Quand un torréfacteur rencontre une grande amatrice de café, cela donne naissance à une recette spéciale Nath Café, un café d’expérience torréfié en Guyane qui se démarque par plus de mousse, plus de longueur et plus de fraîcheur en bouche. Rencontre avec Marlene Fung, cofondatrice de l’enseigne Nath Café et Emmanuel Assier de Pompignan, fondateur de Mokafé.

Texte Sandrine Chopot – Photo Mathieu Delmer

Quelle est l’histoire de Nath Café ?

Marlene Fung, cofondatrice de l’enseigne Nath Café : Fan des salons de thé, grande amatrice de café, j’ai impulsé l’idée à ma sœur, Nathalie, qui était en pleine reconversion professionnelle. En 2013, elle a ouvert le premier Nath Café, au centre-ville de Cayenne. À cette époque, j’étais salariée dans le domaine immobilier. L’idée était de créer un lieu « hors du commun » sur le territoire pour permettre aux Guyanais de se faire plaisir autour d’un café, d’un thé, d’une gourmandise. Le 2e Nath Café a ouvert en 2018 à Rémire-Montjoly avec un décor similaire mais toujours dans l’esprit d’offrir un espace cosy et atypique. Aujourd’hui, nous disposons de cinq points de vente dont le dernier qui se trouve dans la salle d’embarquement de l’aéroport.

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Quelle est la place de Nath Café dans le quotidien des Guyanais ?

Nos enseignes sont ouvertes tous les jours de 7h à 20h. Que ce soit pour boire un café avant d’aller travailler, une pause déjeuner, un goûter, Nath café est très vite devenu un lieu incontournable autant pour les rencontres entre jeunes que pour les rendez-vous professionnels, les sorties en famille. Nous adaptons notre offre aux demandes de nos clients tout en restant dans le cadre de notre concept et identité. Les ambitions de Nath café sont d’essayer, autant que possible, de travailler avec les producteurs et artisans locaux afin de pouvoir proposer et développer des produits frais et de qualité.

À quelle expérience gustative peut-on s’attendre ?

Nath Café propose un large choix de boissons à base de café et de thé sélectionnés avec soin, des bubble teas, des smoothies, des jus de fruits locaux. Nous proposons aussi des gourmandises, comme des cheesecakes, donuts, carotte cake et quiches maison, des crêpes salées et sucrées, des glaces artisanales. Nous souhaitons élargir notre gamme
« fait maison » ainsi que les produits locaux afin d’offrir une expérience gourmande, unique, conviviale et surtout riche en belles rencontres ! Notre force est l’envie permanente d’adaptation, d’amélioration et d’évolution.

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De votre côté, Emmanuel Assier de Pompignan, vous devenez partenaire de Nath Café en tant producteur de café avec “Mokafé” …

Emmanuel Assier de Pompignan : Oui, Mokafé est né grâce au COVID. C’était le moment ou jamais pour se lancer dans un nouveau projet. Gros buveur de café, l’idée de monter une usine de torréfaction a fait son chemin. J’ai suivi une formation qui m’a permis d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires au métier de torréfacteur. La société a été créée fin 2020 et les premières productions ont eu lieu en juin 2022.

Quels sont les process de torréfaction ?

Nous réceptionnons le café sous forme de grains verts séchés qui proviennent principalement de l’Ouganda, d’Éthiopie, du Honduras. Le process de torréfaction est artisanal et dure entre 12 et 15 minutes, contre 1 à 4 minutes pour un process industriel. Ainsi, le café est cuit de manière moins agressive ce qui lui permet de développer plus d’arômes et de saveurs. Nous pouvons sortir environ 240 kg de café par heure. Pour le moment, nous produisons des petits volumes car nous nous laissons le temps d’échanger avec nos clients, de savoir s’ils apprécient notre café, de connaître leurs attentes.

D’ingénieur à torréfacteur
Originaire de la Martinique, Emmanuel Assier de Pompignan est ingénieur en mécanique conception de systèmes. Il a travaillé au Canada, aux Antilles, en Guyane, pour le compte de différentes entreprises. Son coup de cœur pour le territoire l’amène à s’y installer et à changer de métier. « J’aime la nature, la douceur de vivre qui règne ici. La Guyane est riche d’une population métissée. On peut voyager sans quitter le pays ». Gros consommateur de café – c’est d’ailleurs grâce au café qu’il obtient son diplôme d’ingénieur – à la manière d’un sommelier, Emmanuel apprend à aiguiser ses cinq sens, à laisser chaque grain exprimer ses potentialités. « Quand les grains verts arrivent à l’usine, ils sentent le végétal. Au cours de la cuisson, ils dégagent une odeur de brioche, de café caramélisé, c’est tout simplement magique ». Son coup de cœur ? “Le Nath Café évidemment”.

Combien de références proposez-vous ?

Aujourd’hui, Mokafé propose sept références : quatre références de dosettes compostables compatibles Nespresso et trois références de paquets de 250 gr de forces différentes :
arabica grains, arabica moulu, robusta moulu. Nos cafés sont moins chers que beaucoup de cafés importés. Dans les prochaines semaines, nous prévoyons de sortir quatre nouvelles références de café en grains de 1 kg.

Diriez-vous qu’il existe “une signature Mokafé”? 

(sourire) Je dirais que nous avons réussi, oui. Notre offre de café a été travaillée pour satisfaire le goût des Guyanais, on me dit souvent que c’est un café “fort et parfumé mais qui n’arrache pas” ! Les Guyanais sont également fiers de boire un café torréfié localement et de manière artisanale.

Pourquoi une collaboration avec Nath Café ?

M.F : Il est évident que l’arrivée d’un torréfacteur en Guyane était un rêve. Dès l’installation de l’usine, j’ai pris contact avec Emmanuel. Lors de notre rencontre, il m’a fait goûter un de ses cafés qui, je l’avoue, n’était pas mon préféré. Je lui ai demandé si je pouvais faire ma propre recette. Et à ma grande surprise, sa réponse a été : « Oui, bien sûr ! ».  Depuis ce jour, notre collaboration ne s’arrête plus.

E.A.P : Plusieurs essais ont été réalisés avant de trouver la recette idéale. Pour répondre aux critères de Marlène, nous avons joué sur le temps et la température de cuisson. Cette recette élaborée à partir de grains du Honduras permet à Nath café d’avoir une tasse qui a plus de mousse, plus de longueur en bouche, avec des notes acidulées.

D’autres projets de développement suivront ? 

EAP : En Guyane, il y a quelques parcelles de café à Régina et Apatou. J’aimerais développer une référence de café 100 %
local. Je souhaite également importer plus de cafés de différentes origines. Je prévois d’ouvrir l’usine aux visites le samedi matin afin de permettre aux curieux d’assister à la torréfaction.

MF : J’attends avec impatience le café 100 % made in Guyane de chez Mokafé ! Et les Guyanais également…

Marraine des Talentueuses
L’association FemmDoubout, présidée par Virginie Lebeau, encourage la promotion et la valorisation de l’entrepreneuriat au féminin. Elle porte l’incubateur les « Talentueuses », un programme qui se déroule simultanément à Paris, aux Antilles-Guyane et à La Réunion. Cette année, Marlene Fung est la marraine de la cohorte guyanaise de la 3ème édition. « Durant six à huit mois, 12 porteuses de projet par territoire seront accompagnées par cet incubateur nomade et interrégional pour concrétiser leur projet, décrit-elle. Elles pourront bénéficier d’un accompagnement personnalisé, suivre des formations, profiter d’un réseau ». Sur le principe du « Business Sparring Partner » développé aux États-Unis, elles auront tous les atouts en mains pour monter sur le ring et préparer leur offensive. « Dans ma carrière professionnelle, en tant que femme et de par mes origines chinoises, j’ai dû jouer des coudes pour faire ma place auprès des hommes. Aujourd’hui, j’aimerais partager mon expérience. La femme ne doit pas baisser la garde, elle a toutes les ressources nécessaires pour réussir ».

Nath Café Montjoly
491 route de Montjoly
97354 Rémire-Montjoly
05 94 38 95 11

Mokafé
4 Impasse des Compagnons, Village du Grand Port,
97354 Rémire-Montjoly
Facebook @mokafeguyane
Instagram @nathcafé973