CCI IG. Pour continuer à soutenir les entreprises de l’archipel et minimiser les pots cassés, Patrick Vial-Collet appelle à un sursaut. – Texte Charlène Raverat

Près de deux ans se sont écoulés depuis le début de cette pandémie, comment la CCI IG a-t-elle agi pour tenter d’endiguer la crise économique qui en découle ?

Patrick Vial-Collet, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Iles de Guadeloupe : La CCI IG est un établissement public de l’État qui a pour mission de soutenir les entreprises issues des services, du commerce et de l’industrie, de les accompagner dans leurs projets de développement et de les aider dans leurs rapports avec les services de l’État. Nous servons d’interface entre le gouvernement et les entreprises dans des domaines tels que l’emploi, l’environnement, la fiscalité, les politiques publiques etc. et nous agissons au niveau de l’entrepreneuriat pour éclairer tous les acteurs économiques.

Mais, depuis avril 2020, nous avons recentré nos activités autour d’une seule et même mission, celle de sauver nos entreprises… Elles subissent les mesures de restrictions de plein fouet et connaissent un freinage sans précédent de leurs activités. Nous sommes donc présents pour les aiguiller dans leurs demandes de subventions et d’aides et nous tentons de défendre au mieux leurs intérêts. C’est mon souhait le plus grand que celles-ci puissent sortir de cette crise sans trop de dommages mais, au vu de la durée de cette crise, je commence à m’inquiéter. 

« Nous sommes présents pour aiguiller les entreprises dans leurs demandes de subventions et d’aides et nous tentons de défendre au mieux leurs intérêts. »

À quel niveau et à quel degré pouvez-vous intervenir pour défendre la sauvegarde des entreprises guadeloupéennes ? 

Nous avons un devoir de représentativité et nous devons mettre en lumière des problématiques de nos entreprises auprès de l’État. Aujourd’hui, les aides sont prolongées jusqu’au mois de mars pour les secteurs qui sont touchés par les nouvelles restrictions. Les décrets seront annoncés courant février. Il y aura notamment l’accès à un fond de solidarité, le retour à l’activité partielle et une compensation de pertes de chiffres d’affaires. Ce sont des mesures nécessaires, notamment pour le secteur du tourisme. Hôtellerie, activités de loisirs, aérien, établissements de nuit, tous n’ont jamais pu reprendre une activité normale, étant toujours limités par les couvre-feux ou les motifs impérieux.

Il est clair que les entreprises commencent à s’impatienter… Je vous confie que leur moral est en berne car l’espoir diminue au fil que les contaminations, elles, augmentent. Nous avons envie de croire que la faiblesse du virus Omicron va permettre de créer une porte de sortie, mais elle est encore difficile à entrevoir. 

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Vous semblez quelque peu pessimiste. Non ? 

Je suis quelqu’un de profondément optimiste, mais là je me dois d’être davantage ancré dans la réalité et elle n’est pas encourageante. Certes, l’État et la Région ont injecté beaucoup d’argent public pour tenter une sortie de crise et cela semble être bénéfique en métropole, or, en Guadeloupe, la situation est plus délicate. Avec à peine 50 % de la population vaccinée, les conditions sanitaires et sociales n’encouragent pas la reprise de l’activité économique touristique, qui représente à elle seule un milliard d’euros de recettes pour l’ensemble des entreprises guadeloupéennes.

Par ailleurs, les entreprises n’ont pas encore remboursé les PGE (Prêt Garanti par l’État). Combien d’entre elles ont-elles créé suffisamment de trésorerie en 24 mois pour pouvoir les rembourser ? Je pense que l’État va absorber les micros PGE mais cela n’évitera pas l’accélération de la défaillance des certaines entreprises, notamment les TPE qui constituent 90 % du tissu économique local. Je vais me battre pour qu’elles puissent tenir le coup, mais elles sont souvent très jeunes, vivent à flux tendu et elles n’auront pas les capacités de continuer si l’économie ne redémarre pas. 

« Il faut faire fi des croyances et se concentrer sur l’avenir. Je vais me battre pour que les TPE puissent tenir le coup. »

Que préconisez-vous ? 

La vaccination, je le répète. C’est la solution possible, disponible et immédiate. Je suis conscient qu’il existe une défiance vis-à-vis du gouvernement et des élus locaux, qu’elle est profonde voire historique, mais les Guadeloupéens doivent penser aux acteurs de l’économie qui sont en souffrance. Il faut faire fi des croyances et se concentrer sur l’avenir. 

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