Les nouveaux acteurs de la production locale en Guadeloupe
Fruits, plantes aromatiques, techniques ancestrales, artisanat local… Ces entrepreneurs de chez nous ont fait le pari d’une production 100% locale.
Le jardin d’Ayo, huiles essentielles made in Guadeloupe
Travailler la terre et les produits locaux, c’est une histoire de famille chez les Gobert. Sarah, qui a tout appris aux côtés de son père, lui-même agriculteur et fils d’agriculteur à Goyave, se définit aujourd’hui comme une chimiste-agricultrice.
Après une formation en chimie, Sarah prend le large pour exercer au Canada. À son retour, aidée par son père qui lui donne une parcelle du terrain familial, la trentenaire se lance dans la fabrication d’huiles essentielles à partir de plantes aromatiques locales.
« Nos grands-mères nous soignaient avec des herbes aromatiques et des plantes médicinales. J’avais envie de passer par les plantes avant les médicaments, de revenir aux sources. »
Une initiative qui a permis à Sarah de remporter le concours organisé par la Région A green start-up. D’ici peu, elle pourra s’installer sur un terrain plus grand et faire naître son entreprise, Le jardin d’Ayo.
Fhair Organic, produits capillaires aux produits de chez nous
Même son de cloche du côté de Fhair Organic, marque de produits capillaires naturels et de soins personnalisés. « La nature nous donne énormément de choses et il faut les utiliser pour prendre soin de nous », soulignent Barbara Ardisson et Felicia Maillard, les créatrices de la marque, lancée en 2020.
« Comme le faisaient nos grands-mères, nous réalisons des soins à partir d’hibiscus, de bananes ou encore d’aloe vera. »
Très attachées à leur île, les deux guadeloupéennes ont réalisé le potentiel du territoire alors qu’elles se trouvaient à des milliers de kilomètres de là, pour leurs études. « Il est important d’exploiter les produits de notre île et les faire connaître », malgré les problématiques de logistique et de livraison qui peuvent se poser.
Damalia, objets créoles contemporains
Entreprendre, comme son père avant lui, c’était aussi la volonté de Kessen Poitou, président de Damalia, « éditeur d’objets créoles contemporains ».
En analysant les chiffres liés à l’import de meubles en bois sur le territoire guadeloupéen, le jeune homme s’interroge. Pourquoi ne pas réaliser des meubles alors que l’île dispose de ressources en bois ? « Ce qui manquait c’était une marque de mobilier identifiée et amenée à rayonner. »
L’aventure commence en 2015. S’en suivent des rencontres avec Mattis Esnault, qui deviendra le directeur artistique, des designers des Antilles et de l’Hexagone, des artisans d’art, des spécialistes de la fabrication numérique…
Après une campagne de financement collaboratif réussie en 2019, la production des objets précommandés par les participants est lancée.
« La force d’un projet en Guadeloupe est liée à ce potentiel de matière et à l’imaginaire créole qui porte déjà en lui les gênes d’une marque très forte. »
Pourtant, les difficultés sont réelles. Travailler le bakoua est un savoir-faire qui se perd. Le coût de la main d’œuvre a explosé, ce qui pénalise la production locale.
Mais cet obstacle, identifié dès le départ a pu être surmonté par l’équipe de Damalia, notamment en optimisant les techniques de découpe du produit. Et pour préserver ces techniques ancestrales propres au patrimoine guadeloupéen, Damalia forme aujourd’hui au tressage du bakoua.
damalia.com – FB @damaliacreoledesign – IG @d_a_m_a_l_i_a