Se reconvertir : machine arrière pour les reconvertis du confinement ?  

Audrey JUGE

Cela vous a forcément déjà traversé l’esprit : tout plaquer pour changer de vie, de métier ou d’horizon, vivre d’une activité plus utile à la société et qui laisserait plus d’espace à votre vie personnelle. Mais se reconvertir est-il aussi simple qu’il y paraît ?

Audrey Juge

Se reconvertir, un projet attractif pendant les confinements

L’effet confinement aura été déterminant. Selon une enquête BVA, en juillet 2020, près d’un salarié français sur 10 avait envisagé, initié ou effectué une reconversion professionnelle. Pour certains, changer de métier a été une nécessité, notamment pour les employés de la restauration. Mais pour d’autres, cet isolement forcé a permis de réajuster leurs priorités et rechercher une activité plus en accord avec leurs valeurs et plus épanouissante. 

Les motivations de ce besoin de changement étaient alors le fait de se sentir utile, de redonner du sens à leurs actions (51 %), de gagner en liberté ou en équilibre vie pro-vie perso (49 %), ou encore de transposer leur passion en métier (36 %) dans leur nouvelle vie professionnelle. Et depuis ces deux dernières années, les témoignages de changements de vie réussis abondent. Que ce soit Émile, ancien chargé de mission parisien devenu brocanteur à la campagne ; Nathalie, passée d’avocate à magnétiseuse ou Juliette et Thibault, devenus éleveurs et producteurs de légumes dans le Cantal. Tous sont heureux d’avoir quitté leur ancienne vie. Se reconvertir de façon radicale paraît presque facile !

Pourtant, selon une étude réalisée par le cabinet UKG en janvier 2022, 62 % des personnes qui ont changé de travail durant la pandémie regrettent leur décision, s’estimant plus satisfaits dans leur ancienne activité. Pire, seulement 24 % des reconvertis sont pleinement satisfaits de leur choix de vie.

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Du rêve à la réalité

L’herbe ne serait-elle finalement pas plus verte ailleurs ? Pour 28 % des sondés, les regrets concernent les anciens collègues, leur ancienne mission à 25 % au même niveau que leur ancien salaire, puis la politique de leur ancienne entreprise à 22 %. 

Bien que ces chiffres effraient au premier regard, de nombreux témoignages de ces déçus de la reconversion évoquent cependant une certaine résilience face à la désillusion. Ils se sont souvent rendu compte après leur bifurcation que le problème ne venait pas de leur domaine d’activité mais de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient. Ceux qui ont créé leur entité ont pu prendre du recul sur l’entrepreneuriat, en prenant conscience de toutes les contraintes du statut de chef d’entreprise et des avantages que leur apportait leur ancien emploi. Le futur métier a également souvent été idéalisé.

Alors que certains d’entre eux ont décidé de changer à nouveau de métier, d’autres, les «revenants », sont retournés exercer leur précédente profession. Comme Colombe, revenue à des activités commerciales après un passage dans la finance, ou Julie, de nouveau dans la restauration après une tentative en communication de crise. Toutes les deux ont fait demi-tour sans regret, avec le recul nécessaire à la valorisation de leur parcours et revenir à leurs premières amours, plus lucides sur ce qui les y avait attirées.

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