En 2023, le Mémorial ACTe entend déployer ses ailes sans perdre de vue ses deux objectifs : répondre aux attentes des Guadeloupéens et à l’intérêt des visiteurs extérieurs. Laurella Yssap-Rinçon, sa directrice, maintient le cap.

Texte Claire Jacques – Photo Lou Denim

S’il fallait tirer un bilan de l’activité du Mémorial ACTe aujourd’hui, quel serait-il ? Êtes-vous satisfaite du chemin qu’il prend ?

Le Mémorial ACTe a 7 ans révolu et entre dans sa 8e année. Il faut 10 ans pour qu’une telle structure s’installe et se construise réellement. Nous sommes encore dans les balbutiements de ce que cette institution peut apporter aux Guadeloupéens et au monde.

Malgré tout, le bilan est positif. Avec MACTe An Nou, nous avons choisi de nous intéresser au public local. Cette inflexion a été comprise des Guadeloupéens qui ont embrayé le pas de ce nouveau MACTe qui se propose à eux. En août 2020, nous comptabilisions
90 % de visiteurs touristiques, ils ne sont que 60 % aujourd’hui. C’est un début satisfaisant.

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Quelles ont été les manifestations qui ont ancré le Mémorial ACTe dans le paysage culturel guadeloupéen ?

De nombreux événements ont marqué l’identité du MACTe. Mofwazé le MACTe permet aux artistes de s’emparer de l’exposition permanente et de faire œuvre d’alchimistes. Lalin ka kléré, le MACTe au clair de lune, propose aux Guadeloupéens d’avoir un temps de visite dans la semaine après le travail, à la découverte d’artistes (théâtre, musique, danse, poésie, littérature) qui investissent à nouveau l’exposition permanente.

En juillet dernier, nous avons fêté les 7 ans de l’institution avec Les concerts du Morne Mémoire, un rendez-vous qui a beaucoup plu.

Jusqu’au 31 mars, les visiteurs peuvent découvrir Tigritude, l’exposition de B. BIRD aka Ronald Cyrille, pour laquelle nous avons de très bons retours. Enfin, avec le bodlanMACTe, nous avons commencé à nous tourner un peu plus vers la mer et notre institution a maintenant son canot saintois qui participe au Traditour.

Avez-vous une ligne conductrice pour cette huitième année d’existence ?

Répondre aux attentes des Guadeloupéens et à l’intérêt des visiteurs à l’international. Ce sont les deux leitmotiv qui guident tous nos choix de programmation. Il y a deux phrases qui fixent le cap. La première, c’est « construire ensemble un MACTe qui nous ressemble et qui nous rassemble ». La seconde, « avec cette institution, le monde nous regarde ».

Nous nous sommes ouverts à la Caraïbe l’an dernier avec une saison Jamaïque. Nous aimerions renouveler l’expérience cette année en se tournant vers une autre île. Nous y travaillons actuellement.

À l’occasion des vœux, nous avons lancé le MACTe Wonaj’, un programme qui invite les porteurs de mémoire, artistes tous domaines confondus, à contribuer à construire ensemble un MACTe qui nous ressemble.

Enfin, nous allons proposer aussi un programme « Femmes dans les arts » avec, une fois par mois, une personnalité qui va venir parler de son parcours.

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Avez-vous déjà une idée de l’événement phare qui marquera 2023 ?

Le proverbe 2023 du MACTe : « Prèmyé so pa so », se relever et déployer ses ailes ”

Laurella Yssap-Rinçon, directrice du Mémorial ACTe

On a des propositions de prêts d’expositions temporaires par de grandes institutions internationales. Il y a plusieurs sujets à l’étude et nous attendons la validation du Conseil d’administration. Il y a un réel désir des autres institutions de travailler avec le MACTe.

Tigritude a profondément transformé l’exposition permanente. Nous allons poursuivre avec deux autres artistes, Thierry Alet et Bruno Pédurand.

Nous allons installer le comité scientifique du MACTe cette année qui travaillera sur la politique de recherche de l’établissement.

En ce début d’année, quels vœux formulez-vous pour les Guadeloupéens d’une part, et pour le Mémorial ACTe d’autre part ?

Aux Guadeloupéens, je souhaite des démarches plus collectives qui nous permettent de viser l’essentiel et de se hisser à la hauteur des enjeux environnementaux, culturels, sociaux… qui s’imposent à nous. Je souhaite que la société civile puisse exprimer ces attentes dans une démarche constructive et qu’elles soient entendues des décideurs.

Pour le Mémorial ACTe, c’est dans le même esprit. Je souhaite que cette institution puisse enfin prendre son envol et continuer à répondre aux attentes des Guadeloupéens.

Chaque année, nous avons un proverbe qui donne le ton de l’année. Pour 2023, c’est « Prèmyé so pa so », se relever et déployer ses ailes. Asseoir les bases d’un fonctionnement pérenne et serein, c’est tout ce qu’on peut souhaiter à l’institution pour 2023.

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