Victime d’une panne de ses pilotes automatiques après une journée de course, David Ducosson devrait en avoir fini avec les réparations ce lundi, à Lorient. Mais le Guadeloupéen, frustré d’avoir laissé filer ses camarades de jeu, attend une fenêtre météo favorable pour quitter le port dans de bonnes conditions. A priori pas avant jeudi.

David, comment te sens-tu aujourd’hui lundi ?

Physiquement, ça va, mais moralement, je suis forcément très déçu de ne pas pouvoir être avec mes petits camarades. Mais bon, c’est le jeu. Il y en a d’autres qui ont connu des problèmes bien plus graves que moi. J’essaie donc de relativiser.

Que s’est-il passé pour que tu décides de rentrer à Brest, dans un premier temps, avant de finalement rejoindre Lorient ?

J’ai connu une panne de pilote automatique, juste après le passage d’Ouessant. Le pilote principal ne fonctionnait plus et celui de secours buggait. J’ai donc pris la décision de me dérouter vers Brest. Laurent, mon frangin, qui est à la fois mon préparateur, mon boat captain, mon électronicien et mon mécanicien (rires) a fait un travail remarquable. On pensait avoir trouvé la solution, mais ça a de nouveau déconné en sortant de Brest. C’est un système assez complexe. On a donc choisi de rejoindre Lorient pour s’attacher les services d’un spécialiste en électronique, qui a l’habitude de bosser sur des bateaux de course. 

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Il n’aurait pas pu venir à Brest ?

Si, bien sûr, mais dans l’optique de repartir en course, il était plus prudent d’être à Lorient. La sortie de la rade de Brest, surtout avec un vent d’ouest et des vents forts comme prévu ces prochains jours, aurait été trop risquée. À Lorient, on revient un peu sur nos pas vers l’est, mais on gagne sur le sud. Et la sortie se fait par un petit chenal plus sécurisant.

Dans le bon tempo en début de course, David Ducosson a malheureusement dû rejoindre Brest, puis Lorient, pour réparer ses pilotes automatiques. © Ready Prod

La panne est arrivée très vite, y avait-il un souci dès le départ ?

Franchement, lors de nos tests d’avant course, on n’avait rien remarqué de particulier. Mais il suffit que les câbles soient un peu endommagés… Ça ne pardonne pas avec les conditions de mer. Même si elles n’étaient pas exceptionnelles, on a navigué au près et le bateau a été beaucoup secoué dans les vagues.

« L’idée, c’est de ramener le bateau en sécurité en Guadeloupe. »

Quand penses-tu pouvoir repartir ?

Les réparations devraient être terminées en fin de journée (ce lundi, NDLR), mais la situation météo est très compliquée, avec un enchaînement de gros coups de vent ces prochains jours, plus forts que ce qu’on a pu connaître jusque-là. Les copains sont déjà loin, je n’ai plus d’objectif de résultats, donc l’idée, c’est uniquement de ramener le bateau en sécurité en Guadeloupe, avant la date limite et sans déclencher les secours. J’espère trouver une petite fenêtre météo, ou plutôt une lucarne, pour repartir, peut-être jeudi. On étudie les fichiers toutes les trois heures, mais on ne prendra pas de risque, vu les dégâts qu’on a pu voir sur la flotte. Les dépressions s’enchaînent à un rythme incroyable, avec des restes de cyclones tropicaux mêlés à diverses tempêtes. J’ai l’impression que c’est pire qu’il y a quatre ans.

Tu dois ressentir beaucoup de frustration, après une bonne entame de course ?

Oui, car même si la route était encore longue, j’avais plutôt bien négocié la sortie de la Manche, malgré la fatigue. Je n’avais pas dormi du tout la première nuit, car il fallait être très vigilant face à un trafic très intense, avec 138 bateaux sur l’eau. J’ai d’ailleurs failli avoir une collision avec Use It Again (Romain Pilliard en est le skipper en Ultim, NDLR). C’est passé à 100 m ! C’est très frustrant car tout allait bien, le bateau aussi. La panne serait arrivée plus tard, dans les alizés, j’aurais pu continuer, mais là, il n’était pas raisonnable d’aborder le Golfe de Gascogne dans ces conditions.

On imagine que tu as été marqué par le chavirage de ton ami Thibaut Vauchel-Camus et le démâtage de Damien Seguin ?

Je suis très triste pour Thibaut, ça me fait de la peine. Il était devant, il aurait pu l’emporter. Mais ils ont fait face à des vents très violents, avec des changements de direction. Ça a causé de gros dégâts. Damien, lui, est rentré à Lorient. Je sais qu’il est arrivé par ses propres moyens, sous gréement de fortune, mais je ne l’ai pas croisé. Il doit être assez occupé aussi.

Il y a quatre ans, tu avais déjà dû rentrer à Lorient pour causes d’avaries diverses, avant d’abandonner…

Oui, ça me rappelle effectivement de mauvais souvenirs. Mais c’est un coin que j’aime bien malgré tout.

Un dernier petit mot pour le public guadeloupéen et tes amis qui t’attendent ?

Je veux juste leur dire qu’on est vraiment à fond pour trouver une porte de passage et arriver le plus rapidement possible, avant la fermeture de la ligne (le 4 décembre, NDLR). Je n’ai pas envie d’avoir fait tout ça pour rien.

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