Les collégiens de Saint-Martin ont accès à un enseignement inédit en France : l’option Tourisme. Depuis bientôt dix ans, elle permet de sensibiliser la jeunesse à la richesse patrimoniale et environnementale de leur île et d’en faire des ambassadeurs de leur territoire.

Texte Lise Gruget. Photo Fanny Fontan / Hans Lucas

Et si l’hospitalité s’enseignait ? Faire des jeunes Saint-Martinois des ambassadeurs de leur territoire, c’est en tout cas l’ambition de l’option Tourisme. « Dans les îles anglophones, les élèves suivent depuis les petites classes une discipline intitulée “Social studies” qui comprend une séquence “Hospitality” axée sur le tourisme », avance Evelyne Fleming. Chargée de mission auprès du vice-recteur et chef du service de l’Éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, elle est à l’initiative de cet enseignement inédit en France. 

Née d’une convention tripartite et trisannuelle signée en juin 2013 entre l’Éducation nationale, l’Office du tourisme et la Collectivité de Saint-Martin, cette option fait d’abord l’objet d’une expérimentation à la rentrée suivante. Les résultats sont si encourageants qu’une quinzaine d’enseignants sont ensuite formés. Aujourd’hui environ 150 élèves volontaires issus de classes de 4ème et de 3ème des trois collèges du territoire ont la chance d’en bénéficier. Pour y accéder, ils doivent rédiger une lettre de motivation et obtenir l’autorisation signée de leurs parents. Ils sont ensuite sélectionnés car il n’y a pas de place pour tout le monde.  

On touche à tout : la citoyenneté, la protection de l’environnement, la sécurité des personnes, l’histoire-géo… c’est très complet

Evelyne Fleming

Mieux connaître son île 

Cet enseignement est dispensé en trois langues, pour coller au multilinguisme de l’île, pendant deux heures par semaine, sur deux ans. Il comprend au moins une sortie sur site par mois durant lesquelles les élèves endossent le rôle de touristes, ainsi que des interventions de professionnels du secteur et des acteurs culturels de l’île. « Lors d’une visite au Fort Louis nous avons constaté que sur 100 élèves, seuls sept s’y étaient déjà rendus », rapporte Evelyne Fleming. 

« Je voulais en apprendre plus sur mon île et ma culture car même si je suis née ici, je ne connais pas grand-chose. Maintenant, si un touriste vient près de moi et me pose une question, je peux lui répondre clairement », confie Sandra, en 3ème tourisme au collège Mont des Accords. S’il est avant tout professeur d’anglais, Anthony Gombis enseigne le tourisme depuis sept ans : « j’avais envie de transmettre le savoir et les enjeux de tout ce que représente cette île magnifique à la nouvelle génération pour qu’ils puissent à leur tour le transmettre ».  

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Former des citoyens responsables

J’avais envie de transmettre le savoir et les enjeux de tout ce que représente cette île magnifique à la nouvelle génération pour qu’ils puissent à leur tour le transmettre.  

Anthony Gombis, enseignant option tourisme

L’objectif n’est pas d’en faire des professionnels du tourisme mais de former des citoyens avertis et responsables et de les éduquer de façon durable par l’ancrage de l’école dans le territoire et d’assurer ainsi leur ouverture sur le monde. Parmi les anciens élèves, seuls quelques-uns ont poursuivi dans cette filière spécialisée. Quant aux camarades de Sandra, ils ne souhaitent pas travailler directement dans le tourisme mais se rêvent vétérinaire, avocat ou bien architecte. En revanche, comme l’économie de l’île repose essentiellement sur le tourisme, ils ont bien compris qu’ils avaient tous un rôle à jouer. 

« On touche à tout : la citoyenneté, la protection de l’environnement, la sécurité des personnes, l’histoire-géo… c’est très complet », explique Evelyne Fleming qui se réjouit des apports de cette option sur la scolarité des élèves et du virage net opéré depuis quelques années vers leur sensibilité à l’éco-tourisme : « ils en ressortent avec une posture, une aisance à l’oral et une maturité ». 

L’idée est désormais de pérenniser cet enseignement en s’affranchissant de la convention. Et puis à terme, de proposer une initiation dès les petites classes.

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