Et si on permettait aux publics en difficulté de s’insérer par les métiers de l’environnement ?

Une situation de handicap, des démêlés avec la justice, un contexte de surendettement : il y a autant de raisons de se retrouver en marge du système que de récits de vie. « Alors que je m’alarmais de la surconsommation et du gaspillage importants sur notre île, je me suis rendu compte des difficultés d’une partie de la population, vivant dans une grande précarité matérielle », raconte Franck Phazian, windsurfeur de compétition, à l’origine de la création de l’association Kazabrok Kazarecycle.

L’ambition ? « Lutter contre les exclusions en même temps que le gaspillage, par le biais d’activités écoresponsables ainsi que de dispositifs de formation et de sensibilisation au tri, à la réparation et au réemploi. » Nou La Osi, projet d’insertion par la voile traditionnelle et la fabrication de canots, et Lanmen an lanmè, initiative de dépollution des fonds marins et du littoral, comptent ainsi parmi les actions les plus emblématiques de l’association.

En 2015, en démantelant des machines à laver défectueuses pour alimenter la ressourcerie de l’association, Franck Phazian a l’idée d’en utiliser les lests pour en faire des récifs artificiels* dans le cadre d’un chantier d’insertion… et ainsi restaurer les écosystèmes marins tout en servant de dispositifs de mouillage écologique pour les bateaux, qui raclent habituellement le lagon avec leurs ancres !

« Il me semble essentiel de donner l’opportunité à la jeunesse de s’impliquer dans les métiers de l’environnement et de la biodiversité afin de préparer la Guadeloupe du futur. »

Former 100 jeunes aux métiers de l’environnement

Un engagement remarquable qui retient l’attention de l’Office de l’Eau de Guadeloupe (OE971) et sera à l’origine d’un nouveau défi pour Kazarecycle : former 100 jeunes éloignés de l’emploi aux métiers de l’économie verte et bleue. L’action Jenn’Pouss, portée en collaboration avec l’ODE, vise ainsi à « faire émerger des filières de la biodiversité encore peu présentes sur le territoire, pour préparer la Guadeloupe du futur » explique Franck Phazian. Et ainsi permettre de devenir scaphandrier, plongeur ou encore garde littoral et forestier, sans quitter l’île.

« Il me semble essentiel de donner l’opportunité à la jeunesse de s’impliquer dans les métiers de l’environnement et de la biodiversité afin de mieux anticiper les enjeux du dérèglement climatique et préserver notre qualité de vie et notre santé », indique le président de Kazarecycle. En pratique, Jenn’Pouss s’attache à réadapter les publics en difficulté à la possibilité de suivre une formation, avant de pouvoir réaliser des expériences en entreprise. Une bourse d’emploi ainsi qu’un incubateur complètent le dispositif, dans l’optique d’accompagner à l’expérimentation et la mise en place de projets d’entreprise innovants.

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Jenn’Pouss, un projet citoyen

À l’occasion du Traditour 2022**, Jenn’Pouss est allé à la rencontre de la population afin de faire connaître le dispositif, d’inviter à participer à l’action de préservation des milieux aquatiques et de l’environnement et de permettre à tout un chacun de partager témoignages et observations sur la situation des littoraux guadeloupéens. Suite à cette action, ce sont pas moins de cinquante jeunes de l’archipel guadeloupéen qui ont intégré le dispositif et qui pourront, dès le mois de septembre, faire part de leurs ambitions et attentes, découvrir des métiers auxquels ils n’auraient pas pensé pouvoir prétendre, et ainsi aspirer à un avenir meilleur.

*Les récifs artificiels servent d’habitat à la faune et à la flore marines
**Tour de la Guadeloupe de voile traditionnelle

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