Comme le reste du monde Saint-Martin a subi la pandémie, un ralentissement de l’économie, l’inflation… Mais ce que le reste du monde n’a pas subi, ce sont les outrages d’Irma. Presque six ans plus tard, l’île en porte toujours les stigmates. Tout l’enjeu est de lui redonner son attractivité. Comment attirer les investisseurs pour relancer l’économie ? Questions-réponses avec Alain Richardson, 1er vice-président de la Collectivité de Saint-Martin pour investir à Saint-Martin.

Texte Ann Bouard

5 bonnes raisons d’investir à Saint-Martin ?

Alain Richardson : La première et la plus évidente est notre situation géostratégique. Européen de par notre statut, français par notre nationalité, nous avons des règles et un niveau de protection qui rassurent les fonds d’investissement. En haut de l’arc antillais à quelques encablures de nombreuses destinations, nous sommes un des rares territoires de la Caraïbe à avoir cette accessibilité au monde. La seconde est certainement la confiance accordée à notre mandature qui a défini un plan pluriannuel et des stratégies d’investissements clairement identifiés, notamment dans les équipements structurants (port, aéroport, routes, énergie…), et qui s’inscrit dans une dynamique de développement durable prenant en compte les enjeux environnementaux. Troisièmement, notre fiscalité est bien plus avantageuse que dans bon nombre de territoires, y compris nos voisins de Sint Maarten ; nous avons l’un des impôts sur les sociétés le plus bas.

Nous avons aussi consenti un énorme effort de financements en matière de formations, car on ne peut imaginer un développement économique sans compétence. Nous œuvrons à l’implantation du RSMA sur le territoire, nous aurons bientôt un campus connecté, la politique publique du développement de la fibre permet déjà une bonne couverture, etc.

Enfin, l’accès au financement et la capacité à pouvoir mobiliser des fonds européens qui permettent à la Collectivité d’étoffer ses aides avec des dispositifs adaptés à chaque secteur est aussi une bonne raison d’investir à Saint-Martin.

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Les investisseurs locaux ont-ils leur place ?

Les investisseurs étrangers sont des moteurs pour l’économie locale et dans tous les secteurs, pas seulement dans le tourisme. Actuellement, cela frémit beaucoup, une clinique est en cours de construction, une autre spécialisée dans la cardiologie devrait voir le jour… Mais on réfléchit en parallèle à trouver le moyen de canaliser l’épargne nette du territoire, bien plus importante que les crédits consentis par les banques, pour que les entreprises locales, souvent sous-capitalisées puissent se développer et avoir la capacité à leur tour d’investir. Nous sommes en cours d’identification des produits qui pourraient être mis en place, comme un livret spécial SXM ; cet outil constituerait une solution rapide pour contribuer à leur croissance et serait accessible à toutes les entreprises y compris les petites start-up locales.

Quels projets à court terme ?

La signature de la frontière va d’ici la fin de l’année permettre de désenclaver Oyster Pond. Le temps de la ratification, environ 6 mois pour affiner dans le détail, et les choses pourront être lancées. La relance de l’économie sur cette partie de l’île passera par la reconstruction de l’ex Captain Oliver, l’aménagement de la Marina et le retour du Voyageur.

En parallèle, la volonté de la Collectivité est d’offrir une capacité d’hébergement de 3 000 à 3 500 chambres, mais pas au détriment de l’environnement. Pour cela nous nous concentrons sur la réhabilitation de ce que l’on appelle les friches hôtelières, à savoir des infrastructures détruites et non reconstruites à ce jour. Il y en a une dizaine et certaines font déjà l’objet d’études. La mission a été confiée à Atout France, en charge d’accompagner la Collectivité pour la partie réglementaire et pour la recherche de repreneurs. Deux dossiers sont déjà en cours : un projet de resort golfique autour de la Belle Créole et le projet très complexe de reprise du Club Orient. Cette volonté de sécuriser le foncier est établie et si la Collectivité doit utiliser son droit de préemption, elle le fera.

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