Journaliste, animatrice et productrice audiovisuelle, Ayodélé Germa aime informer et discuter dans l’écoute et le respect de l’autre. Son rêve ? Favoriser le mieux vivre ensemble à travers des débats constructifs entre des personnes « qui n’auraient jamais pris un café ensemble ».

Texte Adeline Louault – Photo Jody Amiet

Rien n’est acquis, tout reste à conquérir !

Ayodélé Germa

Au Togo dont elle est originaire, son prénom signifie « la joie dans la maison » en langue Yoruba. Joyeuse, Ayodélé Germa ? « Je le suis maintenant mais, petite, j’étais d’une timidité maladive, souvent enfermée dans ma chambre, à lire et dessiner. » C’est pourtant dès l’enfance qu’elle prend l’habitude de réciter ses leçons à tue-tête, sous le manguier du jardin, s’imaginant face à un large auditoire. « Passionnée par la télévision, j’admirais beaucoup Denise Epoté, une journaliste de TV5 très distinguée. » Étudiante en droit à l’université de Lomé, elle fait de la radio le week-end et anime une chronique culinaire sur la chaîne nationale. Remarquant son potentiel, un professeur l’oriente vers l’École Supérieure de Journalisme de Lille. Une expérience « grisante » qui lui permet de rencontrer des étudiants du monde entier et d’apprendre toutes les ficelles du métier. Diplômée, Ayodélé roule sa bosse dans différentes rédactions en France hexagonale avant de tomber sur une petite annonce publiée par Radio Péyi sur DOM Emploi.

Ayodélé Germa part à la rencontre des guyanais

Voix chaude, regard profond et port de tête impérial, elle semble destinée à faire carrière dans l’audiovisuel. Pourtant, à son arrivée en Guyane en 2014, elle déchante. « Le trac me mine, je doute de moi et hésite à repartir. » Heureusement, le destin s’en mêle et d’autres chances se présentent. De la radio, elle passe à la télévision, transite par la presse écrite avant de revenir sur les ondes, son domaine de prédilection. Âpre à la tâche, polyvalente, elle ne rechigne pas devant les heures sup et les défis. Au gré des reportages, des émissions qu’elle anime, des journaux qu’elle présente, Ayodélé rencontre des Guyanais de tous âges, de toutes communautés, de toutes catégories socio-professionnelles. Commence alors à germer l’idée d’Ago by Ayodélé Germa, sa société de production, créée en 2022. « Ago est un mot qui sert à s’annoncer avant d’entrer. Pour moi c’est le signe que, malgré l’océan et les centaines d’années de séparation dues à notre histoire commune, certaines choses sont sanctuarisées. Ce nom est un trait d’union entre ma vie d’ici et ma vie là-bas. C’est un terme symbolique qui réunit et permet de s’inviter dans les foyers, ce que je compte faire avec mes émissions. »

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D’Ayo à Ago

Soutenue par les Premières de Guyane, elle peaufine son projet et s’entoure d’une équipe. « Dans ma famille, avec mon petit frère notamment, on adore parler, débattre, argumenter, c’est notre manière de nous affronter, en toute bienveillance ! C’était naturel pour moi de vouloir reproduire ce schéma. » Ago est une plateforme de débats tournés en public. Ayodélé y réunit des invités aux profils opposés pour parler de sujets de société comme les rapports hommes-femmes, l’avenir de la jeunesse… Ces rencontres offrent l’occasion d’amener des personnes à proposer des solutions pour l’intérêt commun, malgré leurs divergences d’opinion. Quel meilleur terrain que la Guyane avec sa diversité de cultures, de langues et de coutumes pour épuiser les débats ? « Je veux montrer qu’on peut tomber d’accord sur nos désaccords. Ces face-à-face doivent provoquer de l’émulation plutôt que des accrochages. » Deux émissions sont déjà en boîte. La première, sur le thème « Qu’est-ce qu’être Guyanais aujourd’hui ? », est visionnable sur YouTube, en attendant d’être diffusée par une chaîne de télévision. « Rien n’est acquis, tout reste à conquérir », aime à répéter Ayodélé.

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Un jour par an, le 8 mars, Elles font la une des médias au nom de la nécessaire lutte pour l’égalité des droits. Et chaque année, “Elles” vous donnent rendez-vous dans nos magazines. Inspirantes, fières, obstinées et lumineuses, elles écrivent notre histoire à tous à travers la leur, sans calcul ni complexe.
Les partenaires du projet Ago
Le théâtre de Macouria, le Cercle des lumières,  Aline Dulac, le Medef Guyane, l’Accordeur, Toukan Elokan, le Grand Hôtel de Montabo, les Premières Guyane, Radio Péyi  ainsi qu’une vingtaine de bénévoles passionnés : Grégory Alexander, Hendry Moreira Suzuky, Mirtho Linguet, Fabrice Charlery, Scarlett Arujo Buchi, Tanguy, les frères Corvo, Loïs Ataké, Maël, Mykes,  Magali Martinez, Carter Bossé, Candace, Yvan Ho You phat, Joseph Belbrun, Alain Eoche, Rodman, Jack-Pierce Bruné, Isabelle Hidair Krivsky, Yvon Baltaz, Bruno Gasc, Othniel Sanvee, Olaitan Germa, Kossi Sanvee, Mawunyilolo Sanvee et Godfried Gogonata Germa (REP)…. et tous ceux et celles qui de près ou de loin contribuent à la bonne marche de ce projet.