Du rhum* amazonien ! Heritaj est une entreprise familiale guyanaise avec une histoire qui traverse quatre générations. Les fondatrices, Jeanice et Julianie, racontent leur périple pour réussir à trouver la bonne recette péyi afin de répondre au marché local.
Texte Karollyne Hubert
L’arrière-grand-mère de Jeanice et Julianie, Julina K., régalait tous ses proches avec ses liqueurs artisanales. Son savoir-faire est transmis à sa fille… jusqu’à ce que Jeanice et Julianie, ses arrière-petites-filles, décident à leur tour de propager les recettes familiales à l’échelle locale. De la conception du produit, en passant par la mise en bouteille et en allant jusqu’à la distribution, les sœurs acceptent le défi de proposer leur héritage. D’une affaire familiale, une entreprise locale est née en 2020.
Nous avons fini par nous rendre compte que, pour réussir le pari de la production locale, il fallait continuer à mettre en avant nos agriculteurs
Jeanice et Julianie, fondatrices de Heritaj
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Des dispositifs pour aider les jeunes entrepreneurs
« Nous avons beaucoup utilisé nos ressources personnelles pour que le projet prenne forme. Malgré les difficultés lors du démarrage, nous avons pu faire appel à plusieurs dispositifs, dont l’association dédiée aux femmes entrepreneures “Les Premières” (auparavant Guyane Pionnière) », explique Jeanice. « Pour structurer notre projet, nous avons reçu des conseils de grands entrepreneurs et nous avons pu participer à plusieurs ateliers avant de lancer notre projet. » Jeanice, agent administratif, et Julianie, enseignante, nous racontent aussi que Heritaj a été soutenu par Initiative Ouest Guyane, à travers le laboratoire du Pôle Agroalimentaire de l’Ouest Guyanais (PAOG). « Cela nous a énormément aidées, car en tant qu’agro-transformateur, il nous fallait des locaux pour pouvoir fabriquer nos liqueurs. Le coût pour avoir accès à ce type d’espace était hors de prix pour une jeune entreprise comme la nôtre. Heureusement, grâce à ce dispositif, nous avons pu industrialiser nos petites recettes familiales. »
Réussir à garder le cap après le démarrage
Les deux femmes rencontrent encore quelques difficultés à booster l’entreprise depuis sa création. Parmi les problématiques, on retrouve les points de distribution. « Nous avons besoin de visibilité dans les grandes surfaces pour que les locaux puissent connaître nos produits. Malheureusement, l’e-commerce ne suffit pas sur notre territoire. » Récemment, les liqueurs et punchs proposés par Heritaj ont commencé à prendre leur place dans les rayons des supermarchés. « Aujourd’hui, nous sommes très fières d’avoir nos produits chez Carrefour, Hyper U, etc. On aurait aimé s’étendre davantage et c’est là toute la problématique de vouloir entreprendre localement : s’il est vrai que notre marché tend à s’élargir, il reste restreint. » Malgré leurs difficultés, les deux femmes ne s’arrêtent pas. « Nous avons fini par nous rendre compte que, pour réussir le pari de la production locale, il fallait continuer à mettre en avant nos agriculteurs. Grâce à notre Amazonie, nous avons un choix très riche et varié, ce qui donne à nos liqueurs une image unique. Les locaux sont heureux de retrouver notre héritage gastronomique et les nationaux sont contents de découvrir de nouvelles saveurs. »
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
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