Parcours. Nos territoires permettent-il d’envisager tous les parcours ? La rédaction fait un zoom sur des carrières d’ultramarins capables d’interroger et d’inspirer la jeunesse. Ce mois-ci : Christophe Valère Montout, climatologue et responsable des rapports du GIEC sur les Antilles. 

« Le climatologue doit étudier le climat sur une longue période, contrairement au météorologue qui analyse le temps jour après jour. »

En quoi consiste votre métier ? 

Le climatologue doit étudier le climat sur une longue période, contrairement au météorologue qui analyse le temps jour après jour. Ainsi, je m’intéresse à toutes les problématiques chroniques du climat : le réchauffement climatique, les sargasses dans nos territoires insulaires, les cyclones, les inondations, etc. C’est un métier très spécialisé et qui demande de longues études.

Dans mon quotidien, en tant qu’expert-météo, j’écris des rapports pour ceux qui ont besoin d’une expertise sur le climat. Mais mon métier ne s’arrête pas là. Je suis prévisionniste des sargasses en Guadeloupe, responsable des rapports du GIEC sur les Antilles, responsable du C3AF (Changement Climatique et Conséquences sur les Antilles Françaises) et  responsable du CariCOF (Caribbean Climate Outlook Forum). J’enseigne également quand cela m’est possible et j’oriente des chercheurs dans leur thèse. 

« Le fait d’avoir vécu Hugo en Guadeloupe m’a ouvert les yeux sur la météorologie locale. Je voulais comprendre pourquoi mon chez-moi avait été dévasté et comment le protéger face aux nouveaux risques. »

C’était sans doute assez peu commun de vouloir devenir climatologue il y a 20 ans… Comment avez-vous découvert le métier la première fois ? 

En 1989, le cyclone Hugo ravageait toute la Guadeloupe. Je me souviens que nous sommes restés plusieurs mois sans école, sans rien. Quand nous avons repris les cours, nous avons été envoyés pour décharger la Calypso, le navire du commandant Jacques-Yves Cousteau, qui faisait l’aller-retour entre la Martinique et la Guadeloupe, pour le ravitaillement. Je croise monsieur Cousteau en personne avec son petit bonnet rouge sur la tête. Je ne sais pas pourquoi, mais on commence à causer sur tout et rien et je lui pose des questions sur son métier. « Je suis météo-océanographe », me répond-il. Vous devinez qu’à l’époque, je ne savais rien sur ce métier. Mais c’est devenu le mien. Le fait d’avoir vécu Hugo en Guadeloupe m’a ouvert les yeux sur la météorologie locale. Je voulais comprendre pourquoi mon chez-moi avait été dévasté et surtout, comment le protéger face aux nouveaux risques. 

« Il faut être très motivé, car pour devenir climatologue, il faut suivre de longues études, niveau BAC + 8 généralement. »

Les Antilles-Guyane étant particulièrement concernées par ces questions de catastrophes naturelles et de réchauffement climatique, météorologues et climatologues trouvent-ils facilement des débouchés ?

Je travaille à Météo France depuis la Guadeloupe avec une collègue et il faut savoir que nous sommes six climatologues pour toutes les Antilles-Guyane. Au niveau de la formation, il faut être très motivé, car pour devenir climatologue, il faut suivre de longues études, niveau BAC + 8 généralement. Il existe l’École nationale de la météorologie à Toulouse, mais sur concours uniquement.

Dans nos territoires, nous proposons des formations pour exercer dans l’environnement, de la licence jusqu’au doctorat. Nous avons aussi une bonne structure pour la recherche avec plusieurs laboratoires (LARGE, ACTES…). L’étudiant peut également passer par la voie militaire, la voie que j’ai empruntée et que j’ai poursuivi durant 12 ans. Le chemin est plus étroit, car en plus de poursuivre des longues études, il faut avoir un bon conditionnement physique et psychologique. 

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