Marqué par son abandon pour raisons médicales, après seulement deux heures en mer, le skipper guadeloupéen commence à peine à relativiser et à se projeter vers d’autres objectifs.

Il aurait forcément préféré avoir meilleure presse. À l’image de Willy Bissainte il y a quatre ans, échoué dès l’entame de course, le Martinico-Guadeloupéen Sacha Daunar a lui aussi capté la lumière des projecteurs pour de mauvaises raisons. Deux heures seulement après le départ, mercredi 9 novembre, le skipper du Class40 Cit’Hôtel – Région Guadeloupe se voyait contraint de rebrousser chemin pour raisons médicales. “Je ne me sentais pas bien du tout. J’ai été victime de nausées, mais je pensais que ça pouvait venir du stress. En réalité, à chaque effort, j’étais pas loin de m’écrouler.” Au retour à Saint-Malo, les pompiers l’attendent. Il passe la soirée aux urgences.

“Je ne me sentais pas bien du tout. J’ai été victime de nausées, mais je pensais que ça pouvait venir du stress. En réalité, à chaque effort, j’étais pas loin de m’écrouler.”

Sacha Daunar

Ce vendredi 25 novembre, jour de son anniversaire, Sacha Daunar accepte finalement d’en dire un peu plus sur cette fichue otite, responsable de ses rêves brisés. “Au début, effectivement, les médecins m’ont parlé d’une simple otite, c’est pourquoi je pensais encore pouvoir reprendre la mer. Mais au bout de huit jours, j’ai vu un ORL qui m’a diagnostiqué une labyrinthite (une infection grave de l’oreille interne, NDLR). Il m’a alors fortement déconseillé de reprendre la course. Avec le traitement, les vertiges etc., ça aurait pu devenir très dangereux à bord.”

La Jacques-Vabre comme objectif

C’est donc un coup de massue pour le colosse, qui n’imaginait pas pareil scénario pour son premier Rhum. “C’est sûr qu’il m’a fallu du temps pour encaisser. Je commence seulement à relativiser depuis 2-3 jours d’ailleurs. Deux ans de travail qui tombent à l’eau au bout de deux heures, c’est dur. Devoir annoncer son abandon… (il coupe). Même sans penser au classement, j’aurais au moins voulu y retourner, profiter de l’instant. Ce n’est pas tous les jours qu’on vit une Route du Rhum. C’est ça qui me fait mal au cœur, mais c’est le sport.”

“Deux ans de travail qui tombent à l’eau au bout de deux heures, c’est dur.”

Sacha Daunar

Soutenu par ses partenaires et par les autres skippers guadeloupéens, qui ont eux aussi connu des galères, Sacha Daunar sait qu’il y aura des jours meilleurs dans son apprentissage du large. “C’est pour ça que je souhaite clore cette page proprement et rentrer en Guadeloupe dès que mon ORL m’autorisera à reprendre l’avion.”

Il sera alors temps d’en rouvrir une autre rapidement avec la Transat Jacques-Vabre, dès l’année prochaine. Une course au départ du Havre et à destination de la Martinique. En espérant que son île natale lui portera davantage chance.

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