Conversion. Avec la biomasse, le solaire et la géothermie, le producteur indépendant d’énergies renouvelables s’est imposé comme pilier essentiel de la transition de nos territoires vers l’autonomie énergétique. – Texte Audrey Juge

Depuis sa création, Albioma se distingue par son modèle en perpétuelle évolution et adaptation aux enjeux de la transition énergétique. Au travers de l’utilisation des résidus de biomasse végétale pour ses centrales thermiques et le développement du solaire, Albioma répond à la nécessité urgente des Antilles-Guyane de « changer d’énergie ».

La biomasse, clé de la transition des territoires

En misant sur le principe de cogénération de ses centrales thermiques – possibilité de créer simultanément de l’électricité pour le réseau EDF et de la chaleur à revaloriser, à partir d’une même source d’énergie primaire – l’entreprise a renforcé de manière innovante et performante son engagement en faveur de l’environnement. 

Depuis 30 ans, Albioma a créé un partenariat unique avec le monde sucrier. En installant ses centrales aux côtés des usines, Albioma a développé avec elles un fonctionnement symbiotique, porteur pour les territoires insulaires et isolés. Nicolas De Fontenay, directeur Antilles Guyane du Groupe, explique : « En Guadeloupe, la centrale thermique, installée au Moule depuis 1998, alimente la sucrerie en électricité et en vapeur, en échange de sa bagasse en période sucrière. Cela a permis la pérennisation de la filière, mais aussi la production d’électricité pour alimenter le réseau EDF et lui garantir une meilleure stabilité ».

« La tranche 3 de notre centrale du Moule fonctionne à 100 % avec de la biomasse depuis novembre 2020 et nous sommes en cours de conversion des deux autres tranches de cogénération. »

Une valorisation à haute valeur énergétique qu’Albioma pousse encore plus loin, en passant l’alimentation de l’ensemble de ses centrales du charbon à la biomasse. « Nos sites participent à la transition énergétique en supprimant totalement le charbon. La tranche 3 de notre centrale du Moule fonctionne à 100 % avec de la biomasse depuis novembre 2020 et nous sommes en cours de conversion des deux autres tranches de cogénération », confirme le directeur. 

En Martinique, Albioma a construit et exploite depuis 2018 Galion 2, la première centrale thermique 100 % biomasse d’Outre-mer, qui permet de couvrir près de 15 % des besoins en électricité de l’île. « Pour Galion 2, l’objectif est d’augmenter la part de biomasse locale. Nous avons développé un partenariat avec l’ONF (Office National des Forêts) pour lutter contre les espèces invasives et en faire de la biomasse, ainsi qu’avec certaines collectivités pour récupérer les restes de bois de chantiers de construction. »

Le passage à la biomasse est donc une étape clé pour répondre aux objectifs du mix énergétique des Antilles-Guyane et dynamiser l’économie circulaire, en valorisant les déchets verts ou en développant de nouvelles filières locales.

« Nous avons développé un partenariat avec l’ONF (Office National des Forêts) Martinique pour lutter contre les espèces invasives et en faire de la biomasse. »

Le solaire, vecteur d’indépendance énergétique

« Le solaire est de plus en plus performant. En 10 ans, pour une même surface, nous avons énormément gagné en puissance », affirme Nicolas de Fontenay. En effet, ce sont près de 35 MWc (Mégawatt-crête, unité de mesure des panneaux photovoltaïques) qui ont été installés sur les Antilles-Guyane depuis 2008, faisant d’Abioma le premier producteur d’énergie solaire de la Guyane et de la Martinique. 

Grâce à des projets solaires avec stockage d’énergie qui pallient l’intermittence des productions des installations classiques, Albioma participe à l’accroissement de la production d’EnR pour faire face au défi de la transition énergétique de nos territoires.

  • En Guadeloupe, le Groupe exploite quatre centrales photovoltaïques, dont Sainte-Rose, située sur un terrain appartenant au centre de traitement et de valorisation des déchets de l’Espérance, qui a permis d’accroître considérablement les capacités de production d’énergie verte d’Albioma sur l’archipel en 2019.
  • En Martinique, c’est un parc photovoltaïque au sol (à Lassalle) ou en toiture de bâtiments industriels ou de résidences, qui permet de produire près d’un quart de la consommation d’électricité solaire de l’île.
  • En Guyane, Abioma exploite deux centrales photovoltaïques dont la plus grande d’Outre-mer, celle de Kourou, qui, avec ses 160 000 modules installés, peut produire en pointe jusqu’à 10 % de l’électricité du territoire.

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Objectif 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030

Les projets sont nombreux pour Albioma qui fourmille d’idées innovantes. Selon Nicolas De Fontenay, « notre objectif est d’atteindre près de 100 % d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique en 2030 ». Pour ce faire, le Groupe envisage d’ici à 2027 de produire de l’énergie à partir de la combustion d’une partie des déchets ménagers de la Guadeloupe. « Cela permettra de fabriquer un combustible endogène qui sera réinjecté sous forme d’énergie dans le réseau guadeloupéen. Une gestion optimisée des ordures ménagères qui nous mènera vers la réduction de l’importation de la biomasse. »

L’entreprise a également été lauréate d’un permis de recherche exclusif en Guadeloupe sur la géothermie. En Martinique, il est prévu de planter de la canne sur des terres non-cultivables pour l’alimentation, dans le but de produire de la biomasse locale ou du bioéthanol, utile à la mobilité ou pour une turbine à combustion. 

Et en Guyane, territoire au fort potentiel par l’augmentation régulière de sa démographie, Albioma développe notamment des solutions de puissance garantie à partir du solaire et étudie des opportunités d’installation de centrale biomasse dans le grand ouest guyanais.

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