Chantal Cusset-Gaydu a, depuis six mois, pris les rênes du Creps des Antilles et de la Guyane. Son projet : faire de ce centre de ressources, d’expertise et de performances sportives, un lieu incontournable pour les sportifs du monde entier.  

Texte Sarah Balay – Photo Jude Foulard

Vous êtes la première femme à diriger le Creps Antilles-Guyane. Avant cette prise de fonction, vous étiez proviseur au lycée Chevalier de Saint-Georges. Pourquoi ce nouveau challenge ? 

J’ai toujours aimé les challenges, je suis une véritable compétitrice ! J’aime m’investir là où il y a de la complexité. J’ai vraiment adoré travailler dans ce lycée et je voulais sincèrement y rester pour finir ma carrière. En cinq ans, nous avons beaucoup œuvré pour remettre cet établissement sur les rails. Mais l’envie de remettre les mains dans le cambouis était trop forte ! Relever des défis, ce n’est pas chose facile, mais c’est tellement passionnant. Dans la vie, on n’a rien sans effort. En tant que professionnels, nous devons montrer l’exemple aux jeunes générations. 

L’univers du sport ne vous est pas inconnu puisque vous êtes à l’origine de la création de la Cité scolaire d’excellence sportive (CSES) implantée dans l’enceinte même du Creps… 

En effet, j’ai créé cette structure, unique en France, en 2010 et je l’ai dirigée jusqu’en 2017. Je suis très fière de cet établissement qui compte aujourd’hui 170 élèves entre la 4e et la terminale. Beaucoup de sportifs professionnels sont issus de ces différentes promotions. Avec mes équipes, nous avons su donner une âme à cette cité où les élèves formaient une grande famille. 

Parlez-nous du Creps… Un établissement en pleine évolution que le grand public ne connaît pas vraiment. 

Le Creps existe depuis 1965. Au départ, il était destiné à former les futurs professeurs d’EPS (éducation physique et sportive). Aujourd’hui, c’est un outil de performances ouvert à tous : sportifs, clubs, associations, écoles, etc. Il concourt à l’éclosion de l’excellence sportive tout comme à la promotion du sport, notre allié santé. Grâce à ses équipements (piste, piscine, terrains, salles, etc.), il a vocation à accueillir des sportifs professionnels des quatre coins du monde désireux de s’entraîner dans des conditions climatiques favorables. Teddy Riner vient souvent comme beaucoup de Guadeloupéens en équipe de France (escrime, sports collectifs), mais aussi des professionnels du canoë kayak, etc. Dernièrement, l’athlète belge, spécialiste de l’heptathlon, Nafissatou Thiam est venue fouler notre piste et le judoka, Romuald Raboteur, a été pris en charge par le Creps et la MRP (maison régionale de la performance) avant d’être sacré champion de France de para judo le 21 janvier dernier. Le Creps, c’est aussi un centre de formation qui propose tous les brevets professionnels et diplômes jeunesse et sport (coach, encadrant, manager, etc.). Mais le Creps c’est aussi un Centre de Santé ouvert à tous avec, notamment le développement de son pôle Activité physique adaptée.

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Quelles sont vos ambitions pour cette structure ? 

Je veux faire du Creps une entité reconnue au niveau régional, national et international. Le centre doit donc être attractif et la population doit pouvoir se l’approprier. Pour cela, nous investissons beaucoup, appuyés par la Région et l’ANS (agence nationale du sport), dans des équipements modernes : une piste connectée depuis 2019, capable de mesurer de façon numérique les performances et une nouvelle salle d’escrime. Sont prévus pour 2023, une salle d’haltérophilie, un terrain de basket 3×3, un terrain de rugby réhabilité. À plus long terme, nous envisageons un deuxième gymnase. Côté formation, un master professionnel « Entraineurs Caribéens » via une convention avec le Staps (1), l’Insep (2) et l’université des West Indies, basée en Jamaïque, sera ouvert à la rentrée. De nouvelles salles de formation verront le jour. Nous travaillons aussi au retour des deux pôles volley-ball et natation. Pour rayonner encore, rien de tel que l’événementiel. En avril, nous recevrons les Étoiles du Sport, opération qui rassemble les champions actuels pour accompagner les jeunes, avec, entre autres, Marie-José Perec. 

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Le Creps rayonne-t-il sur la Caraïbe ? 

Nous avons beaucoup à apprendre des pays de la Caraïbe, passés maîtres dans plusieurs disciplines sportives. Ils ont développé des façons d’entraîner très intéressantes. Inversement, ils sont demandeurs de notre expertise et de notre matériel. Ils peuvent bénéficier au Creps, d’infrastructures qu’ils n’ont pas chez eux. À ce jour, nous collaborons surtout avec la Jamaïque, Cuba et Porto-Rico. 

Le Creps Antilles-Guyane accueille des sportifs professionnels des quatre coins du monde

Chantal Cusset-Gaydu, directrice du Creps Antilles-Guyane

Comment se préparent les JO de 2024 au Creps ? 

Nous sommes labellisés Centre de préparation des jeux (CPJ) afin de permettre aux équipes de venir s’entraîner. Pour ces jeux olympiques et paralympiques de Paris, la France comptera plusieurs jeunes issus de la CSES comme les escrimeurs Coraline Vitalis (20e des jeux olympiques de Tokyo en 2020), Luidgi Midelton champion du monde junior en 2018, le judoka Kenny Livèze, champion du monde junior août 2022 et bien d’autres. 

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1. Staps : Sciences et techniques des activités physiques et sportives 

2. Insep : Institut national du sport, de l’expertise et de la performance