Silvina Gonzalez-Rizzo, enseignant chercheur à l’UA, est mondialement connue pour avoir identifié la plus grande bactérie au monde. Cet organisme, hors du commun, a été découvert dans la mangrove guadeloupéenne, un écosystème fabuleux qui la passionne depuis des années. Rencontre.  

Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim. 

J’ai été sollicitée par la presse internationale et cette opportunité m’a permis de mettre en lumière la Guadeloupe et de la faire rayonner dans le monde. Magique !

Silvina Gonzalez-Rizzo, enseignant chercheur à l’UA

Qui est Silvina Gonzalez-Rizzo ?

Enfant, Silvina Gonzalez-Rizzo rêvait de devenir danseuse… et anthropologue. Elle a finalement opté pour la recherche scientifique, fusion stimulante entre la dynamique des corps et l’exploration… Un don du ciel pour cette femme, curieuse, intrépide et enjouée, avide, depuis petite, « de comprendre le fonctionnement des choses ». Depuis 2010, elle enseigne, en Guadeloupe, la génétique, la biologie moléculaire et la génomique aux étudiants de la licence « science pour la santé » de l’université des Antilles (UA). Côté recherche, elle pratique au sein l’équipe « biologie de la mangrove » rattachée à l’unité de recherche ISYEB (institut de systématique, évolution et biodiversité). 

Et c’est en 2015 qu’elle vit sa plus belle expérience scientifique. « Je me souviens très bien de ce jour-là », confie-t-elle. « Je suis sortie en trombe de mon labo en criant “Olivier ! (prénom du responsable de mon équipe de recherche) Regarde !” J’étais surexcitée. C’est vrai que j’ai tendance à très vite m’emballer. Mais cette fois mon engouement était parfaitement justifié » (rires). 

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Sous la mangrove, le graal

Silvina Gonzalez-Rizzo, venait, en effet, d’identifier « la plus grande bactérie connue à ce jour ». Avec une taille moyenne d’environ un centimètre (les filaments les plus longs peuvent atteindre jusqu’à 2 cm), elle est environ 5 000 fois plus grande que la plupart des bactéries. Elle est donc visible à l’œil nu et peut s’attraper avec une pince à épiler ! « En raison de sa taille exceptionnelle, mais aussi de sa complexité cellulaire, cette bactérie, non pathogène, a remis en question le concept traditionnel de cellule bactérienne, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles perspectives passionnantes dans le monde de la microbiologie », précise Silvina.

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Enthousiasme mondial 

Cette bactérie, qu’elle a baptisée Thiomargarita magnifica (en référence à sa grande taille (magnus : « grand »)), avait été ramassée cinq ans plus tôt par le responsable, Olivier Gros, dans la mangrove guadeloupéenne. « Nous passons notre temps à analyser toutes sortes d’organismes », précise la chercheuse. « Mais celui-ci, sous forme de filament et attaché aux feuilles de palétuviers immergées et en décomposition, l’avait particulièrement intrigué. Il m’avait alors demandé de l’étudier ». Ces années de recherche, en collaboration avec une équipe basée aux États-Unis, autour de cette « mystérieuse et passionnante » bactérie, ont totalement captivé Silvina qui, aujourd’hui encore, ne réalise pas. Et pourtant… Cette découverte majeure a généré un enthousiasme mondial au sein de la communauté scientifique et du grand public. Ces travaux ont été publiés dans « Science » l’une des revues scientifiques les plus prestigieuses au monde. « Le Graal pour tout chercheur ». « Cet emballement médiatique m’a particulièrement impressionnée », confie-t-elle. « J’ai été sollicitée par la presse internationale et cette opportunité m’a permis de mettre en lumière la Guadeloupe et de la faire rayonner dans le monde. Magique ! »