Restructuration. Comment faire de la transition écologique une réalité dans le monde de l’entreprise ? La Convention des Entreprises pour le Climat, initiative nationale et volontaire, compte bien s’emparer de la question et apporter des solutions. – Texte Yva Gelin

La transition écologique n’aura pas lieu sans les entreprises. C’est sur ce constat qu’a été créée en 2020 la Convention des Entreprises pour le climat (CEC). Depuis le 9 septembre 2021 et jusqu’au 18 juin 2022, 150 dirigeants d’entreprises représentantes de l’ensemble du tissu économique français se réuniront au cours d’un total de six sessions thématiques. L’objectif est à la recherche du concret : élaborer des feuilles de route opérationnelles pour que la notion de développement durable soit concrètement inscrite dans le fonctionnement des entreprises.

La première session, qui s’est tenue à Paris du 9 au 11 septembre, s’est organisée autour d’interventions de scientifiques, économistes et autres conférenciers afin d’éveiller les consciences sur les défis de la transition écologique. La prochaine est prévue du 20 au 22 octobre à Lille et abordera « la raison d’être de l’entreprise » et « les nouveaux modèles d’affaires ». 

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150 feuilles de route

Dans un état d’esprit similaire à celui de la Convention Citoyenne pour le Climat, le principe est de donner la parole à celles et ceux qui seront directement impactés par les changements à opérer. Le but est de montrer que n’importe quel type d’entreprise, indépendamment de sa taille ou son secteur d’activité peut s’engager dans cette démarche. Tout l’intérêt du projet est donc la diversité.

Pas une des entreprises choisies sur les 150 ne se ressemble (secteur, taille, transition énergétique en cours…). Elles ont toutes leurs subtilités mais également des points communs qui leur permettent d’échanger et de s’enrichir mutuellement. « À la fin des 6 sessions il y a aura 150 feuilles de route différentes », précise Grégoire Fraty, qui après avoir participé à la Convention Citoyenne pour le Climat s’est engagé pour la CEC. Pour orchestrer le tout, un comité de garants composés de 10 professionnels du monde écologique et entrepreneurial, a pour mission d’apporter un regard extérieur, en s’assurant que les objectifs de la CEC sont toujours respectés et que les propositions correspondent à la réalité économique actuelle. 

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Une question de temps

Mais, tout de même, depuis le temps qu’on en parle, sommes-nous vraiment toujours au stade de découvrir qu’il faut agir en faveur de la transition écologique ? M. Fraty clarifie les choses pour nous : « Le constat de départ n’est pas de dire que les entrepreneurs n’ont pas conscience de la nécessité de la transition écologique. C’est plutôt que le temps consacré à la question n’est pas suffisant dans les sphères dirigeantes. Dans le cadre de la CEC les dirigeants des entreprises se déplacent et consacrent 3 jours par mois, pendant 6 mois, à ce sujet dans le cadre des sessions thématiques. En termes de rapport de temps pour un dirigeant, c’est énorme. Cette mobilisation soutenue sur 6 mois peut servir de “claque climatique” qui fait qu’ils passeront réellement à l’action. » 

« Dans le cadre de la CEC les dirigeants des entreprises consacrent 3 jours par mois, pendant 6 mois, au sujet de la transition écologique. Cette mobilisation soutenue peut servir de “claque climatique” qui fait qu’ils passeront réellement à l’action. »

Et nous ?

Dans son dossier de presse, la Convention des Entreprises pour le Climat se vante de représenter « la diversité, la richesse et les défis de l’économie française. » Pourtant pas de Martinique, Guadeloupe ou de Guyane sur la carte. La question titillait et nous l’avons posée aux organisateurs. Effectivement aucune entreprise de la CEC n’a de siège social dans les Antilles-Guyane. Cependant, dans les 150 entreprises, certaines ont des implantations dans les outre-mer telle que Pôle-emploi et Pierre et Vacances. « C’est potentiellement quelque chose qui pourrait ressortir de la convention, de dire qu’il faut des dynamiques territoriales par région. Notamment par rapport au fait que les territoires d’outre-mer sont beaucoup plus sensibles à certains changements climatiques comme la montée des eaux. » Alors à quand un CEC Antillo-Guyanais ? 

www.cec-impact.org