Le diabète est une maladie chronique très répandue en France. En Guyane, le taux de prévalence est encore plus élevé et de nombreux malades s’ignorent. Pour sensibiliser la population, l’ARS de Guyane lance une campagne d’affichage et continue de soutenir les acteurs du terrain.

Texte Sarah Balay

3 typologies du diabète

Le diabète est une maladie incurable liée à un dysfonctionnement de l’assimilation du glucose (sucre), apporté par les aliments, dans les cellules de notre corps. Dans les trois formes de diabète, le taux de glucose dans le sang (nommé glycémie) est élevé (hyperglycémie). Le diabète de type 1 (5 à 10 % des cas) apparaît le plus souvent durant l’enfance ou l’adolescence. Les personnes malades produisent peu ou très peu d’insuline en raison d’une réaction auto-immune qui détruit les cellules du pancréas chargées de la synthétiser. Elles sont donc dans l’obligation de s’injecter régulièrement dans le sang de l’insuline. Le diabète de type 2 est quant à lui, évitable et apparaît surtout après 40 ans. Il est caractérisé par une hyperglycémie chronique, soit un taux élevé de sucre dans le sang. Il touche surtout les personnes en surpoids, obèses. Le diabète gestationnel est diagnostiqué durant la grossesse et disparaît bien souvent, après l’accouchement, mais pas toujours.

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2 fois plus de diabète en Guyane qu’en Hexagone

11,6 % de la population est atteinte de diabète en Guyane* (contre 5,7 à l’échelle nationale), avec une prédominance féminine dans la population diabétique de type 2. Selon Dorothée Alexandre Bihan, chargée de mission à la direction de la santé publique à l’ARS de Guyane, cette forte prévalence s’explique par plusieurs facteurs. « La précarité d’abord, qui entraîne souvent un renoncement aux droits et aux soins, l’isolement ensuite, qui éloigne les patients du dépistage et de toutes formes de suivis thérapeutiques, l’alimentation, le surpoids et/ou l’obésité qui touche 51 % des Guyanais, le manque d’activité physique et enfin un terrain génétique. » À noter qu’en Guyane comme aux Antilles, et contrairement à l’Hexagone, toutes les femmes enceintes sont systématiquement testées.

*Selon les chiffres de Santé publique France sur la période 2019-2020.

Un dépistage régulier

Contrairement au diabète de type 1, détecté dès l’enfance, le diabète de type 2 peut évoluer plusieurs années en silence et sans aucun symptôme. La glycémie évolue au fil du temps et peut entraîner des complications parfois sévères comme de l’insuffisance cardiaque, de l’insuffisance rénale, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou encore des amputations. Le dépistage régulier est donc primordial tout comme l’adoption d’une bonne hygiène de vie. « Avec un traitement médicamenteux adapté, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, la tendance peut être rapidement inversée », rassure Dorothée Alexandre Bihan. « Une prise en charge précoce permet de retarder ou de prévenir la majorité des complications ».

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Journée mondiale, dépistage local

À l’occasion de la journée mondiale du diabète, le 14 novembre, l’ARS de Guyane, le groupement Diabète Amazonie métabolisme (DIAM), avec le professeur Nadia Sabbah, la CGSS** ont organisé  une campagne d’affichage de quinze jours sur l’ensemble du territoire. « L’objectif est d’inciter les gens à être attentifs à certains signes et facteurs de risque : “Je suis en surpoids, je vois flou, mes plaies cicatrisent mal, j’ai eu un gros bébé, j’ai des personnes diabétiques dans ma famille”, etc. afin de les encourager à se faire dépister. »

**caisse générale de sécurité sociale

Des ateliers et un congrès organisés par l’ARS de Guyane

Au-delà de la campagne, de nombreuses actions sont menées pour lutter contre le diabète. Des associations comme DGO (diabète Guyane obésité) et DIAM sont très actives sur le terrain pour inciter la population au dépistage ; le 6e congrès de diabétologie est organisé les 24 et 25 novembre à Cayenne ; des programmes d’éducation thérapeutique sont mis en place ainsi que de nombreuses actions en faveur de la nutrition et de la pratique sportive (ateliers nutrition pour les jeunes, les femmes enceintes suivies en PMI et le recrutement d’une coordinatrice du réseau sport santé bien-être).

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