Audace. Laurence Gemin, fondatrice du Palais de la Mer fait partie des Guadeloupéens qui ont décidé de tout quitter pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. De l’ouverture de son commerce à la crise sanitaire, découvrez son témoignage. – Texte Joséphine Notte

La pandémie n’a pas ébranlé l’ambition des entrepreneurs. Bien au contraire ! Elle l’a même accéléré. En France hexagonale, le chiffre est en hausse. Plus de 3 % entre 2020 et 2021, selon l’INSEE. En Guadeloupe, même si les chiffres sont moins importants, on dénombre tout de même plus de 5 300 créations sur un an, soit 0,3 % à l’échelle du territoire.

Laurence Gemin - Le Palais de la Mer - Guadeloupe

Quelle est la genèse du Palais de la mer ?

Laurence Gemin : Tout a commencé un mardi soir, j’ai écrit ma lettre de rupture conventionnelle sur un coup de tête avec l’envie de vivre de nouveaux défis. En quête d’une nouvelle carrière, j’ai suivi une formation pour faire du coaching en développement personnel. Ce fut une expérience très enrichissante qui m’a permis de découvrir une passion pour l’accompagnement. Cette formation m’a également encouragée à faire le bilan sur mes envies de carrière. Le coaching a révélé mon âme d’entrepreneuse !

« Le projet du Palais de la Mer fut comme une évidence, j’avais envie de perpétuer le savoir-faire familial en m’inscrivant dans la dynastie des poissonniers guadeloupéens. »

Le projet du Palais de la Mer fut comme une évidence, j’avais envie de perpétuer le savoir-faire familial en m’inscrivant dans la dynastie des poissonniers guadeloupéens, un métier que ma grand-mère et mon père exerçaient avant moi. Même si la pêche est une activité importante en Guadeloupe, il existe encore trop peu de poissonneries sur le territoire. Le Palais de la Mer a pour vocation d’être un écrin des délices de la mer et de valoriser notre pêche locale.

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Quels sont les plus gros défis que vous avez dû surmonter ?

En premier, je dirais mon manque de connaissance du métier ! Je me suis lancée dans un domaine où je n’avais aucune formation et j’ai fait beaucoup d’erreurs dans mes débuts, surtout par ignorance. Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir des clients encourageants qui m’ont beaucoup apporté, tant en fidélité qu’en critiques positives. Mon père m’a également transmis de précieux conseils, j’ai pu bénéficier de son expertise et aujourd’hui encore nous collaborons étroitement.

L’année 2020 fut plus qu’éprouvante tant au niveau personnel que professionnel. La pandémie a démarré quelques mois après l’ouverture de la boutique, et comme pour tout chef d’entreprise, le premier confinement fut une lourde période d’incertitude quant à l’avenir de mon commerce. Je me rappelle en particulier les mois de juillet-août où j’ai connu ma plus grosse baisse d’activité. Il m’a fallu faire tout un travail pour garder mon sang-froid et rester confiante en l’avenir !

C’est également à cette période que je suis tombée enceinte. Il est important pour moi d’en parler, car on assimile rarement la maternité et l’entrepreneuriat. Tous deux requièrent beaucoup d’énergie, un mental d’acier et un sens accru des responsabilités. En aucun cas, ce sont des projets qui devraient être incompatibles.

« J’aimerais pouvoir créer un concept store qui valorise les produits de la mer des Antilles et approvisionne la clientèle antillaise qui vit en Hexagone. »

À presque trois ans d’ouverture, quelles sont les évolutions et les perspectives du Palais de la mer ?

Ma plus grande fierté est d’avoir pu avant tout créer de l’emploi et travailler avec les pêcheurs guadeloupéens. J’ai aujourd’hui une collaboratrice de confiance à temps plein et il me tient à cœur de valoriser les femmes du métier en encourageant leur embauche. Le monde de la mer est si masculin !

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En trois ans, le Palais de la Mer propose une gamme plus diversifiée de services :  un service traiteur, de la confection de repas frais pour le service du midi et des plateaux de fruits de mer disponibles toute l’année. Nous nous développons également sur le web grâce à notre site e-commerce qui sera mis en ligne très prochainement et proposera l’achat et livraison de produits de la boutique partout en Guadeloupe.

Parce qu’il est important de préserver notre belle île en limitant le gaspillage alimentaire, le Palais de la Mer soutient des associations locales avec des dons de repas et a récemment intégré le réseau de partenaires de Glan’Market. À moyen terme, j’ai l’ambition d’ouvrir de nouvelles boutiques en Guadeloupe, puis dans la région caribéenne et pourquoi pas à Paris ? J’aimerais pouvoir créer un concept store qui valorise les produits de la mer des Antilles et approvisionne la clientèle antillaise qui vit en Hexagone.

Vous développez également votre activité de coaching ?

C’est un projet sur lequel je travaille depuis plusieurs mois. À partir de janvier 2022, je vais proposer, dans un espace dédié, des ateliers de coaching pour booster la confiance en soi, l’amour-propre et atteindre ses objectifs. Actuellement, je suis déjà disponible à la demande pour de l’accompagnement personnalisé en développement personnel. De plus en plus, les techniques de développement personnel sont utilisées dans les accompagnements aux porteurs de projets, cela permet notamment de bien préparer les entrepreneurs à maîtriser leurs émotions et consolider leur confiance. Je considère qu’entreprendre, c’est une façon d’aller au bout de la connaissance de soi, le développement personnel fait donc partie du processus de création d’une entreprise.

Le Palais de la Mer
0590415949
www.lepalaisdelamer.fr