Organisation. En fédérant et en structurant les filières végétales de Guyane, l’interprofession poursuit ses efforts vers la souveraineté alimentaire du territoire. Une logique de renforcement de la production locale appuyée par l’actualité internationale. – Texte Audrey Juge

« Ce que nous proposons dans notre Plan de filière à l’horizon 2030 répond aux attentes actuelles du territoire. D’autant plus avec la crise ukrainienne », explique Gilles Sanchez, Président de l’IFIVEG (Interprofession des filières végétales de Guyane) et exploitant agricole. En effet, l’interprofession, qui travaille depuis 2012 à la structuration de la filière végétale, vise un objectif majeur : l’autonomie alimentaire de la Guyane. 

« Avec les hausses de prix exponentielles des matières premières, la démarche de produire et de consommer local prend tout son sens et constitue la clé du développement du territoire. »

Un Plan de filière ambitieux 

Dans cette optique, le Plan de filière à 2030 soumis en ce début d’année par l’IFIVEG à l’ODEADOM (Office de Développement de l’Économie Agricole d’Outre-Mer) et aux différents ministères a pour vocation de cerner les leviers à actionner pour atteindre la souveraineté alimentaire et neutraliser la dépendance à l’importation. « Nos axes de travail principaux sont de répondre à la demande des consommateurs en quantité et en qualité, de sécuriser les revenus des agriculteurs et de développer l’emploi dans les filières végétales. »

En dynamisant la production locale, en développant l’agro-transformation et en organisant mieux la production pour développer les circuits de commercialisation, l’IFIVEG entend renforcer la filière végétale guyanaise, réduire drastiquement les importations, et même, exporter les surplus de production comme pour la filière agrumes, au fort potentiel.

Selon Gilles Sanchez, « la situation en Ukraine impacte tous les maillons de la chaîne de la filière végétale qui vont avoir de plus en plus de mal à s’approvisionner en matières premières à cause des hausses des prix exponentielles. La démarche de produire et de consommer local prend tout son sens et constitue la clé du développement du territoire ».

« La vanille, le cacao ou le wassaï sont des productions de grande qualité facilement déployables et très demandées à l’international qui garantissent des revenus et sécurisent le développement des maraîchers. »

Diversifier les cultures

D’ici à 2030, les attentes en termes de volumes de production auront considérablement augmenté au vu de la croissance constante de la population guyanaise. S’intéresser à l’expansion de cultures peu développées constitue une des solutions envisagées par l’IFIVEG pour booster la production locale de qualité.

« La majorité des exploitations ont des rendements pour l’instant assez faibles. Cela nous laisse un grand champ d’actions pour dynamiser la production en prenant en parallèle de meilleures habitudes de culture et éviter l’importation de produits phytosanitaires. » Points de compost chez les maraîchers pour créer naturellement et localement de l’azote, paillages organiques, engrais naturels à base de fumier de poules, sont autant de techniques diffusées par l’IFIVEG.

Les cultures endémiques de la Guyane sont, d’autre part, un des points d’intérêt de l’interprofession. Pour Gilles Sanchez, « la vanille, le cacao ou le wassaï sont des productions de grande qualité facilement déployables en Guyane et très demandées à l’international. Nous encourageons les maraîchers à intégrer ces cultures dans leurs exploitations, car elles leur garantissent des revenus et sécurisent leur développement ».

« Pour favoriser l’autonomie alimentaire de notre territoire, la priorité est de soutenir les filières de diversification végétale en facilitant l’accès aux aides. »

La nécessité d’un appui technique

« Pour favoriser l’autonomie alimentaire de notre territoire, la priorité est de soutenir les filières de diversification végétale en facilitant l’accès aux aides. » En effet, l’accès aux financements du POSEI (Programme d’Option Spécifique à l’Éloignement et à l’Insularité) reste verrouillé, à l’instar des 2 % d’utilisation de ces aides par la Guyane, toutes filières confondues.

« Sur des cultures comme la tomate, le concombre ou le poivron, nous pourrions atteindre les 80 % de couverture du territoire en aidant techniquement les producteurs et en développant le parc de serres », affirme Gilles Sanchez. Avec un accompagnement des producteurs par des techniciens mobilisés sur du long terme et en travaillant sur les cultures existantes pour en augmenter les faibles rendements actuels, l’IFIVEG pourra déjà répondre en partie aux besoins du territoire.

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IFIVEG
Interprofession des filières végétales de Guyane 
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