Coup de cœur de la rédaction : Maravilla, un trésor industriel au cœur des bois
Valoriser le patrimoine écologique et culturel antillais tout en prenant soin de soi… C’est ce que propose Maravilla aux amateurs de produits cosmétiques naturels. Aux commandes : Aude et Jean-Paul, un couple audacieux et amoureux de la nature. Rencontre.
Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim
L’aventure Maravilla commence il y a trois ans avec un héritage familial : une maison nichée sur un hectare de forêt à Petit-Bourg. Un lieu à l’abord hostile, très vite devenu le terrain de jeu des enfants, avant de révéler tous ses secrets. « Nous recevions la visite d’Hugues Occibrun, co-fondateur de l’association 100% Zeb, confie Jean-Paul. Ses enfants partagent la même école que les nôtres et il était curieux de découvrir les essences de notre domaine. Et sa surprise fut grande : « Vous avez de l’or sous les pieds ! Rapprochez vous des anciens pour en faire quelque chose… », nous a-t-il crié ». L’or dont il parle, ce sont les graines d’un arbre nommé calophyllum jonchant le sol par centaine. Pour Jean-Paul, ingénieur mécanicien, et son épouse, Aude, architecte, la tentation est trop grande. « Nous voulions tout connaître de cette plante et surtout sublimer ce trésor que la nature nous a si généreusement partagé ».
Laboratoire autonome
La famille s’envole quelques semaines pour la Polynésie où la production d’huile de calophyllum est très répandue. Documenté, formé aux plantes médicinales, et surtout bien entouré, le couple lance Maravilla*, gamme inédite de produits cosmétiques naturels guadeloupéens, en s’appuyant sur les mémoires ancestrales. Aude et Jean-Paul créent, au cœur de la forêt, leur laboratoire, autonome en eau et électricité, et viennent de restaurer à l’identique une ancienne case créole pointoise en guise de boutique. L’entreprise familiale veut tout autant valoriser « les savoir-faire ancestraux, végétaux, culturels et architecturaux, décrit Aude. Cette volonté de magnifier notre territoire fait partie de notre ADN ». Dès à présent, tous les produits de la gamme sont distribués sur le territoire, dans dix points de vente dont 7 pharmacies, lors de marchés artisanaux et sur le village de la Mini-transat à la marina de Saint-François. Prochaine étape : changer d’échelle, et « passer du fait totalement main au fait main avec des outils plus performants ». Pour cela, le couple clôture le 26 novembre une campagne de crowdfunding ouverte aux entreprises et au grand public, afin d’acheter de nouveaux équipements, avant d’inaugurer officiellement le laboratoire équipé en janvier 2024 à Petit-Bourg. En ligne, en boutique ou depuis la forêt, l’industrie guadeloupéenne n’a pas dit son dernier mot.
*Nom espagnol de la rose de cayenne.
Le calophyllum, c’est quoi ?
Le calophyllum est un grand arbre tropical très répandu dans le monde et qui compte près de 200 espèces. En Guadeloupe, se distingue le calophyllum calaba, connu sous le nom de Galba (or vert des Caraïbes). L’huile issue de ces graines regorge de propriétés très recherchées en cosmétiques : antioxydantes, anti-inflammatoires, régénératrices, apaisantes etc. Cette huile est la base de tous les produits cosmétiques Maravilla à qui sont associées d’autres plantes médicinales de la pharmacopée locale en fonction de l’efficacité recherchée (charpentier, consoude, gingembre, ti poul bwa, romarin, gros thym etc.). |