce sont des réponses que nous pouvons donner.

L’autre méthode est de proposer un accompagnement par centres d’intérêts, ce qui revient à prendre le problème dans l’autre sens, en se basant sur des cas plus personnels et donc plus concrets :

  • « je souhaite fabriquer »
  • « je voudrais exercer un métier créatif »
  • « je suis très bonne en organisation »
  • « le mieux pour moi serait de beaucoup voyager »
  • « j’adorerais travailler au contact des autres », etc.

« Cette approche nous permet de définir quelquefois plus facilement des appétences, des sensibilités et de révéler les intérêts personnels des jeunes que nous avons en face de nous. »

5 conseils à donner pour faciliter le choix d’orientation ?  

1. Apprendre à se connaitre pour mieux identifier ses centres d’intérêts

On s’en rend trop peu compte mais notre système de valeurs, ces fameuses lignes de conduite, influencent nos actions dans la vie quotidienne. Il est important de choisir son travail en fonction de ses valeurs.

Une fois que c’est fait, il faut définir des critères un peu plus objectifs, notamment sur l’environnement de travail et les conditions de travail. Est-on prêt à travailler dans l’urgence ? Préférons-nous travailler en extérieur ? Suis-je plutôt solitaire lorsque je travaille ? 

2. Ne pas forcément réfléchir en termes de métiers mais en termes de secteurs d’activité

Il faut bien retenir qu’un projet professionnel évolue au fur et à mesure des études. Il vaut mieux chercher des secteurs d’activité qui abritent des métiers et non l’inverse. Les études sont un socle de compétences théoriques et/ou pratiques pour nous permettre de nous repérer sur le marché de l’emploi. 

3. S’informer, s’informer, s’informer

On ne le répètera jamais assez, mais le meilleur moyen de s’y retrouver, c’est de se documenter. Il existe aujourd’hui mille moyens de savoir ce qui se passe autour de nous.

Cela commence en ligne avec internet en tapant sur un moteur de recherche, le secteur d’activité où vous souhaiteriez avoir des réponses. Ensuite, commencer à échanger avec son entourage en les interrogeant sur leur métier peut-être une solution. Ou directement aller voir des professionnels pour qu’ils répondent à nos questions. 

4. Être accompagné par des professionnels de l’orientation

Des femmes et des hommes experts de l’orientation sont présents pour discuter et conseiller. Ils seront de bons conseils pour le meilleur choix d’études correspondant à votre projet.  

5. Être indulgent avec soi-même

Se dire qu’on peut se tromper, que les passerelles sont possibles et qu’une année n’est jamais perdue. Les jeunes d’aujourd’hui vont occuper différents métiers tout au long de leur vie. Il faut bien garder en tête que ce ne sont pas des décisions immuables.

« On peut se reconvertir, rien n’est fixe, rien n’est définitif. »

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