Symboles d’une époque ancienne, fers de lance de l’économie de l’île durant les siècles passés, les moulins de Marie-Galante ont-ils droit, aujourd’hui, à une nouvelle vie ? L’association marie-galantaise ASVP* y croit et mise sur un projet d’envergure internationale. 

« L’île aux cent moulins »

Marie-Galante, « l’île aux cent moulins », porte bien son nom. Les étendues verdoyantes de la Grande-Galette sont parsemées, çà et là, de nombreux vestiges d’anciens moulins à vent. Au nombre de 106 en 1830, on retrouve un maximum de 72 tours aujourd’hui.

« Certaines encore bien conservées, d’autres envahies par les figuiers maudits », confie Joël Raboteur, universitaire et membre de l’ASVP, association née en 2001 de la « détermination de marie-galantais et marie-galantaises à remédier à l’état d’abandon du patrimoine monumental de l’île ». Selon lui, les moulins, marqueurs de la spécificité agricole de Marie-Galante consacrée à l’exploitation de la canne, peuvent devenir, après réhabilitation, de véritables vecteurs d’un développement touristique et culturel. 

Lire Aussi | Le Blue Dream, un nouvel écrin festif à Marie-Galante

Une mission pour les moulins de Marie-Galante

Aux côtés du président de l’association, Joseph Cornano, et de spécialistes de renom, Joël Raboteur veut y croire. Après l’organisation d’un colloque international en 2020 puis la sortie d’un ouvrage en 2022 (voir ci-contre), l’association espère obtenir la gestion du moulin de Mayombé, situé à Saint-Louis et propriété du conseil départemental. « Du nom d’une chaîne de montagnes du Congo, ce moulin nous offre une ouverture inestimable sur l’Afrique en vue d’un projet tourné vers l’histoire », souligne Joseph Cornano.

Dans l’idéal, l’association aimerait transformer chaque moulin en « sanctuaire », ouvert au public, afin de leur donner un sens. « L’un peut être consacré à la gastronomie, l’autre à la culture ou aux hommes célèbres de l’île », poursuit Joël Raboteur. Dans le cadre des énergies renouvelables le moulin à vent peut aussi être restauré et transformé afin de produire de l’électricité à usage de proximité (aérogénérateur). Pour atteindre ses objectifs, l’association compte désormais sur l’appui des politiques et des porteurs de projets. À suivre. 

*ASVP : association pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine de Marie-Galante. 

Lire Aussi | A quoi ressemblera le nouveau Grand-Bourg à Marie-Galante ?

Un ouvrage de référence 
Le tout premier colloque international consacré aux moulins de Marie-Galante, organisé sur l’île en janvier 2020, a débouché sur un ouvrage de référence : La route des moulins, de la Caraïbe à l’Europe (éditions L’Harmattan et 4Chimen), publié trois ans plus tard. Une véritable mine d’or autour de l’histoire de Marie-Galante et de ses moulins enrichi par l’intervention de nombreux universitaires, chercheurs et sommités comme Willem Van Bergen, président de la fédération mondiale des moulins ou Alain Eyquem, président de la fédération française des moulins (FFM). Ce document passionnant de plus de 250 pages a été réalisé sous la direction de Diana Rey-Hulman, chercheuse au centre national de la recherche scientifique (CNRS) ; Joël Raboteur, économiste, maître de conférences en gestion à l’université des Antilles ; Paul Roselé-Chim, maître de conférences à l’université de Guyane et Joseph Cornano, président de l’association de sauvegarde et de valorisation de Marie-Galante (ASVP).
Objectif : « mettre en relation l’ensemble des acteurs ayant un lien avec les moulins à travers un réseau international de partage et d’échange d’expériences »