Chaque rencontre, organisée par le FIPCOM – MEDEF Saint-Martin, est l’occasion d’aborder la conjoncture économique et sociale de Saint-Martin, et constitue pour les chefs d’entreprises un moyen de faire remonter la réalité du terrain aux décideurs. Ce qu’il faut retenir de cette 7e édition, en 6 points.

Texte Ann Bouard – Raphaël Novella

1. « Je vous invite à l’optimisme, il est justifié sur le plan économique »

C’est ce qu’a indiqué le Préfet Vincent Berton, soulignant le dynamisme sur plusieurs points, tels que la collecte de la TGCA, l’emploi (-10 % des demandes sur 1 an), le regain d’intérêt chez les investisseurs. Le Préfet a par ailleurs réaffirmé la présence de l’État, avec bientôt une préfecture de plein exercice et plus de moyens humains qui permettront d’agir plus rapidement sans le prisme guadeloupéen. Un Codefi (Comité départemental d’examen des problèmes de financement des entreprises) sera par ailleurs créé.

Eric Michel, DG de Air Caraïbes
Eric Michel, DG de Air Caraïbes

2. Les avancées du CIOM

Parmi les 12 points concernant Saint-Martin, le Comité interministériel des Outre-mer a bien servi le territoire, et est l’illustration d’un travail collaboratif entre la Collectivité et l’État que ce soit en termes de logement ou de foncier. Un travail de fond sera mené afin de titrer les personnes concernées, solutionner les problèmes d’indivision et gérer l’occupation des 50 pas géométriques. Un haut fonctionnaire de l’État sera en charge à temps plein de ces problématiques à partir de novembre.

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3. Des indicateurs touristiques au vert

Thierry Beltrand, directeur de l’Iedom, dont la mission est d’assurer la continuité territoriale par délégation de la Banque de France a indiqué que les chiffres concernant le transport aérien, la croisière et les liaisons inter-îles sont encourageants. Au 1er semestre, l’aéroport de Juliana a enregistré un nombre de passagers quasi équivalent à 2019 sans toutefois retrouver le niveau de 2017 alors que l’aéroport de Grand Case, plus résilient, a lui retrouvé ses niveaux de fréquentation d’avant crise. L’activité de croisière reste marginale en partie française mais redémarre en partie néerlandaise avec 800 000 croisiéristes sur les six premiers mois de l’année, soit le double de 2022.

4. Les banques jouent le jeu

Les actifs financiers passent pour la 1re fois sous l’encours de crédits. La collecte des ménages augmente tandis que celle des entreprises recule. Le crédit à l’habitat est en hausse à Saint-Martin alors qu’il baisse en Guadeloupe. Si les avoirs des entreprises sont en baisse (-2 %), en raison de la hausse des charges du remboursement des prêts, elles sont globalement bonnes payeuses et seules 4 % d’entre elles connaissent des difficultés.  Une convention avec la Collectivité devrait être signée afin de pouvoir collecter les bilans des entreprises, ce qui permettrait une cotation et une vision plus globale du secteur.

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5. Un club d’entreprises engagées

Le dispositif « les entreprises s’engagent » mis en place au niveau national va être décliné à Saint-Martin pour valoriser et labelliser le travail des entreprises en termes de social, recrutement, transition écologique, développement durable, insertion des personnes en situation de handicap. Un guichet unique pourrait être proposé afin de gommer la complexité des démarches avec l’État. Cette communauté d’entreprises engagées pour une société inclusive et durable disposera d’un animateur, rémunéré pour partie par l’État. Reste à trouver la structure porteuse du projet.

6. « Il faut être pugnace et persévérant »

Ce sont les paroles du Préfet, auxquelles adhère Michel Vogel, président de la Fipcom/Medef car le combat pour obtenir des avancées est incessant. Le dernier rapport de l’inspection générale des finances recommande en effet de mettre fin à la défiscalisation des meublés touristiques, des véhicules de tourisme et des chauffe-eau solaires. Laurent Renouf, secrétaire général de la Fedom a porté un amendement pour rouvrir l’aide fiscale en outre-mer pour le photovoltaïque supprimé en 2023 et remet à l’ordre du jour deux autres amendements. Le premier pour que le secteur productif de Saint-Martin bénéficie de taux de réduction d’impôt sur le revenu à 45,9 % appliqué aujourd’hui dans les collectivités de Guyane et de Mayotte, alors qu’il est de 38,25 % à Saint-Martin. Le second propose de passer le taux de réduction d’impôt pour les investissements en faveur de la rénovation hôtelière de 49,5 % à 53,55 %, soit au même niveau que les autres départements d’Outre-mer.

275 jours
C’est le délai d’instruction pour obtenir un agrément fiscal à Saint-Martin qui est en moyenne de 122 jours en Guadeloupe et de 149 dans l’ensemble des territoires ultramarins.