Vous êtes arrivé à la présidence du Conseil départemental dans un contexte de crise à la fois sanitaire et social. Que faut-il retenir de ces premiers mois ? 

Guy Losbar, président du Département : Mon arrivée à la présidence du Conseil départemental s’est déroulée dans un contexte mouvementé. Nous avons dû, avec les conseillers départementaux, trouver des solutions rapides aux conséquences de la crise sanitaire et mobiliser toutes les parties prenantes du secteur. Nous avons pu mettre à disposition du matériel pour les professionnels de santé et renforcer la communication sur la situation sanitaire. 

La fin de l’année a vu se dessiner une crise sociale inédite. Une partie de notre jeunesse a fait entendre sa voix, parfois de manière non-conventionnelle. Nous l’avons entendue et nous sommes attelés à trouver des réponses. Ainsi, nous avons réussi un tour de force en réunissant l’ensemble des élus pour trouver des solutions pérennes à cette crise généralisée à travers la plateforme de propositions des élus guadeloupéens. Nous avons élaboré une série de mesures et l’avons présentée au Président de la République. Dans les prochains mois, nous poursuivrons la mise en œuvre concrète de ces solutions, pour la Guadeloupe.

Penser Guadeloupe et agir Guadeloupe, c’est plus que jamais œuvrer à faire peuple et conduire des politiques publiques qui parlent véritablement à la population.

Guy Losbar, président du Conseil Départemental de Guadeloupe

« Nous devons aussi tourner notre engagement vers un territoire ambitieux et attractif, dans l’agriculture, la pêche, le patrimoine ou encore la culture. »

Vous entendez porter une ambition forte pour la Guadeloupe, dans le domaine des solidarités et de l’équilibre territorial. Comment se décline cette vision ? 

Pendant la campagne électorale et depuis mon investiture, j’ai émis la forte volonté d’avoir une collectivité résolument au service et à l’écoute des Guadeloupéens. Cela signifie concrètement qu’il faut être apte à penser une collectivité ambitieuse au niveau de ses politiques publiques. Une collectivité plus à l’écoute, plus humaine, plus réactive aussi.

C’est le sens même de notre Plan de Mandature pour 2021-2028, qui s’articule autour de trois axes : la responsabilité, les solidarités et le territoire. La responsabilité, c’est pouvoir répondre aux conséquences de la crise et apporter des solutions aux mutations de notre société. Pour les solidarités, avoir l’ambition de penser et agir afin d’optimiser les politiques publiques envers les personnes âgées, la famille, la jeunesse ou encore les personnes en situation de handicap. Nous devons aussi tourner notre engagement vers un territoire ambitieux et attractif, dans l’agriculture, la pêche, le patrimoine ou encore la culture. 

Enfin, répondre aux attentes et aux besoins des Guadeloupéens, c’est évoluer vers une nécessaire modernisation de notre administration et une meilleure collaboration entre les collectivités, notamment à travers le Contrat de Gouvernance Concertée.

« Il nous faudra faire preuve d’intelligence, de solidarité et d’efficacité dans notre nouveau rapport avec l’État, qui se veut plus partenarial que tutélaire. Je crois que c’est essentiel. »

Après une année ponctuée d’élections, comment s’annonce la rentrée politique ? Quels seront les grands chantiers ? Comment entendez-vous renouer avec une population qui se désintéresse de la politique et de la chose publique ? 

Je crois que le temps de l’action concrète au service du pays est arrivé. Et pour cela, je suis résolument optimiste quant au rôle central que nous avons. C’est avec sérénité que nous travaillerons dans les prochains mois à la mise en œuvre du plan d’urgence au sein de la MDPH, à proposer un transport public gratuit pour tous à l’horizon 2024-2026, à mobiliser l’ensemble de nos ressources en eau pour accompagner les agriculteurs qui souffrent de la sécheresse et également, à favoriser l’insertion des jeunes et des bénéficiaires du RSA, avec, notamment plus de 200 recrutements au sein de la collectivité.

Enfin, et je crois que c’est essentiel, il nous faudra faire preuve d’intelligence, de solidarité et d’efficacité dans notre nouveau rapport avec l’État, qui se veut plus partenarial que tutélaire. L’enjeu est ici d’avoir des avancées tangibles sur les dossiers de l’eau, des conditions de vie, du logement ou encore, du transport. 

Ce qui m’importe, c’est conduire des politiques publiques véritablement utiles à la population. Renforcer les solidarités avec les citoyens et les territoires, œuvrer avec optimisme à la mise en œuvre de notre plan de mandature, telle est notre boussole, notre ambition collective pour la Guadeloupe.

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Handicap : une prise en charge collective, partout 

La prise en charge collective du handicap est une priorité essentielle et majeure.
L’urgence est d’arriver à ce que tous les dossiers des personnes en situation de handicap au sein de notre département puissent être traités en temps et en heure par les services de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et les services départementaux. À ma prise de fonction, nous avions près de 8 000 dossiers en attente. Dès le mois de février 2022, nous avons mis en place un plan d’urgence afin de réduire drastiquement le nombre de dossiers en attente.

Pour créer une Guadeloupe plus inclusive, nous travaillerons à atteindre 100 % des collèges accessibles aux porteurs de handicap (physique et sensoriel), à avoir une meilleure prise en charge du handicap des jeunes confiés (renforcement de la collaboration avec le Rectorat, la MDPH et l’ARS) mais également, à créer une Maison du Handicap d’ici fin 2024.

L’environnement, enjeu d’une politique durable et ambitieuse

Mon leitmotiv est de faire de la Guadeloupe un territoire durable, vert et résilient. À ce titre, le Département se doit d’être exemplaire en s’engageant à réduire d’au moins 40 % la consommation énergétique de nos bâtiments à l’horizon 2030 et à mettre à jour le Bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES) de la collectivité.

Au niveau de nos politiques publiques, nous devons assurer la protection de nos écosystèmes et de nos sols, fournir les conditions pour une pêche durable et également réduire les consommations énergétiques dans le cadre de la rénovation du bâti.

Des travaux pour la sécurité de tous

Dans ce domaine, il nous faut entretenir et moderniser les routes départementales (pour la sécurité et le confort des usagers) et surtout, créer des pistes cyclables afin de généraliser la pratique du vélo. Nous devons aussi éclairer comme il se doit nos routes et assurer l’embellissement de nos tronçons.

Au titre de notre Plan de Mandature, nous nous sommes fixés des objectifs précis avec, au second semestre 2022, l’élaboration d’un Plan Vélo et la mise en œuvre d’un programme d’électrification verte sur toutes les routes.

La culture et le patrimoine au service du développement économique 

Nous portons l’ambition de faire de la culture et du patrimoine de véritables leviers de développement. Démocratiser la culture et permettre un accès à tout un chacun, c’est le sens des actions que nous menons depuis le début, à travers la mise en œuvre de résidences d’artistes ou encore, l’ouverture de nos sites à différentes activités culturelles et ludiques. 

Dans le cadre de l’opération Bopo Foliz (sur le site de Beauport, à Port-Louis), petits et grands retrouveront de nombreuses activités et concerts jusqu’à la mi-août. Nous tenons véritablement à valoriser les artistes et leurs représentations au sein des sites patrimoniaux. Dans les prochains mois, nous publierons une série d’informations sur les différents forts de la Caraïbe, à travers le projet Cariforts.

Faire vivre la culture et le patrimoine, c’est travailler de manière collaborative avec les autres acteurs du territoire afin de développer des Contrats de Péyi permettant de mettre en exergue nos identités territoriales et de sanctuariser l’accompagnement financier pluriannuel du Département envers les communes et les EPCI. Ce sera également le sens même du Schéma Départemental des Industries Culturelles et Créatives, qui sera élaboré dans le cadre du Contrat de Gouvernance Concertée.

Enfin, un autre volet qui aura toute notre attention durant les prochains mois : la valorisation de la lecture publique et la lutte contre l’illettrisme, nous touchant encore trop durement. Nous continuerons le travail que nous menons auprès des bibliothèques, médiathèques et collèges afin d’encourager à la lecture, partout pour tous.

Solidarités et générations : réussir le défi du vieillissement de la population et de l’insertion

Le temps d’une génération, nous passerons du 3ème département le plus jeune au 3ème département le plus âgé sur le plan national. L’enjeu est donc le vieillissement de la population. 
Nous nous devons d’apporter des réponses concrètes, pour nos aînés et leurs familles, comme notamment le renforcement du maintien à domicile (avec le portage de repas, les aides au déplacement, les aides techniques à la transformation du domicile) ou encore, l’investissement dans la silver economy, en accompagnant les porteurs de projet.

Avec les jeunes, nous travaillerons à la mise en œuvre d’un Conseil départemental des jeunes, permettant de faire des propositions concrètes et chiffrées sur la vie citoyenne, le renforcement de l’insertion, le retour au pays et le lien intergénérationnel. Souvent, cette jeunesse nous a fait le reproche de ne pas aller suffisamment vers eux. Or, nous avons beaucoup de dispositifs qui accompagnent le parcours d’intégration dans son intégralité.

Pour les publics les plus jeunes, nous serons présents partout avec la création des ambassadeurs du Département dans chaque commune de l’archipel. Ces derniers seront chargés d’expliquer les dispositifs départementaux auprès de chaque citoyen dans son quartier. 

Sport et santé : une ambition partagée 

La Commission Promotion de la santé de la collectivité travaille à conforter l’enjeu du mieux-être, en liant activité physique et bonne santé. C’est dans cet état d’esprit qu’elle fait une priorité les trois piliers de la promotion de la santé que sont l’alimentation équilibrée, l’activité physique (pistes cyclables, parcours sportifs), l’accès aux soins pour tous. Sur ce dernier point, nous misons résolument sur le pari de la proximité en positionnant les dispensaires comme lieux pivots de l’éducation à la santé.
Nous nous attacherons à assurer  l’accessibilité pour toutes nos infrastructures et pour nos publics. Nous y veillerons en particulier pour nos aînés et pour nos usagers en situation de handicap.