Réseau. Être connecté tout en étant loin. Facile avec internet, mais difficile sans réseautage. Comment trouver le job de rêve en Outre-mer sans être sur place ? Comment garder son réseau quand la distance empêche même de le créer ? Toutes ces questions ont résonné au sein du ministère chargé des Outre-mer, le 6 octobre dernier, lors de la deuxième édition de la DDK. Retour en images dans une soirée où la tech et l’emploi étaient au rendez-vous. – (Texte et Photo Karollyne Hubert)

C’est dans le septième arrondissement de Paris que les dirigeants d’entreprises et chercheurs d’emploi sont attendus. En arrivant à la salle Félix Éboué, on s’attend déjà à ce que nos sacs soient vérifiés et revérifiés par la sécurité du bâtiment.

Nom sur la liste, identité dans la poche, ça y est ! On finit par traverser la belle bâtisse qui porte le nom de celui qui fut un grand politicien guyanais.

Si l’on prend le temps de détailler ce moment presque historique, c’est parce que comme le précise Ismaly Ouedy, chargée de développement économique chez MartiniqueTech, « rares sont les ultramarins qui ont la chance de visiter le ministère des Outre-mer. Nous sommes très heureux de les accueillir pour cet évènement dans un lieu qui leur est destiné ».

Un propos qui aura d’ailleurs été repris par Jean-Laurent Lastelle, conseiller culture, histoire et mémoire au cabinet auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.

DDK 2022 by MartiniqueTech
DDK 2022 – Photo Karollyne Hubert

Un besoin de connexion 

Si l’on s’attendait à simplement partager des cartes de visite autour d’un verre, le rendez-vous ambitionnait d’aller plus loin : là-bas, dans ces terres qui nous attendent avec impatience.

La DDK est une initiative du MartiniqueTech, de la FEDOM et du ministère des Outre-mer. Animé par le président de MartiniqueTech, Emmanuel Joseph, l’évènement, destiné aux demandeurs d’emploi et aux entreprises installées en Outre-mer, a pris une ampleur plus importante.

Plusieurs chefs d’entreprises dans la tech ont ainsi profité de l’occasion pour dresser un état des lieux du marché numérique dans leurs territoires.

Aujourd’hui, ces écosystèmes présents en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à la Réunion et à Mayotte rencontrent encore quelques difficultés à trouver des personnes qualifiées, principalement quand il s’agit d’innovation et de technologie.

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DDK 2022 by MartiniqueTech
DDK 2022 – Photo Karollyne Hubert

L’idée pour nous, c’est de favoriser l’échange autour du recrutement dans la tech dans les territoires ultramarins tout en favorisant le retour au pays, pour ceux qui le souhaitent, et en mettant en lumière toutes les opportunités.

Ismaly Ouedy, chargée de développement économique chez MartiniqueTech

« Il est difficile de créer son réseau quand nous avons uniquement des liens avec nos familles sur place. Il est d’autant plus difficile de garder du lien avec l’actualité locale. Ironique à l’heure où les réseaux sociaux permettent finalement une connexion continue. Il est donc nécessaire que des rendez-vous récurrents soient organisés pour animer la diaspora ultramarine présente en France hexagonale. Ce type d’évènement permet de connecter l’offre à la demande, peu importe d’où l’on vient et où l’on va. Une opportunité de se reconnecter à l’actualité du territoire et de rencontrer ceux qui font le territoire », explique Ismaly.

Emmanuel Joseph, directeur MartiniqueTech
Emmanuel Joseph, président de MartiniqueTech – Photo Karollyne Hubert

Un événement qui veut s’inscrire dans la scène tech ultramarine

Pourquoi créer un évènement sur la diaspora et le digital ? Pour Ismaly, le concept est simple, mais la réalité derrière reste complexe.

La tech, c’est un marché qui recrute, mais qui a du mal à trouver son public en Outre-mer. Pourtant, nombreux sont les ultramarins partis se former qui aspirent à rentrer et à exercer chez eux.

« À l’heure actuelle, où nous parlons de l’explosion du digital partout dans le monde, chez nous, il devient primordial d’avoir des profils qui répondent aux besoins en la matière », confirme Ismaly.

C’est en raison de cela que tous les acteurs de la tech en Outre-mer étaient réunis à cet évènement : MartiniqueTech, GuadeloupeTech, Martinique Digitale, French Tech Martinique, French Tech Guyane, la French Tech Guadeloupe, Mayotte in Tech… et même les acteurs en dehors de celle-ci : La FEDOM (Fédération des Entreprises d’Outre-mer), le ministère des Outre-mer…

« S’il est vrai que le numérique prend de plus en plus une place prépondérante dans notre quotidien, nous nous rendons compte qu’il reste un peu nébuleux pour le commun des mortels. Et l’idée de ce projet, c’est de pouvoir affirmer le secteur du numérique comme un secteur transversal afin d’attirer des acteurs de tous horizons », affirme-t-elle.

Axel Loupeda (Belpair) et Vincent Reboul (Bitwip/ FRench Tech Guyane)
Axel Loupeda (Belpair) et Vincent Reboul (Bitwip, French Tech Guyane) – Photo Karollyne Hubert

D’ailleurs, l’ensemble des entreprises inscrites à l’afterwork n’étaient pas majoritairement dans la tech. L’événement a permis de réunir : une banque, un aéroport, une entreprise dans l’énergétique, un organisme de prévoyance social, un groupe dans la grande distribution, des agences de communication…

Au total, plus d’une quinzaine d’entreprises ont participé avec plus d’une trentaine d’offres d’emploi sur les Antilles-Guyane et la Réunion. C’est la première fois que MartiniqueTech organise ce type d’évènement en partenariat avec la FEDOM et le ministère des Outre-mer.

Mobiliser tous les acteurs de la tech en Outre-mer

Généralement, dans les soirées networking, chacun reste dans son coin avec ses connaissances déjà acquises, à regarder qui est présent, qui ne l’est pas, comment prendre le bon contact, comment partir au plus vite… Là, il s’agissait plutôt d’une discussion ouverte.

C’est dans cette stratégie d’aller vers le public que l’équipe de MartiniqueTech cherche à mettre en lumière “le marché caché de l’emploi”, tel que décrit une des participantes.

À distance, sans les bons contacts les ultramarins de métropole ont la plus grande peine à être au courant des offres et besoins des entreprises locales. Il existerait ainsi un réseau très puissant au sein dans nos territoires, mais difficile d’accès. La tenue d’événements tels que la DDK veulent décloisonner le marché du travail ultramarin et reconnecter entreprises et candidats. 

D’autres structures comme la FEDOM, aussi partenaire de l’évènement, étaient présentes. Sa secrétaire générale, Françoise de Palmas, a plusieurs fois pris la parole dans le but d’expliquer l’importance de ce type d’évènement.

Françoise de Palmas, secrétaire générale FEDOM
Françoise de Palmas, secrétaire générale FEDOM – Photo Karollyne Hubert

Pour elle, « cela permet aux entreprises et aux chercheurs d’emploi de mieux se préparer, de savoir à quoi s’attendre en arrivant, de se projeter à long terme et puis de comprendre le marché de la tech dans ces régions. »

Pour aller plus loin
FEDOM (Fédération des Entreprises d’Outre-mer) est une organisation patronale présente dans l’ensemble des territoires ultramarins. Le but de l’association est de soutenir les entreprises locales et de les représenter auprès des différents interlocuteurs politiques et administratifs, en passant par la législation et en allant jusqu’à la réglementation.
GuadeloupeTech un cluster basé en Guadeloupe qui valorise la filière numérique locale.
Martinique Digitale une structure fédératrice qui met en avant les acteurs du digital en Martinique.
MartiniqueTech ou #mqtech est une association organisation patronale qui démocratise le secteur de la tech en Martinique.
French Tech Martinique, French Tech Guyane et French Tech Guadeloupe accompagnent les start-up ultramarines et aident à booster leur croissance.
Mayotte in Tech fédère les entreprises et les acteurs du digital.

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