Dans l’intimité de la vie à bord avec Martin Louchart 

Quand dormir ? Comment cuisiner ? Où sont les toilettes ? Engagé sur le Class40 Randstad/Ausy, le benjamin de la course, Martin Louchart (20 ans), répond aux questions que tout néophyte se pose sur la vie à bord d’un bateau de course, au confort quelque peu spartiate.

Tu dors beaucoup ?

Pas vraiment ! En solitaire, je fais des siestes de 20 à 30 minutes, par phase de deux heures. Je me réveille juste pour vérifier que tout va bien. En cumulé, je dors entre 4h30 et 5h par jour, peu importe qu’il fasse jour ou nuit, on oublie ça à bord ! Avant, je portais un casque anti-bruit ou des bouchons d’oreilles mais, finalement, j’ai abandonné car je n’arrive pas à dormir si je n’entends pas les bruits du bateau. C’est très important pour savoir si tout va bien ou non. Je dors sur un gros pouf à billes, qui a l’avantage de pouvoir se déplacer facilement et d’absorber le mouvement des vagues. Sur la Transat Jacques Vabre, en revanche, on avait un matelas sur la bannette, car on dort plus longtemps à deux. Et pour le réveil, c’est une espèce d’alarme à incendie, avec un minuteur plafonné à 120 minutes max, si je ne me réveille pas. Mais à 110 décibels, je peux vous garantir que ça n’arrive pas.

Et pour cuisiner ?

Je me sers d’un réchaud avec une petite casserole intégrée qui me permet de faire bouillir l’eau. Je chauffe ensuite mes plats préparés au bain-marie dans une boîte thermos. J’emmène des plats appertisés, sous vide, qui m’offrent une meilleure digestion que les sachets lyophilisés. J’ai un petit faible pour le bœuf bourguignon, la fondue et le breakfast. Pour les boissons, je n’ai pas encore de dessalinisateur à bord, donc j’embarque des bouteilles d’eau plate et gazeuse, et un peu de sirop de pêche. Il faut faire attention à économiser l’eau car l’organisation nous limite à 90 litres.

Quels vêtements portes-tu ?

Je porte au quotidien une sous-couche, contre la peau, avec tee-shirt et legging techniques ; une couche intermédiaire coupe vent et pour avoir chaud de type polaire et une dernière couche avec veste, salopette et bottes étanches pour nous protéger de l’eau de mer. J’ai aussi deux tee-shirts et shorts plus classiques pour quand il fera un peu plus chaud en se rapprochant de la Guadeloupe. J’évite d’emmener trop d’habits, donc je ferai un peu de lessive à la main.

Tu as une salle de bains ?

On n’a pas de douche donc j’utilise des lingettes pour bébé pour laver les endroits à risques, tels que l’entre-jambes, les dessous-de-bras, les poignets, les chevilles, la nuque, tout ce qui est en flexion et qui pourrait s’irriter. Et bien sûr, un peu d’eau douce des bouteilles pour se rincer le visage. Et pour aller aux toilettes, pour les gros besoins, ça se fait dans un seau avec un sac en maïs biodégradable qu’on jette par-dessus bord.

Peux-tu utiliser ton téléphone ?

Alors je dispose d’une antenne satellite qui me permet d’envoyer des mails avec mon ordinateur. Pour les photos et vidéos, je les transmets avec mon téléphone personnel grâce au réseau WiFi installé à bord. Ça part sur un serveur à terre et mes équipes ou l’organisation peuvent les récupérer. Sinon pour discuter avec ma famille, mes partenaires ou mon équipe technique, j’utilise la messagerie WhatsApp sur mon téléphone. On n’a pas le droit au routage, donc il est interdit de parler météo ou navigation. J’ai aussi un téléphone satellite en cas d’urgence et une radio VHF talkie-walkie qui permet de communiquer avec les autres bateaux autour de nous.

Des petits plaisirs ?

Oui, j’emmène un peu de musique, mais ce n’est pas moi qui m’en occupe, ce sera la surprise. Clara (Fortin, sa compagne) avait lancé l’idée d’une playlist collaborative avec notre communauté et nos proches, lors de sa première transat, en 2019. Et c’est resté. Sinon, je téléchargerai quelques séries sur Netflix, mais je ne sais pas encore lesquelles. On verra ce qui sort une semaine avant le départ.

Tu as le mal de mer ?

C’est vrai que ça peut arriver même aux plus grands navigateurs, mais j’ai de la chance, je suis épargné.

« Mon bateau est prêt, moi aussi. J’ai hâte d’y aller et de participer à ma première transat en solitaire. Je n’ai que 20 ans, je le prends comme un tremplin. »

Martin Louchart