Pour atteindre les objectifs d’autonomie alimentaire, toutes les filières de la production locale comptent. L’agro-alimentaire, avec INOVAGRO notamment, tout autant que les autres.

Texte Yva Gelin – Photo Jean-Albert Coopmann

Le secteur de l’agro-alimentaire comprend « tous les produits alimentaires transformés localement. Qu’il s’agisse de fruits, de légumes, de viandes ou encore de boissons ». Quelle place tiennent ces produits transformés dans la production locale et quels sont les enjeux de développement ? Éléments de réponse avec Katy Largen, présidente de l’association INOVAGRO, cluster d’entreprises de l’agro-alimentaire en Martinique.

La filière est-elle bien structurée et quel rôle joue INOVAGRO ?

Nous sommes en train de repenser le modèle économique de l’association, mais les objectifs restent les mêmes. Nous regroupons les petites et moyennes entreprises avec pour objectif de les accompagner dans leur formation, leur performance en production, avec tout ce qui concerne la qualité. Nous proposons aussi un accompagnement pour qu’elles puissent gagner en compétitivité pour se développer au niveau local, national voire international. Dans la production locale, chaque filière a un organisme structurant. l’AMIV structure la filière viande, VALCACO celle du cacao… L’idée principale d’INOVAGRO est de jouer ce rôle structurant et de permettre la mutualisation des coûts et des besoins de façon à ce que les plus petites structures puissent profiter de certains avantages qu’elles ne pourraient pas se permettre si elles étaient seules. L’objectif est donc de permettre une mutualisation et un partage des coûts et des ressources. C’est aussi un partage de parcours de vie et d’éléments d’expérience qui permet à chacun de pouvoir évoluer positivement.

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Selon INOVAGRO, quelles sont les principales problématiques de l’agro-alimentaire en Martinique?

La première est celle de la matière première qui reste insuffisante par rapport aux besoins de production. Pour le chocolat par exemple, il y a toute une filière cacao en développement pour remettre cette culture au goût du jour mais ce n’est pas suffisant pour répondre ni à la production ni à la demande. Même pour les fruits et légumes. Il y a un développement très important sur la banane mais sur d’autres fruits on ne trouve pas suffisamment de ressources. Il y a donc tout un développement de filière nécessaire pour organiser l’approvisionnement en matière première. Il y a également la problématique de l’accès aux dossiers de financement. L’AMPI, le MEDEF et INOVAGRO se sont regroupés pour voir dans quelles mesures nous pouvons accompagner les entreprises qui n’ont pas accès au dossier ou sinon qui se retrouvent bloquées devant la complexité du montage. Nous étudions comment il serait possible de faire des dossiers plus simples.

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Comment répondre au problème de matière première ?

Pour les matières premières comme les emballages, il serait intéressant de mutualiser les commandes. Par exemple, pour ceux qui font de la confiture, l’idée est de faire un conteneur de bocaux qui serait réparti en fonction des besoins de chacun plutôt que chacun achète ses propres bocaux. Une autre problématique du secteur est la difficulté à trouver des techniciens de maintenance. Ainsi, avec l’AMPI et certains lycées, nous travaillons pour la mise en œuvre d’une formation pour des opérateurs de production qualifiés. D’autre part, la technicité du secteur de l’agro-alimentaire implique des règles d’hygiène et de qualité parfois assez strictes et leur application peut nécessiter des frais supplémentaires. C’est pour cette raison qu’il y a un véritable intérêt à la réalisation de la pépinière de la CACEM qui devrait être opérationnelle d’ici peu. Elle permettra aux producteurs qui le souhaitent de bénéficier d’une structure aux normes afin de réaliser leur production dans des conditions optimales.