La Coopérative d’activité et d’emploi (CAE) propose un modèle d’entrepreneuriat salarié unique qui permet de créer et de développer sa propre activité dans un cadre autonome, coopératif et sécurisé. Zoom sur Tumukuma’Kop qui rayonne dans le sud de la Guyane.

Texte Adeline Louault

Qu’est-ce que Tumukuma’Kop ?

Créée en 2021, Tumukuma’Kop est une entreprise partagée par plusieurs entrepreneurs qui utilisent un même numéro SIRET et bénéficient de services d’appui pour la gestion de leur activité (administratif et comptable notamment). « Le projet de Coopérative d’activité et d’emploi (CAE) est né du constat que, malgré la présence de dispositifs de formation, d’insertion et d’accompagnement dans le sud de la Guyane, le cap de la création d’entreprise restait difficile à passer », explique Fanny Rives, présidente de la CAE et représentante du Parc Amazonien de Guyane à qui revient l’initiative de la création de Tumukuma’Kop. L’équipe support de la CAE se compose actuellement d’un coordinateur, d’un accompagnant comptable basé à Maripasoula, d’un accompagnant à Camopi. Un troisième accompagnant est en cours de recrutement sur la zone du Haut Maroni.

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Des métiers très divers

La Coopérative d’Activité et d’Emploi peut héberger une grande diversité d’activités d’entrepreneurs résidant ou ayant un projet à Papaïchton, Saül, Camopi, Trois-Sauts et Maripasoula : restauration, pâtisserie, artisanat d’art, guidage en forêt, hébergement touristique, entretien d’espaces verts, formation, conseil… Cyndie, à Maripasoula, a récemment créé son activité de ménage pour répondre à la commande publique. Elle exerce dans des institutions telles que l’aéroport, le centre de santé, etc. « Tous les métiers sont éligibles tant qu’ils peuvent être couverts par notre assurance », précise Samuel Sabin, coordinateur. Depuis son lancement, la CAE a intégré 16 personnes, de 19 à 62 ans. « Mais en amont de la première phase, avant même l’engagement dans le contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), nous accompagnons beaucoup plus de monde », souligne Fanny Rives.
« Après, elles signent ou ne signent pas ». Certains jettent l’éponge faute de motivation, d’autres renoncent à cause du fonctionnement financier proposé par la CAE. En effet, pendant la phase test de l’activité, alors que les porteurs de projet ont signé un CAPE, tous les frais sont remboursés mais ils ne perçoivent pas de salaire régulier. « Les bénéfices servent à constituer leur trésorerie pour réaliser des investissements futurs et générer un salaire dans la deuxième phase de l’intégration, lorsque les entrepreneurs passent en contrat d’entrepreneur salarié (CESA) », détaille Samuel Sabin. « Pour les personnes qui ont des besoins financiers personnels, il est toutefois envisageable de faire des bulletins de rémunération de manière ponctuelle ».

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Brian Monpera est accompagné par la CAE en pré-CAPE pour une activité de guide touristique à Campos. Crédit E.Renard/Parc amazonien de Guyane

Avec Tumutuma’Kop : accompagner et mutualiste les expériences

L’accompagnement est personnalisé en fonction des besoins de chacun : aide à la rédaction de devis et facture, au calcul des tarifs, à l’étude de marché… « Pour la plupart, on part de zéro, bien souvent ils ont des idées mais ne savent pas comment les mettre en œuvre. On leur apprend à chercher l’information, à aller démarcher, à définir leurs prix. On travaille aussi sur leur savoir-être ». La CAE se veut également un lieu d’apprentissage, de formation et d’échanges. Aidée par les conseils et outils d’autres CAE, en Guyane ou dans l’Hexagone, dans une vraie logique de solidarité, Tumukuma’kop s’efforce de favoriser la mutualisation des expériences par l’organisation d‘ateliers et de rencontres. « Deux sessions ont déjà eu lieu à Camopi. C’est quelque chose que nous allons développer car c’est dans l’esprit de la coopérative », insiste Fanny Rives. « L’idée est d’orienter les entrepreneurs les uns vers les autres et de créer des opportunités professionnelles ».

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Ateliers d’échanges et de travail pour les entrepreneurs-salariés de Tumukuma’Kop. Credit : F.Rives/Parc amazonien de Guyane
Mode d’emploi
– L’entrepreneur signe d’abord un Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise (CAPE), d’une durée maximum de 3 ans, et teste son activité afin de s’assurer qu’elle permet de dégager un bénéfice. Les indemnités chômage ou le RSA sont maintenus pendant le CAPE.
– Dès qu’il juge, avec son accompagnant, que le test est concluant, l’entrepreneur change de contrat pour devenir salarié. Il signe alors un Contrat d’Entrepreneur Salarié (CESA). Son salaire sera établi en fonction des bénéfices de son activité. L’entrepreneur peut rester en CESA à vie.
– Au bout de 3 ans (CAPE + CESA), l’entrée au sociétariat est obligatoire pour pouvoir continuer à exercer son activité dans la coopérative. Les entrepreneurs salariés deviennent associés et propriétaires de leur outil de travail.

Bon à savoir
Un modèle agile et coopératif 
– Il est possible de combiner son activité au sein de la CAE avec un emploi salarié dans une autre entreprise.
– On peut cumuler plusieurs activités au sein de la CAE, comme Anthony qui est à la fois guide touristique et artisan d’art.
– Chaque entrepreneur contribue au fonctionnement de la coopérative (services partagés, comptabilité, logiciel…) en versant une contribution coopérative de 10 % de sa marge brute. Pendant les 6 premiers mois de CAPE, l’entrepreneur est exonéré de cette contribution.
– Le contrat CAPE et le contrat CESA peuvent être rompus à tout moment.

Plus d’infos :
Samuel Sabin : 0694 97 25 63