« Dans la vie, il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Des preuves d’amour que Frédérique Dispagne se réjouit d’essaimer depuis son retour au pays à l’élue de son âme : la Martinique. – Texte Audrey Juge

Frédérique est Directrice de Vatel Martinique, première branche antillaise de la prestigieuse école de management de l’hôtellerie et du tourisme. Elle assure également la vice-présidence de l’association des commerçants de Fort-de-France, qui promeut le centre-ville et impulse sa vitalité, notamment au travers du projet Matinik Pli Bel et l’embellissement végétal de la rue Ernest Desproges inauguré ce mois de mars.

« Les premiers touristes de la Martinique sont les Martiniquais et je suis convaincue qu’on ne peut pas parler de stratégie touristique sans parler du chef-lieu d’un territoire ». Elle est aussi propriétaire du Patio Foyalais, un meublé touristique dans Fort-de-France entièrement bio-rénové par Bahbou Floro, street-artiste local travaillant les matières recyclées. « Il faut poser des actes. Dans ma vie quotidienne, j’essaie de servir la jeunesse martiniquaise, servir l’image de la destination touristique et servir son attractivité au travers de projets concrets ».

« Ma mère me disait que j’irais loin pour le pays. J’ai le sentiment qu’elle m’a transmis un flambeau. Et mon amour pour ma mère s’est transformé en passion pour la Martinique. »

L’appel des racines

Une enfance à Baie-des-Tourelles, surplombant le port, façonne ses premiers souvenirs du monde touristique. « Nous descendions avec ma mère dans le centre-ville en regardant les bateaux de croisière. Nous les nommions, les comparions… Ma mère a eu un rôle majeur dans mon rapport à la Martinique ». Pour autant, Frédérique ne se dit pas patriote de la première heure. « Je suis partie pendant 20 ans. C’est quand ma mère a eu un sujet de santé que je suis rentrée. Pour elle ». 

Mentor de la première heure, avocate et militante au service des causes martiniquaises, la maman fondatrice a laissé son empreinte, profonde et tenace au creux de la fille. « Elle était le centre de ma vie ». 

C’est donc il y a un peu plus de trois ans que Frédérique revient en Martinique. Avec dans ses valises un parcours d’excellence, mêlant DEUG de Droit, études de Commerce à la Goizueta Business School à Atlanta, un MBA à Vatel Paris et une belle expérience à l’international. Et c’est auprès de sa maman, jusqu’à la fin, qu’elle passe tout son temps. « Nous parlions de la Martinique à n’en plus finir. Elle me disait que j’irais loin pour le pays. J’ai le sentiment qu’elle m’a transmis un flambeau. Et mon amour pour ma mère s’est transformé en passion pour la Martinique ».

« J’espère participer à l’expansion de Vatel en Guyane et en Guadeloupe. Continuer à transmettre, car c’est en transmettant et en pratiquant qu’on atteint l’excellence. »

Suivre ses intuitions

Et si tout était le fait du karma ? D’une fortune incontrôlée qui nous ferait nous dire à un moment : cela a un sens. Pour Frédérique, une part de destinée tisse son cheminement. « Je cultive une certaine spiritualité et je crois qu’il y a des conjonctures mystérieuses qui jalonnent ma vie. Étudiante en commerce, je me suis demandée ce que je voulais réellement faire et j’ai expérimenté l’écriture automatique. J’ai écrit Vatel alors que je n’en avais jamais entendu parlé auparavant. Plus tard, alors que j’étais rentrée en Martinique, je me rends, à contrecœur et malgré l’état de ma mère, à un déjeuner à l’occasion de la future ouverture de Vatel Martinique. Quand je me présente à Patrice Fabre, PDG du groupe FD-Karibéa, je lui explique assez légèrement que j’ai fait Vatel Paris, que je suis martiniquaise et que je souhaite être intervenante à Vatel Martinique. Il m’a immédiatement demandé ma carte et je suis devenue Directrice ! Je pense que j’ai été guidée par l’univers ». 

Et puisqu’elle rayonne à l’idée de servir son île, Frédérique s’autorise les rêves les plus fous. « D’ici à cinq ans, j’espère participer à l’expansion de Vatel en Guyane et en Guadeloupe. Continuer à transmettre, car c’est en transmettant et en pratiquant qu’on atteint l’excellence. Aujourd’hui, c’est une très grande fierté pour moi d’avoir contribué à la formation de près d’une quarantaine de jeunes martiniquais et je suis confiante en leur destin. D’ici à dix ans, pourquoi ne pas piétonniser tout le centre-ville de Fort-de-France, afin que la commune soit sacrée « plus belle capitale de la Caraïbe ! » s’amuse-t-elle, pétillante d’ambition. 

« Il faut poser des actes. Dans ma vie quotidienne, j’essaie de servir la jeunesse martiniquaise, servir l’image de la destination touristique et servir son attractivité au travers de projets concrets ».

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