Industrie. C’est à Nicolas Philippot que l’usine au colibri a choisi de confier sa Direction des Opérations, l’année de ses 150 ans. Un challenge dont l’entrepreneur dans l’âme se saisit avec enthousiasme et détermination. – Texte Audrey Juge

Arrivé chez Gardel en juin dernier, Nicolas Philippot embrasse sa nouvelle vie avec ardeur. Le sourire aux lèvres, il nous reçoit dans son bureau de l’emblématique et unique usine sucrière de Guadeloupe continentale, lucide sur l’importance de la structure pour l’archipel : « Gardel n’appartient pas qu’à Gardel, elle appartient à la Guadeloupe. Au-delà de travailler pour l’entreprise, j’ai pleinement conscience de travailler pour une filière ». Une position centrale stimulante pour le directeur, dont le « plaisir d’être là » n’est en rien gâté par les aléas sociaux du territoire. « J’ai vécu le Brexit un mois après ma prise de poste à Londres en 2016, je sais m’adapter aux accueils chahutés », sourit-il.

« Gardel n’appartient pas qu’à Gardel, elle appartient à la Guadeloupe. Au-delà de travailler pour l’entreprise, j’ai pleinement conscience de travailler pour une filière »

Un pilotage d’entrepreneur

23 ans dans un groupe international de l’industrie laitière, une carrière orientée Commercial Marketing, deux fonctions de DG à Londres et en Hexagone où il est responsable de 6 sites de production et de 2500 salariés, Nicolas Philippot affiche un parcours brillant, mais qui l’éloigne de ce qui l’anime profondément. « Je faisais de plus en plus de reportings et de réunions, mais je suis un entrepreneur ! J’ai besoin d’être proche des équipes, d’avoir la capacité de décider d’une stratégie et changer rapidement le cours des choses. Je me suis alors intéressé à travailler hors de l’Hexagone, car travailler dans une culture différente, sur des problématiques et des modes de consommation différents m’intéresse vivement ».

Il aspire aussi à retrouver un travail aux liens directs avec tous les acteurs d’une filière. « Quand on m’a décrit Gardel, structure à taille humaine à l’intersection du monde agricole et du consommateur final, j’ai foncé. »

À lire également | Portrait : Abela Gérard, 41 ans de carrière chez la sucrerie Gardel

2 principaux projets

Gardel s’est inscrite très tôt dans le Plan de Relance Agricole pour soutenir la filière sucre. « Notre rôle est majeur et j’aime que les SICA (Société d’Intérêt Collectif Agricole) nous challengent sur des projets d’avenir et d’innovation, sur la façon dont nous faisons briller leur production. » Dans ce cadre, l’entreprise lance deux projets majeurs.

D’abord la plateforme ValorCannes, pour une meilleure valorisation des déchets, en partenariat avec Albioma, Damoiseau et la SIS (Société Industrielle Sucrière) devrait voir le jour en 2023. « Grâce à  leurs déchets, sous-produits de la canne, nous créerons et distribuerons gratuitement un compost pour amender les terres de nos planteurs. »

Ensuite, Gardel prend le virage du Bio pour environ 5 % de sa production en 2023, « afin de répondre à la demande des consommateurs pour un sucre de canne bio français et à l’ambition de certains de nos planteurs de mieux valoriser leur production via la canne Bio ».

« Notre rôle est majeur et j’aime que les SICA nous challengent sur des projets d’avenir et d’innovation, sur la façon dont nous faisons briller leur production. »

Gardel, une usine engagée

L’entité s’engage aussi plus loin dans la garantie de qualité de ses sucres et sa responsabilité sociétale en vue des certifications ISO 22000 et 14001. « Je crée un département QHSE (Qualité Hygiène Sécurité Environnement) en janvier 2022, pour dédier une équipe à la qualité et la sécurité alimentaire de nos sucres, au management environnemental de notre activité ainsi qu’à la RSE. »

Avec Nicolas Philippot, un vent de nouveauté souffle donc sur Gardel, qui s’adapte et se réinvente au fil du temps, imperturbable et résolutive. Son souhait en cette fin d’année ? « Que ces 150 ans ne soient qu’un début et que Gardel perpétue le développement des planteurs, fasse rayonner son sucre à travers le monde et que ce soit une fierté pour chacun d’y travailler ou d’y livrer ses cannes. »

À lire également | Gardel : 150 ans graffé dans la pierre