Avec le programme Business Game School, l’association ODYSSEE, la BRED et le RSMA, apportent leurs contributions à la réussite éducative en Guadeloupe. Une alliance qui mise sur l’éducation financière et l’entrepreneuriat pour lutter contre le décrochage scolaire.
Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim
Nous nous sommes engagés dans ce partenariat en tant qu’acteur du développement du territoire.
Stéphane Touati, directeur régional de la BRED
Selon le rapport de la délégation aux outre-mer, de l’Assemblée nationale, le pourcentage de sorties précoces du système scolaire pour les 18-24 ans s’élève, en 2019, à 14,5 % en Guadeloupe (contre 8,2 % dans l’Hexagone). Accompagner les jeunes en situation de décrochage est donc une préoccupation majeure qui doit mobiliser l’ensemble des acteurs du système éducatif et être prévenue à toutes les étapes de la scolarité. Via une convention académique pluriannuelle signée avec le rectorat*, l’association ODYSSEE s’est, depuis trois ans, lancée ce défi.
« Nous avons créé, pour les élèves de la 4e à la terminale, un programme pédagogique innovant, full web, basé sur la logique économique et la culture d’entreprise, le Business Game School (BGS) », explique Franck Saint-Étienne, directeur d’ODYSSEE. Un programme de 12 heures, dispensé sur le temps scolaire et financé par les fonds européens et d’autres co-financeurs, que se partagent plusieurs intervenants du monde de l’entreprise, mais surtout deux entités partenaires : la BRED et le RSMA, dispositif militaire d’insertion socio-professionnelle. « La lutte contre le décrochage scolaire doit être globale et collective », précise le colonel Philippe Outtier, chef de corps du RSMA. « Trois acteurs d’univers différents, partageant des valeurs communes, sont mobilisés pour aider la jeunesse. Cette image d’union, dédiée à la formation, l’insertion et la réussite, est nécessaire à véhiculer. »
Immersion dans la peau d’un chef d’entreprise
Le BGS, validé par l’académie de la Guadeloupe, est un concept pédagogique où la gamification, la pédagogie active et le challenge priment et où le cours magistral est banni. Pour captiver les élèves, le scénario est tout trouvé : « Durant trois matinées, ils se glissent dans la peau d’un chef d’entreprise », poursuit Franck Saint-Etienne. « Ils vont ainsi se connecter au monde de l’entrepreneuriat et voir l’envers du décor : faire une étude de marché, un budget prévisionnel, estimer un chiffre d’affaires, calculer un prix de revient, payer des fournisseurs, la TVA, trouver un slogan, un nom, convaincre un banquier, justifier leur choix, mais aussi recruter et payer des collaborateurs pour ainsi mieux comprendre les notions de rentabilité et de charges sociales, etc. ». « Clarifier le jargon du monde économique, démystifier l’univers de la banque et de l’entreprise est un excellent moyen pour stimuler la motivation des jeunes », avance Stéphane Touati, directeur régional de la BRED. Les élèves ne sont plus en compétition pour la meilleure note, mais pour surpasser leurs concurrents dans une situation de challenge totalement inédite.
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Le Business Game School ce sont des intervenants qui partagent savoirs et valeurs
Les intervenants d’ODYSSEE sont majoritairement des chefs d’entreprise soucieux de leur devoir de transmission. « Nous parlons aussi de nous aux élèves », poursuit Franck Saint-Étienne. « De nos vies, nos galères, nos parcours… Nous tentons de leur inculquer les codes de l’entreprise et le goût de l’effort pour réussir. Nous les aidons aussi à repousser certaines croyances limitantes comme l’idée qu’il faille partir pour réussir en leur expliquant que la réussite c’est aussi possible pour eux, en Guadeloupe, en s’en donnant tout simplement les moyens ».
Les cadres de la BRED interviennent au sein des établissements pour partager leurs expériences. « Parmi nos valeurs figurent l’égalité des chances, l’accès au savoir et la cohésion sociale », souligne le directeur. « Ce partenariat opérationnel de lutte contre le décrochage scolaire apparaît comme une évidence, il reflète notre implication en tant qu’acteur du développement du territoire. C’est aussi une réelle source de motivation pour nos équipes qui expérimentent, hors du bureau, ce travail d’échanges enrichissant ».
Véritable institution dans le domaine de l’insertion des jeunes, la présence du RSMA est incontournable au sein de BGS. « C’est important de véhiculer des modèles de réussite aux élèves », souligne le colonel Outtier. « Nos militaires expérimentés partagent, avec les élèves, leur cursus et leurs évolutions de carrière. Cette rencontre est aussi l’occasion de présenter le panel de l’offre RSMA : nos trente filières de formations professionnelles en milieu militaire, nos postes à pourvoir pour des jeunes diplômés et enfin nos stages de remobilisation. »
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Une ambition commune pour le Business Game School : remobiliser et insuffler des vocations
De par son caractère ludique, pratique et concret, le programme BGS favorise l’estime de soi, la mise en relation, le travail d’équipe, individuel, la prise de parole et le savoir-être. « Même s’ils rencontrent des difficultés, ces élèves ne doivent, en aucun cas, se sentir stigmatisés », poursuit Franck Saint-Étienne. « Dès le départ, le programme est conçu de manière à rebooster la confiance en soi et mieux comprendre le monde de l’entreprise. Sans éducation ni formation à la culture économique, à la base, difficile de parler insertion ou entrepreneuriat ». Présenter des modèles de réussite insuffle aussi des vocations. « Le BGS permet aussi de détecter des potentiels », rappelle le directeur d’ODYSSEE. « À l’issue de chaque session, deux élèves sont détectés puis mis en relation avec des entreprises via l’un de nos partenaires, l’UDE-MEDEF, pour réaliser un stage » ; c’est l’insertion facilitée pour les meilleurs. À noter qu’à partir de mai, le BGS sera proposé aux stagiaires du RSMA.
* À travers sa mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS)
| Des stages de remobilisation avec le RSMA Depuis 2021, le RSMA et la mission de lutte contre le décrochage scolaire de l’académie proposent, trois fois par an, des stages de remobilisation de trois semaines pour les 16-18 ans : volontaires jeunes cadets (VJC)pour lesquels ODYSSEE est aussi prescripteur. Le principe est de les éloigner de leur environnement provoquant un changement de repères qui génère une remise en question bénéfique. Le programme est basé sur trois axes : le savoir-être, la citoyenneté et le projet de vie. « Nous travaillons sur des compétences civiques et morales », précise le colonel Philippe Outtier. « Les stagiaires apprennent à vivre en société, à accepter les contraintes, à respecter les autres et soi-même ainsi qu’à être fier de leur histoire et de leur patrimoine. Ils bénéficient de cours d’éducation civique, de secourisme et travaillent sur la construction de leur projet de vie. Ils découvrent aussi quelques savoirs militaires comme l’apprentissage des nœuds, les messages radio ou le dépassement par le sport. Ils profitent aussi de deux jours de bivouac à Deshaies pour apprendre à monter une tente, vivre en groupe et participer à une course d’orientation ». Après leurs stages BGS et VJC, ils témoignent : Meddy : « Gérer mes émotions » « Le stage m’a surtout aidé à gérer mes émotions et les conseils apportés par l’équipe sur ma vie personnelle et l’école m’ont beaucoup apporté. Le rythme adopté est un modèle à suivre : on se dépense et l’on bénéfice d’un cadre sécurisant avec des horaires pour chaque chose. Ce stage est vraiment intéressant pour tous les jeunes qui se sentent un peu perdus. Je les encourage à faire comme moi ». Lucas : « De nouvelles perspectives plus positives » « J’ai voulu faire ce stage pour bénéficier d’une nouvelle expérience. Je ne regrette pas car il m’a fait avancer tant au niveau professionnel que personnel. Les journées sont longues et intensives, de quoi nous remobiliser pour retourner en cours avec de nouvelles perspectives plus positives.» |
| LES BONS CHIFFRES DU BUSINESS GAME SCHOOL + de 2 000 élèves touchés depuis 2020, + de 2 500 élèves ciblés à horizon juin 2023 + de 40 établissements scolaires bénéficiaires + de 120 sessions planifiées 97 % de taux de satisfaction et 84 % de participants ayant gagné en assurance dans leur orientation professionnelle. 100 % des chefs d’établissement veulent reconduire le dispositif |
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