Utiliser une gourde en inox pour boire au travail, en voyage, à la plage, permet-il de limiter notre impact écologique ? Oui, mais pas n’importe comment…  Explications.

Quel geste simple pour réduire nos déchets ? « Le plus simple et le plus rapide, c’est d’avoir ma gourde à la place de multiples bouteilles d’eau de différents formats. »

Jean-Yann Cinamman

Pour Jean-Yann Cinamman, le bénévole de l’association Zéro Déchet interrogé dans une vidéo EWAG LIVE, la question était entendue : la gourde est le point de départ de la conscience écologique individuelle.

Sur le papier, les chiffres lui donnent raison : en moyenne, un Français consomme 96 bouteilles en plastique par an et chaque jour 25 millions sont jetées en France. La gourde en inox, inusable, semble une option beaucoup plus écologique, mais qu’en est-il vraiment ?

L’effet « fast fashion » de la gourde en inox

Au delà de l’association en question, la démarche « zéro déchet » qui consiste à réduire très fortement son empreinte écologique imprègne toute la société.

L’effet de ce nouveau mode de vie, voire de cette nouvelle mode, a ainsi considérablement augmenté les ventes de gourdes en inox. Selon Businesscoot, spécialisé dans les études marché, sa consommation mondiale devrait croître de 3,9% par an jusqu’en 2025.

Ces gourdes en inox vendues aux yeux de tous comme « l’alternative idéale aux plastiques » connaissent pourtant des limites. Tel que le journaliste Lucas Scaltritti l’a souligné dans son podcast « Y’a le feu au lac » du journal Ouest-France.

Principal reproche : la surconsommation de ces objets éco-responsables.

Les nouvelles collections créées par les marques en fonction des motifs à tendances (peinture jungle, effet marbre, collaboration d’artistes etc.) motivent ces achats répétés. Au point de transformer la gourde en objet de fast fashion.

Bref, pour être cohérent avec ses engagements, il est préférable de ne pas les collectionner.

Gourde en inox blanche
Vanesa Giaconi

Inusable mais énergivore

Si l’inox est un produit recyclable et de grande durée de vie, son empreinte écologique est plutôt élevée, du fait de sa fabrication (sidérurgie lourde, extraction de minerais) et du transport dans le monde entier.

L’Asie détient en effet un quasi-monopole sur les composants de l’inox, et principalement le chrome.

Une récente étude de l’organisme de recherche Worldstainless estime ainsi que 80% de la production mondiale d’acier inoxydable a été faite en Asie en 2018. Autrement dit aucune gourde en inox n’est produite en Europe, elles proviennent toutes d’Asie.

3 ans d’utilisation pour la gourde en inox

Fort de ce constat, Lucas Scaltritti met en évidence la façon dont il faudrait utiliser la gourde en fonction de son matériau principal.

Pour une gourde en inox, il faudrait ainsi 3 ans d’utilisation minimum pour que la pollution émise par sa fabrication soit inférieure à son impact positif pour la protection de l’environnement.

Pour une gourde en plastique, une utilisation de 2 à 5 mois minimum permet de compenser l’impact de sa fabrication.

La gourde en verre, une meilleure option ?

Mais la meilleure solution semble être la gourde en verre, souvent fournie avec une pochette protectrice en néoprène pour pouvoir être transportée. Deux mois d’utilisation seulement suffisent pour compenser sa fabrication !

La matière première est un critère intéressant pour analyser certains enjeux de l’écologie et de nos modes de consommation. Toutes les gourdes ont bel et bien un super pouvoir ! Celui de réduire la place des bouteilles plastiques dans nos poubelles, nos déchèteries et notre environnement.

Jean-Yan avait bien raison, c’est « le plus simple et le plus rapide » pour agir.

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