Le CESECEG pour décider ensemble de l’avenir du tourisme en Guyane

Janie Cesto, présidente du groupe de travail développement économique touristique au CESECEG||||
Sandrine Chopot

Le CESECEG a initié en 2019 un groupe de travail sur le développement économique touristique de la Guyane donnant lieu à une étude pour éclairer sur les freins, les opportunités, et les leviers de développement pour relancer l’attractivité de la destination. Le point avec Janie Cesto, présidente de ce groupe de travail.

Texte Sandrine Chopot

C’est à partir de leurs propositions que nous avons formulé des préconisations pour outiller la feuille de route des décideurs publics

Janie Cesto, présidente du groupe de travail développement économique touristique au CESECEG

Dans quel contexte s’inscrit l’étude sur le développement touristique du territoire guyanais avec le CESECEG ?

Janie Cesto, présidente du groupe de travail développement économique touristique au CESECEG : La crise sanitaire a fortement impacté le secteur du tourisme en Guyane qui déjà souffrait d’un déficit d’image et de positionnement. Pour relancer la recherche de solutions en matière de compétitivité et d’attractivité de la destination, le CESECEG, à travers la commission développement économique, sous la présidence de Didier Magnan, s’est autosaisi pour dresser un état des lieux et des pistes de solutions. Cette étude réalisée alors que la crise COVID n’était pas terminée, et au moment de l’élaboration du Schéma de développement et d’innovation (SRDDEI), est un outil mis à disposition de l’assemblée pour éclairer sur les freins, les opportunités et les leviers de développement du secteur touristique en Guyane.

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Quelle méthodologie le CESECEG a utilisée ?

Les conseillers du groupe de travail sont allés à la rencontre des professionnels de terrain mais aussi des institutions et opérateurs publics (CTG, Atout France, EPCI, communes, Parcs). La même grille de questions leur a été soumise. Les conseillers se sont inscrits dans une démarche d’écoute et de collecte d’informations. Un travail de co-construction a été réalisé avec les professionnels qui font le tourisme guyanais et dont l’expertise et l’expérience dynamisent et réinventent aussi l’activité locale. C’est à partir de leurs propositions que nous avons formulé des préconisations pour outiller la feuille de route des décideurs publics.

Que fait ressortir l’analyse des auditions auprès des professionnels ? 

Les auditions ont fait ressortir un certain nombre de difficultés :

  • l’absence de travail en réseau et de concertation,
  • les réponses parfois inadaptées de la CTG,
  • le manque de structures d’accueil de séjour,
  • la nécessité de réhabiliter certains bâtiments anciens pour une meilleure attractivité comme les Iles du Salut, le Camp de la Transportation à Saint-Laurent du Maroni,
  • le besoin d’améliorer le transport routier peu dense et faiblement maillé,
  • celui de mettre aux normes les structures d’accueil pour le tourisme en forêt, avec notamment l’absence d’outils connectés.

Il est également souligné que les prix pratiqués par les opérateurs touristiques ne sont pas attractifs et par conséquent n’incitent pas la visite de sites, même si des opérations de promotion pour relancer le tourisme local sont initiées.

Enfin, la formation en adéquation avec les spécificités locales et les besoins de développement du territoire est une demande forte des professionnels (cf. encadré).

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Et pour les institutions ?

Quant aux institutions, elles se rejoignent pour dire que le tourisme guyanais pèse dans l’économie. Elles sont unanimes pour cibler l’insuffisance de l’offre touristique sur le territoire. L’accent est mis sur la promotion du tourisme vert, à l’instar de ce qui se fait au Costa Rica, qui dispose des mêmes caractéristiques que la Guyane. La construction d’une offre touristique diversifiée et facile d’accès est à engager. De son côté, la CTG reconnait des difficultés de mesurer la notoriété de la Guyane par manque d’informations suffisantes de la part des opérateurs, le déficit de communication sur les compétences attribuant la gestion de sites à la CTG, la complexité du leadership sectoriel avec un niveau d’engagement différents des EPCI et acteurs privés…

Aux yeux de tous, une meilleure synergie entre les acteurs se révèle nécessaire

Quelles sont les principales recommandations ?

Aux yeux de tous, une meilleure synergie entre les acteurs se révèle nécessaire. Une réflexion est engagée sur le développement d’un tourisme de niche à travers des circuits axés sur la culture ou encore le développement d’un tourisme de saison.

Co-construire une stratégie pour favoriser et encadrer des partenariats publics/privés pour des circuits all inclusive ; déployer des circuits de valorisation artisanale avec la mise en place d’un label de protection de la production artisanale bushinengés et amérindienne ; proposer des outils de marketing de type « pass » ; sensibiliser les citoyens à l’écotourisme pour que les sites restent propres et agréables.

L’ouverture de nouvelles lignes aériennes et l’adaptation des capacités aéroportuaires et des mobilités (taxi, bateaux, pirogues) sont également des pistes à approfondir. Aujourd’hui, la structuration et l’aménagement de la filière semble nécessaire et à ce titre, la restructuration de la CTG a été évoquée.

Enfin, la Guyane doit valoriser son image à l’extérieur et montrer que des choses existent, pour exemple, « Rames Guyane », une course transatlantique à l’aviron entre le Sénégal et la Guyane ou encore les « Jeux Kali’Na », des épreuves sportives et culturelles issues des pratiques amérindiennes ou des équipes guyanaises et internationales s’affrontent.

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Booster la formation
Les professionnels privés du tourisme insistent sur la nécessité de mettre en place des formations en adéquation avec les spécificités locales et les besoins de développement du territoire : formation brigade de l’environnement, guide accompagnateur, guide d’expédition, secouriste en milieu amazonien, mais aussi des formations sur la connaissance touristique des communes pour les élus et pour les enfants des écoles primaires (sensibilisation à la protection de l’environnement), formation sur les langues étrangères, etc.
Pour répondre aux besoins de personnel qualifié, l’Université de Guyane propose la licence pro Tourisme et Loisirs spécialité RISLAV – Responsable International de Structures d’Accueil, de Loisirs et de Voyages – créée en 2019 et dont l’équipe pédagogique est composée pour moitié de professionnels du tourisme.
Le cursus permet d’accompagner jusqu’à 17 étudiants/an, en formation initiale classique, en contrat de professionnalisation ou en apprentissage. Offre combinant management et ingénierie du tourisme, elle outille des professionnels trilingues pour travailler en Guyane et à l’international dans les différents segments du secteur (hôtellerie, agences touristiques, tour-opérateurs, musées, parcs à thèmes, etc.).

Destination Guyane !
Plus grande région de France, aux portes de l’Amérique du Sud, riche de ressources naturelles remarquables, d’une biodiversité unique au monde, de savoir-faire, de peuples et cultures issues de cinq continents, de traditions et d’histoires… autant de points forts qui démontrent le potentiel de la Guyane en matière touristique.
Avant la pandémie, le tourisme guyanais est en plein essor. Quatre sites ont attiré près de 140 000 visiteurs. En haut du classement les Îles du Salut (53 000 visiteurs), suivies par le Zoo de Guyane (36 000 visiteurs), les marais de Kaw (26 000 visiteurs) et le musée de l’Espace du Centre spatial guyanais (23 000 visiteurs). La Guyane a également enregistré le plus grand nombre de nuitées de son histoire. Soit 453 000 nuits passées dans un établissement du territoire, ce qui équivaut à une croissance annuelle supérieure à celle de la Guadeloupe ou de la Martinique !

Dossier préparé par Marthe Panelle-Karam : Déléguée-Directrice par intérim du CESECE Guyane

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