Un magazine consacré aux femmes peut être irritant, car il fait valoir des choix, une vision et surtout ce n’est pas neuf. Mais alors que les femmes prennent part à l’élaboration de ce monde qui semble appartenir aux hommes, l’ambition de ce numéro exceptionnel permet de déployer de manière novatrice des destins inspirants, encourage la variété des vocations et affermit le statut de la femme en Guadeloupe. – Texte Laura Carvigan-Cassin, Maître de conférences en littérature, Vice-présidente du conseil d’administration de l’université des Antilles

Occupant l’industrie, la politique, la littérature, le monde des arts, la recherche, ces femmes démontrent que :

« Être femme ce n’est pas une donnée naturelle, c’est le résultat d’une histoire. Il n’y a pas un destin biologique, psychologique qui définisse la femme en tant que telle. C’est une histoire qui l’a faite. D’abord l’histoire de la civilisation qui aboutit à son statut actuel et d’autre part pour chaque femme particulière, c’est l’histoire de sa vie, en particulier c’est l’histoire de son enfance qui la détermine comme femme, qui crée en elle quelque chose qui n’est pas du tout une donnée, une essence, qui crée en elle ce qu’on appelait quelquefois l’éternel féminin, la féminité. »

Simone de Beauvoir, 1975.

Qu’elles soient professeure de médecine, enseignante-chercheuse, cheffe d’orchestre, directrice de structure d’accueil social, ambassadrice de la beauté de nos îles ou gardienne de savoir-faire comme celui du tourment d’amour, les femmes de Guadeloupe fabriquent une féminité faite d’amour de leur pays, d’intelligence et de passion, de persévérance et de créativité.

Parce que, comme nous l’indique la grande Chimamanda Ngozi Adichie, nous devrions tous et toutes être des féministes, il peut être intéressant de considérer ces parcours comme des clés libérant les femmes des rôles qui pourraient leur être assignés par les stéréotypes liés au genre.

Qu’elles s’appellent Suzy, Marielle, Marie-Line, Clémence ou Cillette, ces femmes savantes nous renvoient à la force de nos valeurs communes. 

Quel que soit leur domaine d’expertise, elles ont un jour lutté, combattu les préjugés, appris à vivre suivant les codes établis, pour accomplir la grande aventure d’être elles-mêmes.

« Il peut être intéressant de considérer ces parcours comme des clés libérant les femmes des rôles qui pourraient leur être assignés par les stéréotypes liés au genre. »

Nous assistons de page en page à la naissance de leur individualité, à l’expression de leur prodigieuse vitalité, à l’exposé de ces situations particulières vécues qui concourent à l’affirmation d’une personnalité. 

Contre l’idée d’un éternel féminin ou d’une supériorité d’un sexe sur l’autre, l’enthousiasme irréfragable de l’université des Antilles en faveur de ce projet de valorisation des femmes de Guadeloupe inscrit le vœu de réalisation de l’égalité entre femmes et hommes. Un jour.

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