Telle est la question que pose avec malice El Lobo Loco. La troupe de théâtre est de retour sur les planches avec “Plagiat”, à voir en Martinique, en Guyane et en Guadeloupe.
Texte Mathilde Claverie – Photo ©Jean Albert Coopmann
Après le succès de la pièce “Le loup dans la bergerie” qui a été jouée plus de 25 fois en 2021 et 2022, Loup De Fréminville continue de faire vivre son association El Lobo Loco avec une nouvelle création théâtrale intitulée « Plagiat ». Dans cette pièce, il donne la réplique à deux comédiennes, Marisa Claude et Marie-Jeanne Dorcy, Martiniquaise et Guyanaise. Neuf représentations ont déjà eu lieu en Martinique depuis fin octobre 2022 et elles se poursuivront en Guyane et en Guadeloupe dans les prochains mois. Nous avons rencontré son président afin qu’il nous parle plus précisément de l’actualité de l’association.
Quel est le propos de cette nouvelle pièce, Plagiat ?
C’est une pièce de Jean-Pierre Martinez que nous avons déjà eu l’occasion de jouer plusieurs fois en Martinique dans plusieurs restaurants ou hôtels sous forme de dîners théâtre, ou chez des particuliers, formule « teat en kay ». Sur fond de lutte des classes, cette pièce à rebondissement nous amène à nous interroger sur les thématiques de la tromperie et du paraître avec une question essentielle en filigrane : est-ce que la fin justifie les moyens ?
À chaque fois, je souhaite aborder les sujets avec humour, parce que selon moi aujourd’hui les gens ont surtout besoin de se détendre. On peut réfléchir, tout en riant.
Loup de Freminville
Pensez-vous que la problématique du paraître et des rôles que l’on joue et que l’on se donne dans la société soient des sujets d’actualité ?
Après “Le loup dans la bergerie” qui abordait de manière humoristique le propos de la jalousie, El lobo Loco s’applique cette fois à interpeller son public sur des problématiques sociétales en n’oubliant jamais de divertir ses spectateurs. Le théâtre a cette capacité de nous interroger sur des sujets en apportant un regard neuf, en utilisant un angle de vue différent. Dans les Antilles-Guyane, c’est une occasion de traiter des thèmes que l’on aurait tendance à moins aborder que d’autres, plus prégnants, ceci avec une troupe qui représente à merveille la mixité locale.
Pensez-vous que c’est un des rôles du théâtre de mettre en scène, sur le ton humoristique, des sujets sociétaux ?
Pour moi le théâtre c’est un miroir ! C’est la possibilité de dire des choses, de faire passer des messages sans attaque frontale. Je vais vous parler à travers des personnages, parfois je parlerai de vous, de votre conjoint, de votre amant, de vos parents, de vos voisins… Sans jamais citer personne. Mais les gens vont se reconnaître, vous allez vous reconnaître ! En fait, c’est une manière extraordinaire de faire prendre conscience aux gens du grotesque d’une situation, de l’injustice d’une autre, sans les nommer. Et ainsi, je peux vous amener à vous remettre en question.
Lire Aussi | Conte-moi le handicap, le théâtre pour sensibiliser en entreprise
Tout en divertissant le public ?
Tout en divertissant le public, tout en faisant rire. À chaque fois, je souhaite aborder les sujets avec humour, parce que selon moi aujourd’hui les gens ont surtout besoin de se détendre. On peut réfléchir, tout en riant.
Par ailleurs, le fait de jouer dans des restaurants (ou chez des particuliers) offre la possibilité d’échanger ensuite avec le public en dînant, ce qu’on a rarement le temps de faire dans d’autres lieux de spectacle. Ce mode d’expression est un moyen de rassembler des gens, de ramener du vivre-ensemble et de l’humanité dans le quotidien.
Pensez-vous que l’on peut rire de tout ?
Peut-être pas de tout mais de beaucoup de sujets oui. En fait, je veux prendre le contrepied de ce que la société a tendance à nous imposer via des fonctionnements de plus en plus contraignants. Le rire est aujourd’hui de plus en plus policé… et le théâtre permet de challenger cette réalité, face à face avec le public.
Lire Aussi | Coup de cœur : La culture et le sport pour conquérir la Caraïbe ?
| Autres rendez-vous • Vous pourrez également retrouver Loup De Fréminville sur scène avec la pièce « Les dieux de carnage » de Yasmina Reza qu’il joue en partenariat avec l’association Les comédiens, présidée par Julie Mauduech. • Il est également à l’initiative avec Philippe Sivera de la création de l’association El Lobo Bueno, à vocation sociétale, qu’il préside et dont la mission est d’aider à l’insertion des handicapés dans les entreprises des DOM-COM. En tant que producteur cette fois-ci, il s’est entouré d’un metteur en scène, Patrice le Namouric, et de 6 comédiens professionnels martiniquais et guadeloupéens. |
El Lobo Bueno
Villa Beyati
219 Chemin Corossol
97232 Le Lamentin
06 96 33 67 39
loup.defreminville@hotmail.fr