L’agriculture en Martinique : défis et perspectives
Face aux défis actuels, Nicaise Monrose, conseiller exécutif en charge de l’économie et de l’agriculture à la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), dresse un état des lieux de l’agriculture en Martinique et dévoile les initiatives pour la soutenir.
Une agriculture en difficulté
En Martinique, l’agriculture contribue à seulement 2,5 % de la valeur ajoutée locale, malgré son rôle structurant dans l’économie. « La production est en déclin, notamment celle de la banane, qui reste notre principale exportation », souligne Nicaise Monrose. Les productions agricoles végétales et animales destinées au marché local peinent à satisfaire la demande, atteignant à peine 35 % pour la production de fruits et légumes et 17 % pour la production animale. La superficie agricole a chuté de manière significative, se stabilisant autour de 22 000 hectares. Par ailleurs, le nombre d’exploitations a baissé de 20 % entre 2010 et 2020. Enfin, l’âge moyen des agriculteurs est de 56 ans, ce qui rend le renouvellement des générations essentiel.
Lire Aussi | L’Iguavie souhaite travailler davantage en “transfilières”
Revoir les dispositifs d’aide
Les défis auxquels fait face l’agriculture martiniquaise nécessitent des soutiens publics adaptés. « Bien que les financements n’aient pas faibli, il est clair que leur efficacité doit être réévaluée. Par exemple, l’aide au revenu du Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) ne profite qu’à 20 % des producteurs. Il faut élargir la portée de cette aide. Nous souhaitons proposer une aide forfaitaire, plus accessible pour les agriculteurs dans une démarche de diversification. C’est pourquoi nous avons introduit auprès de l’État une demande de réforme du POSEI, en cours d’instruction par la commission européenne », explique Nicaise Monrose. La diversification des cultures apparaît en effet comme la solution face à la dépendance aux importations. « Notre objectif est de satisfaire 50 % de la demande en productions végétales et 30 % en productions animales. » D’autres dispositifs européens, comme le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) ou le programme Jeunes agriculteurs (JA), ne sont pas toujours adaptés aux spécificités de nos territoires. « Nous introduirons certaines innovations au FEADER pour faciliter l’installation en agriculture, en augmentant notamment la dotation d’installation de 35 000 à 50 000 euros », précise M. Monrose.
Créer les conditions d’une agriculture durable
Le programme alimentaire territorial (PAT) est en cours de développement pour valoriser des actions en matière d’autonomie alimentaire, de lutte contre le gaspillage et de développement d’une alimentation durable et locale, tout en encourageant la production biologique et l’économie circulaire. La CTM prévoit aussi la mise en place d’un marché d’intérêt territorial, une plateforme logistique destinée à centraliser et faciliter l’écoulement des produits agricoles locaux. Enfin, pour faciliter l’accès à la terre, la CTM met à disposition sa banque de terres, un réservoir foncier de 470 hectares déjà largement cédé à des agriculteurs. Cette action s’accompagne de mesures incitatives pour encourager la mise en culture des terres en friche.
Promouvoir la consommation locale
Pour parvenir à ses objectifs, la CTM soutient des initiatives telles que la marque « Cœur Martinique », créée en collaboration avec la Chambre d’agriculture, l’AMPI et les distributeurs, pour valoriser les produits locaux. « Nous devons redonner aux consommateurs le goût et l’habitude des produits locaux. Si produire en Martinique implique des coûts élevés et le respect de réglementations strictes, nos produits se distinguent par leur fraîcheur, leur qualité et leur impact environnemental réduit. Ce sont des atouts indéniables face à l’importation », insiste-t-il.
Lire Aussi | Iguaflhor veut faire face au défi climatique