Reconnues dans la pharmacopée nationale, l’atoumo et la brisée ont été récemment interdites en tant qu’ingrédient en dehors des officines de pharmacie et parapharmacie. Réponse du PARM.

Texte Yva Gelin – Photo Jean-Albert Coopmann

La brisée et l’atoumo sont toutes deux des plantes dites PAM, Plantes Aromatiques et Médicales. Respectivement originaires d’Amérique du Sud pour l’une et d’Indochine, d’Inde et de Birmanie pour l’autre, ces plantes sont ancrées dans le quotidien martiniquais. Cependant, étant officiellement reconnues dans la pharmacopée nationale, leur usage alimentaire sous forme de tisane, de confiture ou encore de sirop n’est pas autorisé à la vente. Pour changer cette règlementation, il faudrait extraire ces plantes du monopole pharmaceutique. C’est l’objectif d’un dossier « Novel Food » qui  doit être présenté à la commission européenne. Explications avec Françoise Régina, responsable du Pôle assistance et contrôle au PARM et Katia Rochefort, la directrice de la structure.

En quoi consiste le dossier de « Novel Food » ?

Un dossier « Novel Food » est l’occasion d’une batterie de tests scientifiques qui prouvent que ces plantes ne présentent pas de risques pour la santé du consommateur, et c’est principalement ce qui le constitue. Il est déposé à la communauté européenne, qui, à partir des documents fournis, donne l’autorisation ou pas de l’utilisation alimentaire. Un dossier est élaboré pour chacune des plantes par le PARM dans le cadre du projet N’Fooding. Attention, le PARM n’est que demandeur et non producteur. Il ne produit pas de denrée alimentaire.

Pourquoi ce dossier est-il constitué par le PARM ?

Chaque entreprise aurait pu le faire, mais ce sont des démarches très coûteuses. C’est un budget de 200 à 250 000 euros par plante. Nos petites entreprises n’ont pas la possibilité de monter ce type de dossier. Le PARM est donc allé chercher les financements pour élaborer ces dossiers de novel food. Un pour la brisée et un pour l’atoumo. Nous avons également lancé un appel à manifestation d’intérêt afin de pouvoir former un consortium d’entreprises au nom duquel nous déposerons les dossiers. C’est une première pour le PARM. Le dossier, une fois constitué de tous les éléments scientifiques nécessaires, est déposé sur le portail de la commission européenne et est ensuite analysé par l’agence européenne de la sécurité alimentaire. Ensuite, si les dossiers sont validés par l’Europe, un acte d’exécution est édité et la mise en circulation des produits à base de ces plantes pourra avoir lieu.

Une fois l’autorisation accordée, les entreprises pourront-elles donc librement utiliser ces plantes-là ?

Il est important de préciser que seules les entreprises ayant intégré le consortium pourront, les 5 premières années, utiliser les plantes. D’où l’intérêt de répondre à l’appel à manifestation que nous allons prochainement lancer. Les entreprises en question doivent également respecter les utilisations de la plante qu’elles auront mentionnées dans le dossier déposé auprès de l’union européenne. Quand les cinq années seront écoulées, les autorisations tombent dans le domaine public et toutes les entreprises souhaitant fabriquer des produits avec ces plantes seront habilitées à le faire.

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Selon le PARM, quels sont les enjeux autour de la régularisation de l’utilisation alimentaire de ces plantes ?

Katia Rochefort, directrice du PARM : Les enjeux sont principalement liés à l’économie locale. La demande de produits naturels et locaux sur le marché est grandissante. Ce marché constitue une opportunité pour la diversification agricole, puisque les producteurs peuvent diversifier leur production tout en générant un supplément de recette. La démarche d’intégration de ces plantes et de leur reconnaissance est importante pour permettre la réalisation de projets économiques. Le marché est très porteur et partout dans le monde il y a cette naturalité attendue des consommateurs. Notre chance est d’avoir pour une fois les matières premières à disposition, accessibles tout en étant très territorialisées avec une signature locale.

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