La rédaction fait un zoom sur des métiers d’ultramarins capables d’inspirer et d’encourager les nouvelles générations. Ce mois-ci, Michael Roch, auteur de science-fiction caribéenne. 

Texte Axelle Dorville & Yva Gelin – Photo Jean-Albert Coopmann

Biographie de Michael Roch

Né à Lyon, Michael Roch poursuit des études d’archéologie tout en pratiquant en parallèle l’écriture comme hobby. Très vite, il est repéré puis publié avec un premier roman, “Moi, Peter Pan”, sélectionné au Grand Prix de l’Imaginaire en 2018, peu après son installation aux Antilles. Il anime depuis régulièrement des ateliers d’écriture en milieu carcéral et enseigne le storytelling à l’Université des Antilles. En 2022 est publié son dernier roman Tè Mawon, un des romans précurseurs de l’afro futurisme francophone. Michael Roch est aujourd’hui reconnu en tant qu’écrivain de science-fiction caribéenne.

Michael Roch : auteur de science-fiction

Qu’est-ce qu’être écrivain ?

Écrire est une opportunité de donner vie à des visions alternatives du monde, qui peuvent être totalement spéculatives mais qui peuvent aussi résonner avec notre réalité. Des visions qui nous permettent de prendre de la distance avec nos problématiques sociétales. J’écris de la science-fiction afin de pouvoir moi-même faire ce pas de côté, porter un regard critique sur le monde qui m’entoure et proposer à mon lectorat des idées nouvelles. 

Comment devient-on écrivain ? 

En écrivant, un mot après l’autre. En proposant ce que l’on écrit à la lecture d’autres personnes. S’il y a des éditeurs parmi ces personnes et qu’ils apprécient cette écriture, on peut alors devenir écrivain professionnel et se voir publié. Il n’est pas évident pour tout le monde d’être publié car cela demande évidemment du travail mais il y a aussi un grand facteur chance, le fait de faire les bonnes rencontres au bon moment. 

Pourquoi est-ce important d’écrire ? 

Cela est d’abord important pour soi. J’aime beaucoup transmettre des pensées, des philosophies qui me semblent importantes. J’aime beaucoup aussi travailler la langue, triturer les mots. Écrire permet de mettre des mots sur des émotions qui pourraient nous traverser. De prendre de la distance vis-à-vis de ces émotions ou d’événements auxquels on peut assister. De se vider la tête de toutes les idées qui pourraient nous aveugler au quotidien. Et de tourner la page, sans jeux de mots.

Lorsque l’on écrit pour les autres, il peut y avoir plusieurs intentions. Il peut s’agir de faire passer un bon moment mais cela peut aussi être dans un but didactique : faire passer des idées ou faire découvrir des horizons que le lectorat ne pourrait s’imaginer par lui-même. Écrire sert à élargir l’accessibilité au réel, le rendre plus tangible pour d’autres. 

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Avez-vous vécu des expériences marquantes en tant qu’écrivain ?

À mes tous débuts, j’ai lu pour la première fois un de mes textes en public et à la fin de la lecture, j’ai senti que j’avais touché les personnes présentes. C’est ainsi que je me suis lancé dans la rédaction de “Moi, Peter Pan”. Cela a été une confirmation que j’étais doué avec les mots. Plus récemment, j’ai reçu un message de Patrick Chamoiseau me proposant de le rencontrer, car on avait selon lui beaucoup à se dire, à échanger. 

Un conseil pour être publié ? 

Il faut savoir remettre son œuvre dans les mains de quelqu’un dont le rôle est à la fois de la critiquer et de lui permettre de grandir à travers son regard expert, avant de l’accompagner vers un public qui n’est pas d’emblée désigné. La meilleure manière de s’y prendre est toujours professionnelle, c’est-à-dire qu’il est essentiel d’avoir une capacité à prendre du recul par rapport à son propre texte et accepter qu’il puisse nous échapper, de mettre de côté l’affect et de savoir le retravailler pour l’amener sur un terrain dont on n’avait a priori pas idée, quand on écrivait par passion. 

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