La rédaction fait un zoom sur des métiers d’ultramarins capables d’inspirer et d’encourager les nouvelles générations. Ce mois-ci, Bruno Sainte-Rose, ingénieur centralien et responsable de la modélisation chez The Ocean CleanUp.

Texte Karollyne Videira Hubert – Photo Jean-Albert Coopmann

Je cherchais des projets à fort impact environnemental

Bruno Sainte-Rose

Bruno Sainte-Rose, cela fait dix ans que vous travaillez pour la fondation néerlandaise The Ocean Cleanup, qui vise à éliminer le plastique des océans. Comment avez-vous intégré l’équipe et en quoi consiste votre métier ?

Quelques années après avoir fini ma thèse, je cherchais des projets à fort impact environnemental. J’ai contacté l’ingénieur Boyan Slat, le fondateur de The Ocean Cleanup, pour lui proposer de participer à l’étude de faisabilité de son projet et j’ai été engagé en tant que bénévole. Aujourd’hui, je suis responsable de l’équipe de modélisation pour l’organisation. La modélisation consiste à effectuer des calculs et des simulations numériques afin de déterminer l’efficacité des opérations de nettoyage du plastique dans les océans et, également, d’en mesurer la performance. Par ailleurs, en utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle, nous pouvons détecter des débris plastiques dans des photos et des vidéos. En terme d’impact, nous avons déjà récupéré plusieurs milliers de tonnes de plastique dans les rivières, avec une grosse proportion au Guatemala ; dans les océans, près de 300 tonnes de plastique ont été ramassés à ce jour dans le Great Pacific Garbage Patch, qui constitue la plus grosse zone de concentration de plastique océanique au monde.

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Dans la continuité de votre travail, on peut noter plusieurs engagements en tant que citoyen.

Depuis que je suis dans l’organisation, j’ai pu travailler depuis plusieurs villes, dont Paris, où je suis resté en cumulé une quinzaine années depuis mes années estudiantines. Durant cette période, je me suis intéressé à la vie politique locale. J’ai été élu en tant que conseiller d’arrondissement (XIVe) pendant un an, cela avant de rentrer en Martinique en 2022. Aujourd’hui, je suis en télétravail depuis mon île. Je suis également membre fondateur et vice-président du Réseau des Talents de l’Outre-mer, association regroupant les lauréats des Talents de l’Outre-mer et œuvrant en tant que force de proposition sur de nombreux sujets touchant les Outre-mer. Je suis enfin « fresqueur » à la Fresque du Climat, un projet basé sur l’intelligence collective où l’on propose des ateliers ludiques afin de sensibiliser aux questions climatiques.

Bruno Sainte-Rose, qu’est ce qui manque selon vous pour sensibiliser davantage nos territoires à l’écologie ?

On ne le dira jamais assez mais l’éducation, à l’école et en dehors, reste le point crucial. À mon échelle, je constate que la nouvelle génération, même en Martinique, est bien plus sensibilisée aux questions environnementales qu’à mon époque. Certes, cette génération est exposée à la consommation de masse et aux tendances sur les réseaux sociaux, mais elle paraît plus enthousiaste et capable de s’engager sur ces sujets. Au-delà de quoi, une prise de conscience doit avoir lieu en entreprise et dans la fonction publique. Ainsi, la Responsabilité sociale et environnementale (RSE) des entreprises ne serait-elle pas le levier idéal permettant d’accélérer cette transition ? Quand les nouvelles technologies sont apparues, on n’entendait parler que de « transition numérique » et plusieurs métiers se sont créés par la suite. Souhaitons que la transition écologique soit le nouveau gisement d’emploi, de compétitivité et de croissance !

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Biographie
Après un bac scientifique en Martinique, c’est au Lycée Sainte-Geneviève à Versailles que Bruno effectue ses classes préparatoires aux grandes écoles. Il décroche ensuite un master et un doctorat en aérospatial à la prestigieuse école Centrale Supélec. Après avoir travaillé au laboratoire français d’aérospatial (Onera) puis pour une PME spécialisée en simulation numérique en mécanique des fluides (Lemma), Bruno commence son aventure durable en tant que bénévole dans la fondation néerlandaise The Ocean Cleanup. En 2021, son projet Sargowaze, une application pour prévoir, surveiller et aider à la gestion de l’échouage des sargasses, a remporté la finale internationale de l’Océan Hackathon à Brest.