Dans la petite école Faustin Bardochan, dite l’école des Plaines, à Pointe-Noire, en Guadeloupe, on se prépare à mettre la Route du Rhum au rythme scolaire. Les enseignantes des trois classes que compte l’établissement ont décidé d’arc-bouter tout leur projet pédagogique des semaines précédant la course sur ce thème : un moyen d’aborder ludiquement toutes les matières, autour d’un héros, Kéni Piperol.

  • «Mon premier est un képi à qui on a remplacé le P par le N ».
  • « Mon second est un objet qui sert à fumer ».
  • « Mon dernier est les paroles et les gestes du personnage que les acteurs doivent jouer ».
  • « Mon tout est un jeune skipper guadeloupéen ».
Les écoliers et le Rhum

Véronique Gombauld, directrice de l’école Faustin Bardochan, dite “maîtresse Véro”, énonce la charade à la journaliste, devant la classe “des grands” qui a trouvé la réponse ce matin. Sur leurs sièges, les écoliers trépignent, lèvent la main, tous excités d’avoir la réponse avant tout le monde. « Kéni Piperol ! », la réponse fuse dans un joyeux brouhaha d’enfants.

Depuis quelques jours, les trois classes de l’école Faustin Bardochan, dite “l’école des
Plaines” de Pointe-Noire, bruisse de la thématique Route du Rhum. Un projet porté par les
trois enseignantes de l’établissement et qui sera décliné à l’envi dans chaque discipline et
dans tous les niveaux.

Compte à rebours

« Nous sommes une petite école, classée en REP », raconte Dominique Laubuge, que tout le monde appelle “maîtresse Domi”. « Au total, nous avons 37 élèves, répartis sur une classe de maternelles, une autre de CP et CE1 et la dernière de CE2, CM1 et CM2. » Le mardi de notre visite, il restait 26 jours avant que le départ de la mythique régate ne soit donné. C’était écrit sur le compte à rebours que les enfants modifieront chaque jour. Chez les grands, il a fallu calculer le nombre de jours restant avant le grand événement de Saint-Malo. Chez les petits, on regarde sur le calendrier les cases qu’il faudra remplir avec des gommettes avant d’atteindre celle du pingouin habillé en matelot, déjà collée à la date du 6 novembre.

Les écoliers et le Rhum

« Tu te rends compte, Kéni, il va faire du bateau tout seul, depuis la France ! », s’exclament John, Judith, Kendy, Naïly, Evanns, Loïs et Nahelle, les petits à peine revenus de la sieste, qui suivront, au jour le jour, l’aventure du jeune skipper guadeloupéen. « Nous avons contacté le plus jeune skipper de la course, une femme aussi, et Kéni. Il est le seul à nous avoir répondu, il est immédiatement devenu la mascotte de l’école », sourit maîtresse Domi, qui espère de tout son cœur que le skipper pourra venir rendre visite à ses élèves, « qui n’ont que peu d’accès au milieu marin et peu d’occasions de le découvrir dans leur famille ».

Au service des apprentissages

Alors, la Route du Rhum sera le prétexte de tous les apprentissages, soulignent les institutrices. Le monde marin, les bateaux à construire, les véhicules, les trajectoires pour les plus petits. Mais aussi, la géographie, celle de la Guadeloupe, des océans et de la France, les mathématiques, en calculant les distances parcourues chaque jour par les navigateurs, le français, grâce à des textes évoquant la mer et les bateaux.

Les écoliers et le Rhum

« On a fait la carte d’identité de Kéni à partir d’un texte dans lequel on a dû retrouver les informations », raconte une élève. La Route du Rhum sera aussi l’occasion de réviser le contexte et la culture locale. « On s’est rendu compte que certains petits ne savaient pas qu’ils habitaient sur une île et les grands ne savaient pas comment on fabrique du rhum, par exemple », racontent les maîtresses. « Le bateau de Kéni est à 98 % recyclable, c’est beaucoup », récitent les enfants qui vont
aussi parler de pollution et de déchets. Ils en ramasseront d’ailleurs pour faire une grande fresque d’art pour l’école.

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« Bon vent Keni »

« On va apprendre une chanson aussi », sourit maîtresse Véro, chanteuse en trio dont la voix puissante s’élève dans la classe. « Kéni, Kéni, Kéni, Piperol, vole vole sur l’Atlantique, Cap’tain Alternance, bon vent ! Jeune skipper de 26 ans, que c’est inspirant ! », chante l’institutrice pour la première fois, pendant que les enfants, emportés par la mélodie, se mettent à battre des mains en rythme, et que les élèves de maternelle, attirés par la musique, s’attroupent à la porte d’entrée, curieux, juste avant que la sonnerie de la récréation ne retentisse.

Les écoliers et le Rhum

Et puis, il y aura l’arrivée : « On espère que Kéni n’arrivera pas de nuit. Si c’est durant un week-end, on va essayer de se débrouiller pour affréter un bus et venir avec les enfants et leurs parents. Dans tous les cas, on compte bien être là », s’enthousiasment les maîtresses qui ont d’ores et déjà prévu les pancartes et les chansons pour célébrer le jeune skipper, si d’aventure il arrivait à Pointe-à-Pitre à un horaire convenable pour les enfants.

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