Comment s’adapter à un monde du travail transformé ? 

Formation professionnelle. Dans un contexte économique et social en profonde mutation, Valérie Padra, directrice générale par intérim de l’Association de Gestion de l’Environnement de la Formation en Martinique, évoque les axes de développement du secteur. – Texte Adeline Louault

Dans un contexte où le monde du travail évolue vite, quelle est la place de l’AGEFMA ?

Valérie Padra : (sourire) Elle est centrale. La structure, créée en 1996 par l’État et la Région, l’AGEFMA*, avec ses 17 collaborateurs, est l’interface privilégiée de l’ensemble des acteurs de l’orientation, de la formation et de l’emploi. Elle a pour cela 3 missions :

• L’information et la communication sur l’offre et les dispositifs de formation
• L’animation et la professionnalisation des réseaux (acteurs de la VAE, de l’illettrisme, de l’orientation, organismes de formation)
• L’observation et l’analyse des besoins en compétences du territoire afin d’aider à l’élaboration des politiques publiques. 

Comment envisagez-vous aujourd’hui l’accompagnement des actifs ?

Le contexte actuel exige une évolution rapide des compétences et une grande capacité d’adaptation. L’objectif de l’AGEFMA et de ses partenaires est d’apprendre aux actifs à naviguer dans la complexité et l’incertitude. Chacun doit pouvoir remettre en question son parcours, connaitre son capital compétences, mobiliser des ressources pour saisir les opportunités d’emploi. Il n’y a plus de carrière linéaire. Il s’agit de montrer aux apprenants comment développer des compétences transversales et comportementales – les fameux soft skills dont on parle beaucoup de nos jours – qui permettent de résoudre des problèmes, de prendre des décisions, de faire des choix. 

« Chacun doit pouvoir remettre en question son parcours, connaitre son capital compétences, mobiliser des ressources pour saisir les opportunités d’emploi. Il n’y a plus de carrière linéaire. »

Les organismes de formation sont-ils armés pour répondre à l’évolution du contexte économique ? 

Notre rôle est de les accompagner pour affronter ces mutations et proposer des solutions innovantes, de qualité et sur-mesure. Ils doivent réinventer leur modèle économique et s’orienter vers la digitalisation, l’individualisation des parcours et la conception de solutions pédagogiques plus proches des réalités du travail. Par ailleurs, il n’est plus question de proposer des formations toutes faites. Avec l’ensemble des acteurs, nous construisons l’offre en interrogeant l’identité du territoire. Le but est de mettre en place une ingénierie spécifique qui anticipe les besoins des entreprises. 

Quels sont les points principaux sur lesquels vous allez travailler en 2022 ?

Nous voulons renforcer l’accès à l’information. Actuellement, nous communiquons sur les médias et les réseaux sociaux via des spots présentant les métiers en tension et les solutions correspondantes. Nous allons aussi continuer à professionnaliser nos réseaux territoriaux d’opérateurs et accentuer leur proximité avec le public afin qu’ils répondent au plus près des besoins. Nous souhaitons également faire émerger des pratiques innovantes et des expérimentations.

« Il faut former différemment, démocratiser la formation à distance, favoriser une approche ludique et initier des AFEST (Action de Formation en Situation de Travail). »

Il faut former différemment, démocratiser la formation à distance, favoriser une approche ludique et initier des AFEST (Action de Formation en Situation de Travail). Enfin, nous allons travailler sur nous-mêmes puisque, pour ses 25 ans, l’AGEFMA veut devenir une association encore plus agile et apprenante. Nos équipes vont donc elles aussi être formées. 

*membre du réseau national CARIF-OREF, dotée de missions de service public définies par le Décret n° 2021-792 du 22 juin 2021.